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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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rebrousser chemin lorsqu’une petite voix me figea sur place.
    —    Qui est là ?
    Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je me retournai et la vis, appuyée sur ses coudes, sa tête émergeant des couvertures.
    —    Pernelle, dis-je. C’est moi, Gondemar.
    D’instinct, je fis un pas dans sa direction, heureux de la voir enfin et désirant naturellement être près d’elle comme toujours. Je ressentais une envie profonde de la serrer contre moi et de lui dire que je regrettais ce qui s’était produit lorsque les brigands étaient passés. Dans la pénombre, je vis le visage de mon amie se crisper. Elle se recroquevilla contre le mur et, les mains tremblantes, remonta les couvertures sous son menton.
    —    Va-t’en, dit-elle sans la moindre émotion.
    Malgré cela, je m’approchai un peu. Aussitôt, elle se mit à gémir piteusement et de grosses larmes roulèrent sur ses joues.
    —    Va-t’en, sanglota-t-elle. Je t’en prie.
    Entêté, je m’assis prudemment sur le bout de la paillasse. Je ne reconnaissais rien de la fille espiègle et à l’esprit si vivace qui avait fait partie de ma vie depuis tant d’années.
    —    Pernelle. Je m’inquiète pour toi. Je. Depuis que les brigands. Pourquoi restes-tu ainsi enfermée ? Tu. tu me manques.
    Pernelle se dressa brusquement sur son séant, le feu dans les yeux.
    —    Ne comprends-tu donc rien à rien, pauvre sot ? Tout a changé ! Je suis souillée ! Un déchet ! Une loque ! Un quartier de viande tout juste assez bon pour y répandre sa semence ! À preuve, après mon père, tous ces brigands y ont trouvé leur compte ! Je n’ai plus rien à t’apporter. Je ne suis rien.
    Mon cœur se brisa à ces mots. Je me sentais rempli de tendresse et, malgré moi, je tendis la main vers son visage pour y poser une caresse, comme je l’avais si souvent fait, mais pour la première fois, elle la refusa. Elle se crispa et se poussa encore plus contre le mur, comme si elle espérait y enfoncer son corps frêle et disparaître.
    —    Ne me touche pas ! hurla-t-elle. Personne ne doit plus me toucher ! Jamais ! Va-t’en ! Je ne veux plus jamais te voir ! Ni toi ni aucun autre homme !
    Interdit, le cœur brisé, je me levai, et sur des jambes flageolantes je me dirigeai à reculons vers la porte.
    —    Pernelle. tentai-je une dernière fois.
    —    Va-t’en ! ! ! ! ! hurla-t-elle à pleins poumons en se tirant les cheveux à pleines mains.
    Ébranlé, je sortis sans rien dire. Les sanglots déchirants de ma tendre amie traversèrent la porte close. Pour des raisons que je ne comprenais pas, celle avec qui j’avais tout partagé, celle dont j’avais tant besoin venait de me chasser de sa vie. Amer, je retournai chez moi. J’étais à nouveau seul. Je n’avais pas demandé à naître voilé et je refusais de croire que cela me prédisposait au Mal. Pourtant, sur cette base et sur le témoignage d’un prédicateur de passage, on m’avait jugé ainsi de facto 6 et on avait fait de moi un paria. Qu’avais-je fait pour mériter la vie qui était la mienne ? Pour grandir auprès d’un père qui ne m’avait accepté que pour sauver sa seigneurie ? Pour que les autres enfants me rejettent ? Pour que le village entier me craigne ? En treize années de vie, j’avais enduré mon sort de mon mieux, sans jamais faire de mal à personne. Pernelle avait été la seule personne qui, hormis ma mère et le père Prelou, m’avait offert autre chose que la froideur, le mépris, la haine et la violence. Et voilà que le sort me privait d’elle.
    Il est difficile pour quiconque d’identifier le moment précis où sa vie a basculé irrémédiablement, sans espoir de retour. Pour moi, la chose est aisée. Lorsque Pernelle me chassa, quelque chose se brisa en moi. Le mince fil qui me reliait au Bien se rompit et, pour la première fois de mon existence, je fus abandonné à moi-même, sans repères. Ma vraie nature fut libérée par celle-là même qui l’avait inconsciemment tenue en respect.
    Toute ma courte vie, j’avais eu à porter le stigmate de ma naissance. J’avais enduré la méfiance et la haine. J’avais payé pour un crime que je n’avais pas commis. J’avais de mon mieux porté un fardeau qui avait été posé injustement sur mes frêles épaules. Tout cela n’était qu’injustice.
    C’était fini. Désormais, puisque le monde ne voulait pas de moi, je le rejetais. Je le mettrais à ma main. S’il ne me donnait rien,

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