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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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tâches pour lesquelles je l’ai formé. S’il doit un jour être seigneur et protéger Rossal, l’entraînement seul ne suffit pas. Il doit s’aguerrir au combat. Vous m’avez demandé de faire de votre fils un homme. Vous seriez malvenu de vous opposer maintenant au fait qu’il le soit devenu.
    Je fis demi-tour, furieux, et sortis, laissant ma mère en pleurs et mon père outré. Après quelques instants, sans doute passés à justifier mon insubordination, Montbard me rejoignit. En silence, nous nous rendîmes à l’étable pour y faire nos préparatifs. Arrivés là, il fouilla dans un coffre et en sortit une cotte de mailles.
    —    Elle devrait t’aller, grommela-t-il sans autre cérémonie.
    Je restai sans voix. Ce vêtement symbolisait, plus que tout, le
    fait que j’avais cessé d’être un enfant.
    —    Mais prends-la, damoiseau ! tonna le maître d’armes. Elle ne te mordra pas ! Et tu ne vas tout de même pas te mettre à larmoyer comme une femmelette !
    Honoré, je la revêtis. Son poids rassurant me surprit un peu. Je roulai les épaules et constatai qu’elle m’allait parfaitement. Puis il me remit des gants en cotte de mailles que je passai avec le même ravissement.
    Montbard, plein d’une sollicitude paternelle qui ne cessait de m’étonner, avait pris un instant pour expliquer à Odon les raisons de notre départ et lui avait dit que, comme il avait grandi, il comptait sur lui pour maintenir la sécurité du village pendant son absence. Le bambin avait bombé fièrement le torse et promis qu’il le protégerait.
    Nous préparâmes nos montures à la hâte et nous lançâmes aux trousses des brigands en pleine nuit, nos armes au fourreau, nos cottes de mailles enfilées sous nos manteaux, avec deux jours de provisions dans nos sacoches. Si nous ne parvenions pas à retrouver nos proies dans ce délai, c’était qu’elles avaient déjà quitté la seigneurie. Je me sentais fébrile à l’idée de combattre. J’agissais enfin comme l’exigeait ma naissance. Bien en selle sur Sauvage, qui semblait aussi nerveux que moi, j’allais chasser des intrus des terres qui seraient les miennes. Sous peu, Rossal aurait un seigneur digne de ce nom, qui imposerait le respect.
    Ma broche fixée à ma poitrine réveillait en moi le souvenir des horreurs perpétrées par ces brigands lors de leur passage, des années plus tôt. Il leur avait fallu moins d’une heure pour briser à jamais la vie de Pernelle et me faire perdre ma seule amie. Ils avaient tout bouleversé, sans le moindre remords, pour quelques misérables pièces. J’avais maintenant la chance de le leur faire payer et je sentais déjà monter en moi la luxure que cela me procurerait.
    À l’aube, nous fûmes au village qui avait été attaqué. Dans la lumière naissante, l’endroit était désert. Nous avançâmes lentement en prenant soin de garder nos armes au fourreau pour ne pas effrayer les habitants déjà échaudés. Une fois au milieu des masures délabrées, nous immobilisâmes nos montures.
    — Holà, villageois ! s’écria Montbard d’une voix puissante. N’ayez crainte ! Nous venons au nom de sire Florent, seigneur de Rossal ! Montrez-vous !
    La porte de la vilaine petite bâtisse de pierre sans fenêtres qui tenait lieu d’église s’ouvrit en grinçant. Une tête hésitante passa dans l’embrasure. L’homme nous observa craintivement puis sortit, s’avança vers nous et toisa Montbard avec un mélange de peur et de méfiance. Les habitants du hameau suivirent, les hommes se postant devant les femmes, les enfants et les vieillards. Le jeune prêtre au visage d’épervier et à la chevelure noire rasée et tonsurée portait une bure usée et trop courte pour lui. Il lui fallut un moment pour nous reconnaître.
    —    Vous êtes le maître d’armes ramené par le sieur Florent, déclara-t-il en écarquillant les yeux, impressionné, et. le jeune sire Gondemar. Mes hommages, monseigneur.
    Le prêtre me fit une révérence exagérée et j’inclinai dignement la tête, heureux d’être traité comme l’exigeait mon rang.
    —    Nous avons ouï la façon dont vous avez trucidé ces soldats renégats, messires. Ah ! Dieu eût-il voulu que vous soyez ici pour accueillir ces truands !
    —    Par où sont-ils partis ? demanda Montbard.
    Les villageois se consultèrent un moment et un vieillard désigna au prêtre le chemin d’où nous étions venus.
    —    Le jeune fils de la Margot

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