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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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brigands, Montbard sur la droite et moi vers la gauche. Nous nous accroupîmes près des dormeurs et, au signal du maître d’armes, nous amorçâmes notre sordide besogne. D’un seul geste, j’empoignai l’homme le plus proche par les cheveux, lui tirai la tête vers l’arrière et lui ouvris la gorge, au moment même où il émergeait du sommeil et ouvrait les yeux. Il eut tout juste le temps de comprendre ce qui lui arrivait avant de sombrer dans la mort. Les dents serrées, j’avisai le suivant et une profonde colère m’envahit lorsque je le reconnus. Celui-là était un de ceux qui avaient si sauvagement brutalisé Pernelle. D’un geste sauvage, j’enfouis ma lame dans sa gorge, pointe vers le haut. Je la sentis percer son palais et s’enfoncer dans sa cervelle. Lorsque ses yeux s’ouvrirent, exorbités, j’y rivai les miens pour qu’il me reconnaisse et ne les quittai que lorsque la vie s’y éteignit.
    Jamais encore je n’avais éprouvé dans toute sa plénitude le sentiment que je ressentais. En comparaison, les trois garçons occis jadis et les soldats trucidés plus récemment n’avaient été qu’un hors-d’œuvre. J’avais sur ces truands le pouvoir souverain de vie et de mort. J’étais juge, partie et exécuteur tout à la fois. Je sentis l’ivresse me gagner, savourant chaque seconde de ma vengeance.
    Je poursuivis, prenant un plaisir toujours plus obscène à faire couler le sang. J’avais achevé trois brigands lorsqu’un cheval alarmé hennit soudain. L’homme que j’allais égorger, sans doute un peu moins saoul que les autres, s’éveilla en sursaut et, m’apercevant penché sur lui, eut la présence d’esprit d’ameuter ses congénères.
    —    Bougre ! On nous tue ! Réveillez-vous ! cria-t-il en tentant de se lever.
    D’un coup de lame, je le réduisis au silence, mais il était trop tard. Déjà, les autres se levaient paniqués et tiraient leurs épées. Je jetai un coup d’œil furtif vers mon maître. Il avait été plus efficace que moi. Autour de lui, cinq brigands restèrent immobiles.
    Je bondis sur mes pieds, imité par mon maître, transférai ma dague dans ma main gauche et tirai mon épée. Devant nous se dressait le chef des brigands, blotti derrière les deux hommes qui lui restaient. Montbard regarda dans ma direction et sourit. D’un commun accord, nous attaquâmes avec un mélange de hargne et de méthode, nos mouvements trouvant naturellement un unisson longtemps exercé. Mon mépris entretint ma rage et ma haine. Nous eûmes tôt fait de nous en débarrasser, le templier par un furieux coup à l’épaule qui détacha presque entièrement le bras de son opposant, et moi en traversant le mien de part en part.
    Je m’élançai vers le chef des brigands qui, malgré le fait qu’il était loin d’être manchot, était paralysé de terreur, son épée brandie mollement devant lui, les lèvres tremblantes. Ce pitoyable lâche n’avait de courage que lorsqu’il était entouré de complices et qu’il s’attaquait à des gens sans défense. Je balayai son arme du revers et la fis voler dans les bois. J’allais lui décoller la tête lorsque la voix puissante de Bertrand de Montbard m’atteignit dans l’endroit sombre où mon esprit s’était retranché.
    —    Non !
    Je me figeai sur place et tournai lentement des yeux de braise vers mon maître. Il me regardait avec une expression sévère dans laquelle je pus sentir de l’inquiétude et de la désapprobation. De la déception aussi.
    —    Un homme d’honneur tue par obligation, jamais par plaisir, Gondemar ! tonna-t-il avec colère. Il doit savoir quand verser le sang et pourquoi il le fait. Bon Dieu, apprends à te contrôler !
    Montbard s’approcha et asséna un violent coup de poing dans le ventre d’Onfroi. Le souffle coupé et le visage crispé de douleur, le brigand se plia en deux et tomba à genoux. Le templier, dont la force m’était démontrée une fois de plus, se retourna vers moi.
    —    Celui-ci doit vivre. Mort, il ne nous servira à rien. Il doit pouvoir dire à ses semblables que, désormais, il vaut mieux laisser tranquille la seigneurie de Rossal.
    Il empoigna Onfroi par ses cheveux crasseux et, malgré son poids, le traîna vers le feu avec une facilité déconcertante. Il l’allongea sur le ventre, lui étira le bras droit et posa son pied dessus, l’immobilisant sous son poids.
    —    Le moment de ta vindication 1 est arrivé, grogna-t-il.

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