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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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silencieusement. Il était seul avec moi dans une grande tente ronde éclairée par quelques lampes. Les rides naissantes sur son visage m’indiquaient qu’il était plus âgé que moi. Quelque part dans la trentaine.
    J’arrivai à attirer son attention par un faible râle. Il expédia sa prière, se signa solennellement, rangea son chapelet dans une pochette de cuir suspendue à sa ceinture et tourna la tête vers moi. Un large sourire éclaira son visage.
    —    Par la Sainte Vierge ! s’exclama-t-il en se frottant les mains avec enthousiasme. Notre miraculé sort enfin des limbes ! C’est que tu as dormi presque deux jours entiers !
    Il vint me rejoindre et s’accroupit près de ma paillasse, puis saisit une cruche posée à même le sol et remplit d’eau un gobelet de bois.
    —    Tu te sens un peu mieux ? demanda-t-il en secouant la tête pour écarter ses cheveux de son visage. Tu dois avoir la gorge sèche.
    À la vue de l’eau fraîche, je réalisai que j’avais affreusement soif. Ma langue était épaisse et pâteuse et mes lèvres étaient fendues. Avec une délicatesse surprenante, l’homme passa une main sous ma nuque et me souleva la tête. De l’autre, il versa une petite gorgée dans ma bouche.
    —    Doucement, dit-il en riant. Tu as le gosier dans un drôle d’état. Il vaut mieux ne pas recommencer à te cracher les entrailles.
    Il me fit boire jusqu’à ce que j’aie vidé le gobelet. Je fis signe que j’en voulais encore.
    —    Patience. Tu n’as rien mangé depuis des jours. Si tu te rends l’estomac, les vomissures vont te brûler la gorge.
    Il reposa le gobelet sur le sol et s’assit par terre comme un gamin, les jambes croisées sous lui.
    —    J’ai vraiment cru que tu étais mort. Nous chassions quand un de mes hommes est tombé sur toi par hasard. Tu étais allongé dans une mare de sang. On aurait dit que quelqu’un s’était amusé à faire boucherie sur toi. Quand j’ai posé ma main sur ta poitrine, ton cœur ne battait pas. Je le jurerais sur la sainte Bible. Puis, juste au moment où j’allais te laisser en pâture aux loups, il est reparti et tu t’es remis à respirer. Par le cul de Satan, j’ai vu ma part de macchabées, mais aucun n’était encore revenu à la vie ! J’ai cru que j’avais affaire à un revenant ! Un peu plus et je me mettais à crier comme un mignon en émoi !
    Pendant qu’il riait, un frisson froid me parcourut le dos. Je sentis une sourde inquiétude m’envahir, mais la chassai aussitôt.
    —    Tu sais, poursuivit-il, songeur, j’ai vu plus d’un ruffian être descendu du gibet avec une marque autour du cou. Au début, j’ai cru qu’on t’avait pendu. Mais ta blessure est différente. Elle est fine et régulière. On dirait qu’elle a été tracée par une épée bien effilée. La peau est rose et semble être cicatrisée depuis longtemps. Je ne sais pas qui t’a fait ça, mais le coquin a dû bien s’amuser. Il me tarde que tu puisses parler pour savoir ce qui a bien pu t’arriver.
    Instinctivement, je portai la main à ma gorge. Sous mes doigts, je sentis une cicatrice mince et soulevée qui semblait faire le tour de mon cou. Exactement comme dans mon rêve. L’homme me sortit de la réflexion en me tendant la main.
    —    Au fait, je ne me suis pas présenté. Je suis Evrart, seigneur de Nanteroi.
    Je lui offris la mienne. Cet homme était un seigneur, tout comme moi. Je brûlais de lui faire part de mon identité, mais j’en fus quitte pour un puissant élancement qui me fit grimacer sans que le moindre son en soit produit.
    —    Tu as la poigne d’un guerrier ! dit-il en me posant une main fraternelle sur l’épaule. M’est avis que tu seras bientôt sur pied. N’essaie pas de parler pour le moment. Il sera toujours temps de me dire qui tu es.
    Il se releva, se dirigea vers un coin de la tente et ramassa un paquet en cuir sur le sol. Il revint vers moi, la posa sur la paillasse et l’ouvrit.
    —    Je me suis assuré de ramasser tes armes lorsque mes hommes t’ont emporté ici. Elles ont dû te coûter un œil. Je les ai huilées moi-même. Elles seront en bon état quand tu pourras les brandir à nouveau. Je suppose que tu te demandes comment tu es arrivé ici ?
    J’acquiesçai à nouveau de la tête, reconnaissant que je devrais attendre de pouvoir parler pour en savoir davantage.
    —    Peu après que nous t’eûmes trouvé, tu as perdu conscience et nous

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