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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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respirer. Je restai longtemps dans cette position, toussant à m’en arracher les entrailles, un mélange de sang et de bile s’écoulant à la commissure de mes lèvres, pendant que l’inconnu me soutenait la tête de sa main. Ma gorge était en feu et m’envoyait des élancements jusque dans la tête. La quinte se calma enfin, me laissant faible comme un nouveau-né et ruisselant de sueur. Haletant, la respiration sifflante, j’essayai de m’asseoir, mais retombai sur le dos. L’homme saisit une outre de cuir qu’il déboucha et tendit vers ma bouche. Il y laissa couler quelques gorgées d’eau que j’avalai goulûment puis la retira.
    —    Doucement. Tu ne veux surtout pas t’étouffer à nouveau.
    Je fermai les yeux pour mieux jouir de la sensation de fraîcheur qui baignait ma gorge meurtrie.
    —    Tu te sens mieux ?
    Je hochai la tête.
    —    Emmenez-le, ordonna l’homme. Allez-y doucement.
    Quatre hommes s’approchèrent. Deux d’entre eux me saisirent sous les aisselles et les deux autres me prirent sous les cuisses. À l’unisson, ils me soulevèrent. Leur chef tourna les talons et ses compères m’entraînèrent. Autour de moi, le monde se rétrécit petit à petit avant de disparaître entièrement.
    J’ignore combien de temps je fus inconscient. Des heures ? Des jours ? Lorsque je revins à moi, ma gorge me faisait horriblement souffrir. L’air y passait à peine. La moindre déglutition était un martyre. Mon corps tout entier était en feu. Des frissons me parcouraient de la tête aux pieds et je sentais mes vêtements mouillés qui me collaient à la peau. J’avais l’impression d’être aux portes de la mort. Le rêve étrange et pénétrant que j’avais fait me revenait par bribes. Je revoyais le visage à la fois serein et terrifiant de l’archange. Je m’imaginais sentir encore le froid dans mes os et le désespoir dans mon âme.
    Quelque part près de moi, des voix masculines discutaient calmement. J’essayai d’ouvrir les yeux, mais mes paupières étaient trop lourdes.
    —    Sa présence nous retarde, sire, dit l’un d’eux.
    —    Es-tu si anxieux d’aller risquer ta vie, Androuet ? répliqua celui qui m’avait parlé à mon réveil. Le paradis t’attire-t-il à ce point que tu ne désires pas quelques jours de plus sur cette terre ?
    —    Bien sûr que non. Mais le pape.
    —    Innocent est à Rome, confortablement assis sur son trône. Pendant ce temps, les croisés qu’il a appelés font la guerre en son nom. Si quelqu’un meurt pour la Sainte Église, ce ne sera pas lui. Alors, il peut attendre. Par Dieu, je n’ai pas pris le manteau du croisé pour ignorer le premier chrétien blessé qui se présente sur ma route. Me fais-je bien comprendre ?
    —    Oui, sire Evrart, répondit l’autre, obséquieux.
    Je les entendis se lever et s’approcher de moi. Ils m’observaient.
    —    Nous reprendrons la route dès que cet étranger sera en mesure de chevaucher, reprit la voix qui m’était familière. Et puis, regarde-le. Il m’a tout l’air de savoir se battre. Ses armes sont celles d’un chevalier et il a le corps d’un homme qui sait les manier. Peut-être se joindra-t-il à nous une fois remis. On n’a jamais trop de bons combattants.
    —    S’il était si habile que tu le dis, il n’aurait pas été égorgé comme un cochon, remarqua un autre homme.
    —    Les apparences sont parfois trompeuses, Naudet. D’après les traces sur le sol, il semble avoir été piégé par une bande. Le
    meilleur combattant ne résistera jamais à une vingtaine d’hommes armés. Ne jugeons point de ce que nous ne connaissons pas. Sur ces mots, je reperdis conscience.
    L’odeur de la fumée des feux de camps et de la viande qu’on y faisait griller me réveilla à nouveau. Cette fois, mes yeux acceptèrent de s’ouvrir. La nuit était tombée. Je me sentais un peu mieux. Ma gorge était encore douloureuse, mais la fièvre semblait avoir diminué, car je n’avais plus de frissons.
    Au prix d’un grand effort, j’arrivai à tourner la tête pour apercevoir l’homme que j’avais vu lors de mon réveil. Il était vêtu d’un gambison molletonné et sans manches qui découvrait les épaules et les bras musclés et couverts de cicatrices d’un homme d’armes. Agenouillé, la tête inclinée, le torse droit comme un chêne, un chapelet entrelacé dans ses doigts, il priait avec ferveur, ses lèvres se mouvant

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