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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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s’étirèrent jusqu’à la nuit. Elles auraient duré plus longtemps encore si le forgeron et l’armurier ne les avaient interrompues pour annoncer à Evrart que leurs tâches étaient accomplies. Pendant que le seigneur de Nanteroi et Androuet se rendaient inspecter le travail, la table fut débarrassée et démontée.
    Nous rentrâmes les montures dans l’étable pour la nuit. C’était aussi là que nous dormirions tous, au soulagement manifeste des villageois qui se faisaient trop souvent imposer l’hébergement des troupes de passage. Le lendemain, si nous chevauchions à bon rythme, nous rejoindrions les troupes d’Arnaud Amaury devant Béziers. Nous nous couchâmes tous un peu ivres et la panse bien remplie. Pour la première fois depuis ma résurrection, malgré le mutisme têtu de mon maître, je m’endormis sans difficulté et aucun rêve ne vint me tourmenter. Ce fut la réalité qui s’en chargea.
    Quelque chose m’arracha brusquement de mon sommeil et je m’assis dans le noir, les sens en alerte. À l’extérieur, des voix masculines et des rires perçaient la nuit. Des cris de femmes, aussi. Une ombre, leste et alerte, me frôla dans la pénombre et se rendit à la porte de l’étable pour l’entrebâiller et jeter un coup d’œil à l’extérieur.
    — Des ribauds, chuchota la voix d’Evrart. Aux armes, soldats. Nous ne laisserons pas piller ce village qui a eu le courage de nous accueillir. Et silence, nom de Dieu.
    Avec calme et efficacité, les hommes de Nanteroi se mirent debout, bouclèrent leur ceinturon et tirèrent leur épée sans faire le moindre bruit. Montbard et moi en fîmes autant. Je sentais mon cœur battre à l’idée de livrer combat pour la première fois depuis ma résurrection. En même temps, j’hésitais. La luxure des armes était en partie ce qui m’avait conduit en enfer. Ne risquais-je pas mon âme en m’y livrant à nouveau ? Ces caractéristiques, tu les as laissées mener ta vie et c’est le pire en toi qui t’a conduit ici. Maintenant, tu devras mettre ton bras au service du Bien, avait dit Métatron. Il ne pouvait y avoir aucun mal à défendre des villageois innocents.
    —    Y a-t-il une autre porte ? s’enquit Evrart.
    —    À l’arrière, répondit Androuet.
    —    Bien. Formez deux groupes. Un avec Androuet, l’autre avec moi. À mon signal, nous les prendrons en cisailles. Et pas de quartier !
    Quelqu’un entrouvrit la petite porte arrière, son léger grincement nous paraissant aussi bruyant qu’un coup de tonnerre. Un rayon de lune pénétra dans l’étable. Evrart dévisagea ses hommes pour s’assurer que tous étaient prêts. Je reconnus cette lueur qui brillait dans les yeux du seigneur de Nanteroi : la luxure du combat montait en lui. Malgré moi, j’éprouvais la même.
    En silence, nous sortîmes l’un derrière l’autre dans la nuit, aussi silencieux que des fantômes. Montbard, moi-même et quatre hommes restâmes avec le seigneur de Nanteroi. Tous les autres suivirent Androuet. Nous nous fondîmes dans la nuit et longeâmes en catimini les maisons qui bordaient la place. Puis nous nous glissâmes entre deux masures et prîmes position. De l’autre côté de la place, j’aperçus Androuet et son groupe qui en faisaient autant. Evrart et lui se firent un signe de tête.
    Les brigands s’activaient dans la plus belle insouciance. Deux d’entre eux s’amusaient à pousser une jeune villageoise effrayée. La pauvre se retrouvait alternativement dans les bras de l’un et de l’autre, se faisant arracher un bout de vêtement à chaque fois et retenant avec pudeur le peu qui lui restait encore. Les quelques villageois qui n’avaient pas réussi à s’enfuir étaient regroupés comme un troupeau, sous la surveillance de quelques hommes. Vêtus de hardes et nu-pieds, sales et armés d’épées en mauvais état ou de gourdins cloutés, ils étaient venus à pied puisque aucune monture n’était en vue. Evrart avait vu juste : il s’agissait d’un petit groupe de ribauds qui avaient décidé de s’offrir un peu de ce qu’ils considéraient comme du bon temps avant de rejoindre les troupes croisées.
    —    Regarde-moi ces gros tétins, comme ils ballottent ! ricana un des deux brigands. M’est avis que la joliette a un ou deux petits à la mamelle !
    —    Ça tombe bien, rétorqua l’autre en serrant cruellement le sein de la femme. Je suis assoiffé comme un bœuf de trait !
    —    Mais

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