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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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beaucoup plus grande. C’était, m’apprit-il, l’habit du croisé. Tous les nobles qui participaient à la croisade contre les hérétiques en portaient un semblable.
    Ce ne fut que le soir tombé, alors que les feux étaient allumés pour la nuit, que des gardes avaient été postés et que le reste de la troupe entretenait ses armes ou dormait, qu’il vint nous rejoindre, Montbard et moi. Sans jamais me quitter, mon maître ne m’avait pas adressé un seul mot de la journée. Une outre de vin à la main, trois gobelets d’étain dans l’autre, Evrart s’assit près du feu et nous offrit à boire. Nous acceptâmes et trinquâmes avec lui.
    —    Gondemar de Rossal. dit-il après un moment de silence, en faisant tourner mon nom dans sa bouche comme on goûte une liqueur. Humm. Ainsi donc, tu es un noble.
    —    Je suis seigneur, en effet, acquiesçai-je, ma voix encore rauque ayant pris du mieux dès que le premier son avait réussi à franchir ma gorge. Enfin, désormais seigneur de bien peu de choses.
    —    Ah ? Comment cela ?
    Je lui relatai les problèmes que Rossal avait connus avec les brigands qui rôdaient d’un village à l’autre ; la manière dont Montbard et moi pensions leur avoir réglé leur compte ; les mesures que nous avions instaurées pour assurer la protection des terres et leur résultat catastrophique. Je passai sous silence mes actes vengeurs. Sur ma gauche, Montbard poussa un profond soupir dont je connaissais le sens et qui me fit plus mal qu’une dague qu’on retournerait dans mes entrailles. Mais il ne me dédit pas.
    —    Vous désapprouvez, on dirait, sire Bertrand, s’enquit Evrart, à qui rien n’échappait.
    —    Point, rétorqua le maître d’armes regardant droit devant lui. Mais ces événements me causent une tristesse si grande que j’ai bien peur de ne jamais pouvoir en être consolé.
    La pénombre masqua la honte qu’il me causait. Le seigneur de Nanteroi soupira en hochant pensivement la tête.
    —    Les brigands sont un fléau. Ils vivent sans foi ni loi, pillent et massacrent selon leur bon plaisir. Ils commettent les pires atrocités. J’ai ouï dire qu’ils n’hésitaient pas à passer par l’épée des villages entiers. Une seule fois, ils sont venus se frotter à mes hommes et ils en ont été quittes pour des effectifs passablement réduits.
    La conversation dura encore quelques moments jusqu’à ce qu’Evrart déclare qu’il se faisait tard et que la route serait encore longue le lendemain. Nous nous enroulâmes dans nos couvertures pour la nuit, mais il fallut longtemps avant que je ne ferme l’œil. Est-il besoin de dire que j’étais profondément troublé ? Après tout, hormis Jésus-Christ, qui parmi les hommes pouvait se vanter d’être revenu d’entre les morts ? Moi, c’était l’enfer que j’avais visité et j’en avais ramené une partie dans mon cœur. Je n’étais pas celui que croyait Evrart et mon maître se méfiait de moi. J’étais seul. Encore une fois.
    J’étais en route vers le Sud. Là, à en croire Métatron, je trouverais la ville des Saints et la Vérité. Peut-être sauverais-je mon âme de la situation délicate où je l’avais moi-même placée. Peut-être, au contraire, la perdrais-je à jamais. J’avais peine à imaginer homme portant un fardeau plus lourd que le mien.
    Quand je m’endormis enfin, ce fut hanté par des visions d’immensités froides et vides, écrasé que je me sentais par l’ampleur de l’enjeu.
    Ma noblesse établie, je chevauchai à la droite d’Evrart. Je pouvais lire dans le regard de ses hommes un respect nouveau et leur comportement était empreint de déférence. De toute évidence, la nouvelle de mon statut s’était répandue. Mon habileté à manier les armes y était aussi sans doute pour quelque chose. À ma droite se tenait Montbard, dont l’autorité naturelle avait fait en sorte que personne n’avait songé à contester sa place dans l’ordre des choses. Mon maître ne parlait qu’à Evrart. Même si je le méritais, son mutisme m’était plus douloureux qu’une épée à travers le corps. Souvent, en route, je surpris son regard posé sur moi et y lus des reproches. Du dégoût aussi. Et une immense tristesse.
    Nous chevauchions en silence depuis quelques heures lors-qu’Evrart leva la main pour signaler un arrêt.
    —    Malheureusement, les soldats du pape ne valent guère mieux que des brigands, dit-il en désignant du

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