L'Héritage des Templiers
pas aussi religieusement que son père mais se rendait souvent chez Lars, à Rennes-le-Château, et nous essayions de faire avancer les recherches. À l’université de Toulouse, il était tombé sur certaines informations concernant les archives d’Avignon. Il avait fait le lien entre les différents indices, et les réponses sont devant nous.
— Que cherchons-nous ? demanda Malone en vidant le contenu du dossier sur la table.
— Je n’ai jamais vu la toile. Espérons qu’elle sera identifiée. »
Ils se mirent à passer les documents en revue.
« Nous y voilà ! » s’exclama Claridon, enthousiaste.
Malone se pencha sur l’une des lithographies, un dessin fané en noir et blanc, aux bords abîmés. En haut de la page, une annotation manuscrite : Don Mi guel de Mañara leyendo la regla de la Santa Caridad.
Le dessin représentait un homme d’âge mûr portant barbe et fine moustache, assis à un bureau tendu de velours. La manche de son habit religieux portait une broderie très élaborée. Sa main gauche touchait les pages d’un livre placé sur un support et sa main droite ouverte désignait un petit personnage vêtu d’un habit monacal qui, perché sur un tabouret, portait un doigt à ses lèvres, intimant le silence. Un livre ouvert reposait sur ses genoux. Un carrelage en damier recouvrait le sol, et sur le tabouret on pouvait lire l’inscription :
ACABOCE A o
DE 1687
« Tout ça est bien curieux, maugréa Claridon. Regardez ça. »
Malone porta son attention vers la partie supérieure gauche du tableau où, dans la pénombre derrière le petit personnage, on distinguait une table et une bibliothèque sur laquelle reposait un crâne humain.
« Qu’est-ce que tout cela veut dire ?
— Caridad signifie charité. Et également amour. L’habit noir que porte l’homme assis est celui des chevaliers de Calatrava, société religieuse espagnole consacrée à Jésus-Christ. C’est l’emblème brodé sur la manche qui me l’apprend. A caboce signifie accomplissement. Le symbole A o pourrait faire référence à l’alpha et l’oméga, les première et dernière lettres de l’alphabet grec, le début et la fin. Quant au crâne, je n’en ai aucune idée. »
Malone songea à ce que Bigou était censé avoir noté dans le registre paroissial de Rennes-le-Château juste avant de fuir pour l’Espagne. « Lisez les règles de la Caridad. »
« Quelles règles sommes-nous supposés lire ?
— Avez-vous remarqué ce détail concernant le personnage assis sur le tabouret ? Regardez ses pieds : ils sont posés en diagonale sur deux carreaux noirs du dallage.
— Le sol ressemble à un échiquier, constata Stéphanie.
— Et le fou se déplace en diagonale, comme l’indique la position des pieds du personnage, précisa Malone.
— Vous êtes un passionné d’échecs ? demanda Claridon.
— Il m’arrive d’y jouer.
— Ce personnage détient apparemment un secret concernant l’alpha et l’oméga, murmura Claridon.
— C’est l’un des surnoms du Christ, songea Malone tout haut.
— C’est exact, et lorsque vous ajoutez acaboce, vous obtenez : accomplissement de l’alpha et de l’oméga. Accomplissement du Christ.
— Mais qu’est-ce que ça signifie ? intervint Stéphanie.
— Puis-je voir le livre de Stüblein, madame ? Examinons de nouveau la stèle. Il existe certainement un lien avec ce tableau. N’oublions pas que nous devons les deux indices à l’abbé Bigou, fit Claridon en posant le livre sur la table. Le contexte historique permet de comprendre les inscriptions gravées sur la stèle. Les origines de la famille d’Hautpoul remontent au XII e siècle. Marie épousa François d’Hautpoul, dernier descendant, en 1732. En 1644, l’un des ancêtres de François d’Hautpoul avait confié son testament à un notaire d’Espéraza. À sa mort, le testament resta introuvable. Il ne refit surface que plus d’un siècle plus tard. Lorsque François d’Hautpoul voulut le récupérer, il s’entendit dire par le notaire qu’il “serait mal avisé de se départir d’un document d’une telle importance”. François mourut en 1753 et le testament échut à sa veuve en 1780. Pour quelle raison ? Tout le monde l’ignore. Peut-être parce qu’elle était la dernière représentante de la famille d’Hautpoul. Elle mourut un an plus tard et on raconte qu’elle confia le testament, et toutes les informations qu’il
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