L'Héritage des Templiers
de ce détail ?
— Un crucifié mourait par asphyxie. Sa tête finissait par tomber en avant, l’empêchant de respirer. Il manquait vite d’oxygène.
— La crucifixion servait à humilier publiquement le condamné qui n’était pas censé mourir trop vite. Aussi, pour retarder l’échéance, plaçait-on une planchette de bois sur la croix pour lui permettre de s’asseoir, ou à ses pieds pour qu’il puisse se hisser. Le condamné pouvait ainsi se reposer et respirer. Au bout de quelques jours, si la victime n’était pas encore à bout de force, les soldats lui brisaient les jambes, ce qui l’empêchait de soutenir le poids de son corps. La mort ne se faisait pas attendre bien longtemps après cela.
— La présence d’un crucifié aurait souillé le jour du sabbat, expliqua Malone en se souvenant des Évangiles. Les Juifs voulaient que le corps de Jésus et des deux voleurs crucifiés avec lui soient descendus avant la nuit. Aussi, Pilate ordonna-t-il que l’on brise les jambes des deux voleurs.
— “S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes”, nous dit Jean. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi Jésus était mort si vite ? Il ne se trouvait sur la croix que depuis quelques heures. Or l’agonie durait des jours, en général. Et pourquoi les soldats romains ne lui ont-ils pas cassé les jambes, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il était bien mort ? Jean rapporte que l’un des soldats lui perce le côté avec sa lance et que du sang et de l’eau coulent de la plaie. Ni Matthieu, ni Marc, ni Luc ne font allusion à cet incident.
— Où voulez-vous en venir ?
— Bien que les personnes crucifiées se soient comptées par dizaines de milliers, un seul squelette a été retrouvé. La raison est simple : à l’époque où vivait Jésus, l’inhumation était un honneur. L’horreur suprême consistait à livrer un cadavre aux charognards. Les modes d’exécution des condamnés à mort par Rome – bûcher, sacrifice aux bêtes sauvages, crucifixion – avaient un point commun : pas de corps à inhumer. Les crucifiés étaient laissés sur place jusqu’à ce que les oiseaux aient dévoré leur cadavre, puis jetés dans une fosse commune. Pourtant, les quatre Évangiles s’accordent à dire que Jésus est mort dans la neuvième heure, soit trois heures du matin, avant d’être descendu de la croix pour être inhumé.
— Les Romains n’auraient jamais permis ça, s’exclama Malone qui commençait à comprendre.
— C’est là que l’histoire se complique. Jésus est condamné à mort à quelques heures du sabbat, condamné à la crucifixion, l’un des modes d’exécution les plus lents. Comment aurait-on pu croire qu’il mourrait avant la tombée de la nuit ? L’Évangile de Marc rapporte que Ponce Pilate lui-même, étonné de la rapidité de son décès, demande à un centurion si tout est en ordre.
— Mais Jésus n’a-t-il pas subi de mauvais traitements avant d’être crucifié ?
— Jésus était un homme vigoureux, dans la fleur de l’âge. Il était habitué à couvrir de grandes distances à pied, en pleine chaleur. Certes, il a été fouetté. D’après la loi, il devait recevoir trente-neuf coups de fouet, mais les Évangiles ne nous disent pas si la loi a été respectée. Et après avoir été martyrisé, il lui restait suffisamment d’énergie pour se défendre vigoureusement contre ses accusateurs. Mais il n’existe aucune preuve d’une quelconque faiblesse physique. Malgré tout, Jésus meurt en l’espace de trois heures, sans que ses jambes aient été brisées, le flanc soi-disant percé d’un coup de lance.
— C’est la prophétie de l’Exode dont Jean parle dans son Évangile. Il écrit que tous ces événements arrivent afin que l’Écriture soit accomplie.
— Cette prophétie concerne les restrictions alimentaires au moment de la Pâque et précise que l’agneau sacrifié ne doit pas sortir de la maison : “Vous n’emporterez point de chair hors de la maison, et vous ne briserez aucun os.” Elle n’a rien à voir avec Jésus. La référence de Jean n’est qu’une vague tentative pour faire le lien avec l’Ancien Testament. Bien sûr, comme je viens de le dire, les trois autres Évangiles ne font aucune référence au coup de lance.
— Je suppose que vous cherchez à démontrer que les Évangiles ne sont qu’un tas de mensonges.
— Rien de ce
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