L'Héritage des Templiers
les plantes grimpantes. Seul le bruit des insectes venait troubler sa tranquillité tandis qu’il observait le ballet des chauves-souris dans l’obscurité croissante. Quelques minutes plus tôt, Stéphanie l’avait pris à part pour lui annoncer que, grâce à un coup de fil à Atlanta, elle avait eu accès au dossier complet de leur hôtesse et avait appris que son nom ne figurait pas sur la liste des terroristes recherchés par le gouvernement américain. Son histoire personnelle n’avait rien d’exceptionnel, même si le fait d’être à moitié musulman suffisait à vous rendre suspect par les temps qui couraient. Elle était à la tête d’une multinationale basée à Paris qui investissait dans des secteurs d’activités très variés et dont le capital s’élevait à plusieurs milliards d’euros. Son père avait créé la compagnie dont elle avait hérité, même si elle ne s’investissait guère dans sa gestion au quotidien. Elle présidait également une fondation hollandaise partenaire des Nations unies dans la lutte contre le sida et contre la faim, qui se consacrait plus particulièrement à l’Afrique. Aucun gouvernement ne la considérait comme une menace.
Malone avait des doutes, cependant.
De nouvelles menaces apparaissaient chaque jour, venues des directions les plus inattendues.
« Vous êtes bien songeur. »
En levant la tête, Malone aperçut Cassiopée debout devant la pergola. Elle portait une tenue d’équitation moulante qui mettait en valeur sa silhouette.
« Je pensais à vous, justement.
— J’en suis flattée.
— Il n’y a pas de quoi. Je me demandais où vous étiez passée, ajouta-t-il en désignant sa tenue.
— J’essaie de monter tous les soirs, cela m’aide à réfléchir. J’ai fait construire cette pergola il y a des années en hommage à ma mère, précisa-t-elle en approchant de Malone. Elle adorait la nature. »
Elle s’installa sur le banc, face à lui. Elle l’avait rejoint dans un but bien précis, Malone le sentait.
« J’ai vu tout à l’heure que toute cette histoire vous laissait sceptique. Vous refusez de mettre en doute votre sacro-sainte Bible ? »
Il n’avait guère envie d’en parler, mais elle semblait avide d’explications. « Pas du tout. Ce qui me laisse sceptique, c’est que vous-même ayez décidé de la mettre en doute. On dirait que tous les acteurs de cette histoire prêchent pour leur paroisse. Vous, de Rochefort, Mark, Saunière, Lars, Stéphanie. Même Geoffrey, qui est un peu spécial, c’est le moins que l’on puisse dire, a une idée derrière la tête.
— Laissez-moi vous expliquer deux ou trois choses, et vous verrez que je n’en fais pas une affaire personnelle. »
Il en doutait, mais avait envie d’entendre ses explications.
« Saviez-vous que, dans toute l’histoire de l’archéologie, on n’a retrouvé qu’un seul squelette d’homme crucifié en Terre sainte ? »
Il l’ignorait.
« La crucifixion n’était pas un mode d’exécution couramment utilisé par les Juifs. Les condamnés à la peine capitale étaient lapidés, brûlés vifs, décapités, étranglés. Selon la Loi mosaïque, seuls les criminels exécutés au préalable pouvaient être crucifiés ; c’était une espèce de double peine, en quelque sorte.
— “Car celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu”, dit Malone en citant le Deutéronome.
— Vous connaissez bien l’Ancien Testament.
— Il n’y a pas que des bouseux en Géorgie.
— En revanche, les Romains recouraient fréquemment à la crucifixion. Vers l’an IV avant J.-C., le gouverneur Varus fit crucifier plus de deux mille personnes. En 66 après J.-C., le procurateur Gestius Florus en a crucifié près de quatre mille. Quant à Titus, le fils de Vespasien, c’était cinq cents par jour, en 70 après J.-C. Pourtant on n’a retrouvé qu’un squelette d’homme crucifié. C’était en 1968, dans les faubourgs nord de Jérusalem. Les ossements dataient du I er siècle, ce qui provoqua l’enthousiasme des chercheurs. Pourtant, le squelette n’était pas celui de Jésus mais d’un dénommé Yehochanan, un mètre soixante-cinq environ, décédé entre l’âge de vingt-quatre et vingt-huit ans. Nous en sommes sûrs à cause des informations inscrites sur son ossuaire. Qui plus est, on avait utilisé des liens pour le crucifier, pas de clous, et les os de ses jambes étaient intacts. Saisissez-vous l’importance
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