L'Héritage des Templiers
remplissant la bouche d’un goût âcre. Il examinait à présent ce qu’il restait de sa dépouille.
De Rochefort se signa et murmura une prière. « Regardez ce qu’ils ont fait », dit-il.
Mais il y avait plus important. « Cela signifie que quelqu’un est entré dans cette grotte après mars 1314. Les derniers templiers ont dû revenir ici jusqu’à ce que la mort les ait tous emportés. Cinq hommes connaissaient l’existence de cet endroit. Ils ont tous dû succomber à la peste noire vers le milieu du XIV e siècle. Mais ils n’ont jamais parlé, et personne n’a jamais eu connaissance de l’existence de cette grotte. » Une profonde tristesse l’envahit à cette pensée.
En se retournant, il aperçut des crucifix d’ébène alignés sur un mur ; il y en avait une quarantaine environ, de style roman, teutonique, byzantin, gothique, aux courbes si parfaites que la figure du Christ semblait vivante.
« C’est spectaculaire », s’exclama de Rochefort.
Il était impossible d’estimer la valeur du trésor ; les niches creusées dans la roche débordaient d’objets précieux. Mark avait étudié en détail l’histoire et la fonction des sculptures médiévales d’après les pièces qu’abritaient les musées mais il avait sous les yeux un éventail spectaculaire d’objets d’époque.
À droite, sur un piédestal en pierre, il remarqua un livre aux proportions gigantesques. La reliure, dorée à la feuille d’or, supposa-t-il, scintillait toujours et était incrustée de perles. Quelqu’un l’avait apparemment feuilleté car des lambeaux de parchemin froissé couvraient le sol telles des feuilles mortes. Mark se pencha et découvrit à la lumière de sa lampe une inscription en latin. Il déchiffra le texte et en conclut qu’il devait s’agir d’un inventaire.
« Qu’est-ce que c’est ? demanda de Rochefort qui avait remarqué son intérêt pour l’ouvrage.
— Un livre de comptes. Saunière a sans doute essayé de le consulter lorsqu’il a découvert la cache. Mais le parchemin est fragile.
— Un voleur. Voilà ce qu’il était. Un vulgaire voleur. Il n’avait aucun droit de se servir.
— Parce que nous, nous avons le droit ?
— Tous ces objets nous appartiennent, c’est de Molay lui-même qui nous les a légués. Il n’a rien avoué, même après avoir été crucifié. Ses ossements reposent ici. Ce trésor est le nôtre. »
L’attention de Mark fut attirée par un coffre entrouvert. Il contenait d’autres parchemins. Il ouvrit le couvercle sans trop de difficulté, mais n’osait pas toucher les feuillets entassés, aussi s’efforça-t-il de déchiffrer le premier de la pile. De l’ancien français, conclut-il immédiatement. Il le maîtrisait suffisamment pour savoir qu’il s’agissait d’un testament.
« Les documents confiés à l’ordre du Temple. Ce coffre est probablement rempli de testaments et d’actes notariaux rédigés aux XIII e et XIV e siècles. Les frères templiers ont fait leur devoir jusqu’au bout, dit Mark, admiratif. Imaginez ce que ces documents pourraient nous apprendre.
— Ce n’est pas tout, s’écria brusquement de Rochefort. Pas un seul livre. Où est donc le fameux savoir des Templiers ?
— Vous l’avez sous les yeux.
— Vous mentez. Il y a autre chose. Où ?
— Il n’y a rien d’autre, dit Mark en dévisageant de Rochefort.
— Ne jouez pas au plus fin. Nos frères ont dissimulé ce qu’ils savaient. Philippe le Bel n’a jamais pu mettre la main sur ce trésor-là. Il doit se trouver ici. Votre regard vous trahit. Il y a autre chose, insista de Rochefort en braquant son arme sur le front de Mark. Parlez.
— J’aimerais mieux mourir.
— Mais aimeriez-vous voir votre mère mourir ? Ou vos amis, là-haut ? Parce que ce sont eux qui mourront en premier, un par un, sous vos yeux, jusqu’à ce que j’apprenne ce que je veux savoir. »
Mark pesa le pour, et le contre. Cela n’avait rien à voir avec de la peur. Curieusement, il ne ressentait aucune peur ; il avait simplement envie de savoir, lui aussi. Son père avait cherché pendant des années sans rien découvrir. Il essayait de se souvenir des paroles du maître à son propos. « Il n’a pas la volonté nécessaire pour mener ses combats jusqu’au bout. » Balivernes. À quelques pas de là se trouvait la solution à la quête de son père.
« Très bien. Suivez-moi. »
« Il fait terriblement sombre ici,
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