L'Héritage des Templiers
chercheurs de trésor menaçaient de détruire la tombe. Alors, il y a quelques années, on a exhumé le prêtre pour l’enterrer dans un mausolée, dans le jardin. Il faut débourser trois euros aujourd’hui pour se rendre sur sa tombe… le prix de la sécurité pour un cadavre, je suppose, fit Stéphanie, sarcastique. Je me rappelle être venue ici il y a des années, reprit-elle. À la fin des années soixante, quand Lars est arrivé à Rennes-le-Château, il n’y avait sur les tombes que deux croix minables et recouvertes d’herbes grimpantes. Personne n’en prenait soin. Elles n’intéressaient personne. Saunière et sa maîtresse étaient tombés dans l’oubli. »
Une chaîne métallique encerclait la concession et les vases de béton avaient été remplis de fleurs fraîches. Malone eut du mal à déchiffrer l’épitaphe à peine lisible sur l’une des stèles :
CI-GÎT BÉRENGER SAUNIÈRE
PRÊTRE DE RENNES-LE-CHÂTEAU
1852-1917
DÉCÉDÉ LE 22 JANVIER 1917 À L’ÂGE DE 64 ANS
« J’ai lu quelque part que la stèle était trop fragile pour pouvoir être déplacée, expliqua Stéphanie, alors on l’a laissée ici. C’est toujours ça de pris pour les touristes.
— Les opportunistes ne l’ont pas prise pour cible, elle aussi ? s’étonna Malone en remarquant la tombe de la maîtresse.
— Apparemment pas puisqu’on l’a laissée ici.
— Leur relation ne faisait-elle pas scandale ?
— Saunière faisait profiter les gens de sa fortune, soupira Stéphanie. Le château d’eau sur le parking, il l’a fait construire pour le village. Il a aussi fait paver certaines rues, réparer des maisons, consenti des prêts à certains villageois dans l’embarras. Alors, on lui pardonnait ses faiblesses. Et si l’on se fie à l’un des livres de Lars, il n’était pas rare pour un prêtre d’avoir une bonne, à l’époque. »
Un groupe de touristes fort peu discrets se dirigeait vers la tombe.
« Ils viennent ici assouvir leur curiosité, dit Stéphanie, un soupçon de mépris dans la voix. Est-ce qu’ils se comporteraient de la même façon chez eux, là où leurs êtres chers sont inhumés ? »
Le groupe approchait et un guide se lança dans des explications sur la maîtresse de Saunière. Stéphanie s’éloigna, Malone sur ses talons.
« Le village n’est rien d’autre qu’une attraction pour eux, murmura-t-elle, un jeu de piste menant au trésor de Saunière. Difficile de croire que l’on puisse gober ces insanités.
— Lars abordait le sujet dans ses livres, non ?
— En quelque sorte, oui. Mais réfléchissez, Cotton : même si le prêtre a bien trouvé un trésor, pourquoi permettre à quelqu’un de faire main basse dessus en le conduisant directement jusqu’à lui ? Ce domaine est l’œuvre de sa vie et la dernière chose qu’il devait souhaiter, c’est de voir quelqu’un s’en emparer illégalement. Cette histoire fait un bon sujet de livre, mais n’a rien à voir avec la réalité. »
Malone s’apprêtait à lui poser une question lorsqu’elle se tourna vers une autre partie du cimetière, derrière un escalier de pierre menant à plusieurs tombes à l’ombre d’un grand chêne. Il remarqua un caveau neuf orné de bouquets colorés et de lettres argentées se détachant sur le marbre gris.
Stéphanie s’en approcha, Malone sur les talons.
« Oh, mon Dieu », s’exclama-t-elle, angoissée.
ERNST SCOVILLE, lut-il sur la stèle. Un rapide calcul lui permit d’apprendre que l’homme était décédé à l’âge de soixante-treize ans.
Une semaine plus tôt.
« Vous le connaissiez ? demanda Malone.
— Je l’ai appelé il y a trois semaines. Juste après avoir reçu le journal de Lars. Il faisait partie des collaborateurs de Lars à qui nous devions parler.
— Avez-vous évoqué vos projets avec lui ? »
Stéphanie hocha lentement la tête : « Je lui ai parlé de la vente aux enchères, du livre et je lui ai appris que je venais en Europe. »
Malone n’en croyait pas ses oreilles. « Hier soir, vous m’avez affirmé que personne n’était au courant de vos projets.
— J’ai menti. »
17
Abbaye des Fontaines
13 h 00
De Rochefort était ravi. Sa première confrontation avec le sénéchal s’était soldée par une retentissante victoire. Dans toute l’histoire de l’ordre, six maîtres seulement avaient vu leur bilan contesté parce qu’ils s’étaient laissés aller au vol, à la
Weitere Kostenlose Bücher