L'Héritage des Templiers
constructif.
Il s’approcha de l’autel.
La dalle de marbre avait été grêlée par les gouttes qui traversaient le plafond poreux depuis des siècles. Deux colonnes ouvragées, ornées des croix wisigothiques et de lettres grecques, la soutenaient.
« Nous allons remplacer la dalle et les colonnes, expliqua le prêtre.
— Comment allons-nous nous y prendre, l’abbé ? demanda Rousset. Nous n’arriverons jamais à les soulever.
— Servez-vous de la masse. Inutile de les épargner. »
Babou s’empara de l’outil et évalua la situation. Puis, avec un grand soupir, il souleva le marteau et l’abattit au centre de l’autel.
La dalle se fendit mais ne se brisa pas.
« C’est du solide, s’exclama Babou.
— Recommencez », l’encouragea Saunière.
La pierre éclata sous le coup suivant, les deux morceaux s’effondrant l’un sur l’autre, entre les piliers toujours dressés à chaque bout.
« Finissons-en. »
Le marbre vola bientôt en éclats.
« Débarrassons-nous de tout ceci, fit Saunière en se baissant.
— On va s’en occuper, monsieur le curé, intervint Babou en posant la masse. Entassez les morceaux pour nous. »
Les deux maçons soulevèrent de gros morceaux de marbre et se dirigèrent vers la sortie.
« Entreposez-les dans le cimetière, derrière l’église. Ils devraient nous être utiles là-bas. »
Au moment où les deux hommes s’éloignaient, Saunière vit que les deux piliers avaient résisté à la démolition. D’un geste, il balaya la poussière et les débris de pierre qui recouvraient l’un des piliers. L’autre était toujours recouvert d’un morceau de travertin et lorsqu’il le jeta sur la pile, il remarqua dessous une petite mortaise. L’entaille n’était pas plus large que sa main et était certainement destinée à accueillir le goujon de fixation ; mais, à l’intérieur du trou, il aperçut une lueur.
Il se pencha et souffla sur la poussière avec précaution.
Oui, il y avait quelque chose.
Une fiole.
Pas plus longue que son index et à peine plus large, scellée grâce à de la cire à cacheter rouge. En l’examinant avec attention, il s’aperçut qu’elle contenait un rouleau de papier. Il se demanda depuis combien de temps elle était là. Il n’avait jamais entendu parler de travaux entrepris récemment pour restaurer l’autel ; cela devait faire un moment qu’elle était cachée là.
Il tira l’objet de sa cachette.
« C’est à cause de cette fiole que tout a commencé, commenta Stéphanie.
— J’ai lu les livres de Lars, moi aussi, acquiesça Malone. Mais je croyais que Saunière était censé avoir découvert trois parchemins renfermant certains messages secrets.
— L’histoire a été très embellie. La plupart des détails farfelus datent des années cinquante, lorsqu’un aubergiste du village s’est employé à attirer la clientèle. Un mensonge en entraînant un autre… Lars n’a jamais cru à l’existence de ces parchemins. Les fameux messages secrets ont été reproduits dans d’innombrables ouvrages, mais personne n’a jamais vu les originaux.
— Pourquoi Lars y faisait-il allusion s’il n’y croyait pas ?
— Pour vendre des livres. Je sais que cela le dérangeait, mais il le faisait tout de même. Il a toujours dit que la fortune de Saunière remontait à l’année 1891 et était liée au contenu de cette fiole en verre. Mais il était le seul à soutenir cette thèse. Voilà le presbytère où vivait Saunière, expliqua Stéphanie en désignant un bâtiment. Aujourd’hui, il abrite un musée qui lui est consacré. Le pilier y est exposé. »
Ils passèrent devant les kiosques bondés et suivirent la rue grossièrement pavée.
« L’église Sainte-Marie-Madeleine, annonça Stéphanie en désignant un édifice roman. Autrefois la chapelle des comtes locaux. Désormais, pour quelques euros, on peut admirer la fabuleuse création de l’abbé Saunière.
— Vous n’aimez pas ?
— Je n’ai jamais aimé, fit-elle avec un hochement de tête. C’était bien ça le problème. »
À leur droite, Malone aperçut un château en ruine aux murs ocre brûlés par le soleil. « La propriété des Hautpoul. L’État s’en est emparé à la Révolution et, depuis, c’est un désastre. »
Ils contournèrent l’arrière de l’église et passèrent un portail de pierre orné d’une tête de mort ressemblant à l’emblème des pirates. La veille au soir, Malone
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