L'Héritage des Templiers
mais il ne m’appréciait pas, précisa Stéphanie. Nous nous parlions rarement. Il avait pris le parti de Lars.
— Alors pourquoi l’avoir contacté ?
— J’ai pensé qu’il était le seul à pouvoir m’éclairer sur le journal de Lars. Il s’est montré poli étant donné que nous ne nous étions pas parlé depuis des années. Il souhaitait voir le carnet. Je comptais me racheter à ses yeux pendant mon séjour ici. »
Il y avait de quoi se poser des questions sur son ancienne patronne. Elle ne s’entendait ni avec son fils, ni avec son mari, ni avec les amis de ce dernier. Il n’était pas difficile de voir pourquoi elle culpabilisait, mais ce qu’elle comptait faire pour y remédier était beaucoup plus nébuleux.
« J’aimerais aller chez Ernst, déclara Stéphanie en reprenant son chemin. Il possédait une assez belle bibliothèque. J’aimerais vérifier si ses livres sont toujours là.
— Était-il marié ?
— C’était un solitaire, fit Stéphanie en secouant la tête. Il aurait fait un parfait ermite. »
Ils empruntèrent une ruelle longeant des bâtiments qui avaient l’air inoccupés depuis longtemps.
« Pensez-vous sérieusement qu’un trésor soit dissimulé dans les parages ? demanda Malone.
— Difficile à dire, Cotton. Pour Lars, quatre-vingt-dix pour cent de l’histoire de Saunière était fictive. Je lui reprochais toujours de consacrer sa vie à quelque chose d’aussi dérisoire. “Et les dix pour cent de vérité ?” me répondait-il toujours. C’est ce qui le fascinait et fascinait Mark pour une grande part. Certains événements étranges se seraient déroulés ici il y a un siècle.
— Vous faites de nouveau allusion à Saunière ? »
Stéphanie hocha la tête.
« Expliquez-moi tout.
— J’ai moi aussi besoin d’explications, à vrai dire. Mais je peux vous en dire un peu plus long sur Béranger Saunière. »
« Je ne puis quitter une paroisse où mes intérêts me retiennent », déclara Saunière à l’évêque. Les deux hommes se trouvaient dans le palais épiscopal de Carcassonne, à une quarantaine de kilomètres au nord de Rennes-le-Château.
Il avait évité la confrontation pendant des mois en fournissant des certificats médicaux stipulant que sa maladie l’empêchait de voyager. Mais l’évêque était tenace et la dernière convocation lui avait été délivrée par un gendarme ayant reçu l’ordre de ne pas revenir sans lui.
« Votre train de vie est bien plus fastueux que le mien, souligna l’évêque. J’aimerais que vous m’expliquiez l’origine de votre fortune qui paraît à la fois providentielle et considérable.
— Hélas, monseigneur, vous m’interrogez sur le seul détail que je ne puis vous révéler. De grands pécheurs à qui, avec l’aide de Dieu, j’ai montré la voie de la pénitence m’ont versé ces sommes. Je ne veux pas trahir le secret de la confession en révélant leur nom. »
L’évêque réfléchit à cet argument habile. Il était recevable.
« Dans ce cas, parlons de votre train de vie et nous ne trahirons aucun secret.
— J’ai un train de vie plutôt modeste, rétorqua Saunière en feignant l’innocence.
— Ce n’est pas ce que l’on me rapporte.
— Vos informations doivent être erronées.
— Voyons, fit l’évêque en ouvrant l’épais registre placé devant lui. J’ai fait procéder à un inventaire qui s’est révélé très instructif. »
Saunière n’aimait pas ça. Il entretenait avec le prédécesseur de l’évêque des relations informelles et cordiales, et jouissait alors d’une grande liberté. Avec celui-ci, c’était autre chose.
« En 1891, vous vous êtes lancé dans la rénovation de l’église de la paroisse. À l’époque, vous avez fait remplacer les vitraux, construire un porche, transformer l’autel et la chaire et réparer le toit. Le coût des travaux s’élevait approximativement à vingt-deux mille francs. L’année suivante, les ouvriers se sont occupés des murs extérieurs et du dallage. Puis un nouveau confessionnal a été installé : sept cents francs. Les statues et la station de la Croix, moulées chez Giscard à Toulouse, posées : trente-deux mille francs. En 1898, un tronc a été installé : quatre cents francs. Puis en 1900, un bas-relief représentant Marie-Madeleine, très élaboré d’après ce que j’ai entendu dire, a été placé devant l’autel. »
Saunière se contentait
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