L'Héritage des Templiers
passée.
« C’est le moment d’entrer, annonça Claridon, la dernière visite guidée commence dans dix minutes. Nous devons y prendre part.
— Qu’allons-nous faire ? » s’interrogea Malone en se levant.
L’orage arrivait au-dessus d’eux.
« L’abbé Bigou, le confident de Marie d’Hautpoul de Blanchefort, venait de temps à autre admirer les tableaux appartenant à la collection du palais. C’était avant la Révolution et de nombreuses toiles y étaient encore exposées. Bigou avait une prédilection pour l’une d’elles. Lorsque Lars a redécouvert le cryptogramme, il a également trouvé une référence à ce tableau.
— Quel genre de référence ? demanda Malone.
— En 1793, le jour où il a fui la France pour l’Espagne, Bigou a noté une dernière consigne dans le registre paroissial de Rennes-le-Château : “Lisez les règles de la Caridad.” Saunière a trouvé cette référence et l’a cachée. Heureusement, le registre n’a jamais été détruit et Lars a fini par mettre la main dessus. Saunière avait, semble-t-il, appris que Bigou se rendait souvent à Avignon. À la fin du XIX e siècle, le palais n’était plus qu’une coquille vide, mais Saunière aurait facilement pu découvrir que du temps de Bigou on pouvait y admirer Don Miguel de Mañara leyendo la regla de la Santa Caridad du peintre Juan de Valdés Leal.
— Je suppose que le tableau y est toujours exposé ? poursuivit Malone en évaluant la distance qui les séparait de la porte Champeaux, entrée principale du palais.
— Plus depuis longtemps, non. Détruit par un incendie il y a cinquante ans. »
Un coup de tonnerre retentit.
« Pourquoi sommes-nous ici, dans ce cas ? » s’interrogea Stéphanie, surprise.
En posant quelques euros sur la table, Malone jeta un coup d’œil en direction d’une terrasse à deux pas de là. Alors que les clients quittaient leurs tables en prévision de l’orage qui s’annonçait, une inconnue sirotait un verre, installée sous l’auvent. Il ne s’attarda qu’un instant, le temps de remarquer des traits harmonieux, une peau très mate et des yeux légèrement saillants. D’un mouvement de tête gracieux elle remercia le serveur lorsque celui-ci vint lui apporter son repas. Malone l’avait remarquée dix minutes plus tôt, juste après qu’ils s’étaient installés, et sa présence l’avait intrigué.
Allons-y pour le test, songea-t-il.
Il ramassa une serviette en papier sur la table et la roula en boule.
« Dans le manuscrit inédit que Noël Corbu a consacré à Saunière et Rennes-le-Château, expliquait Claridon, il faisait référence au tableau et à l’allusion de Bigou dans le registre paroissial. Corbu expliquait également qu’une lithographie de la toile se trouvait toujours dans les archives du palais. Il avait pu la voir. La semaine précédant sa mort, Lars l’avait enfin localisée. Nous étions censés nous introduire dans le palais pour y jeter un coup d’œil, mais il n’est jamais revenu à Avignon.
— Et il ne vous a pas dit où se trouvait la lithographie ? demanda Malone.
— Non, monsieur.
— Lars ne fait aucune allusion à ce tableau dans son carnet, précisa Malone. Je l’ai lu de bout en bout : pas un mot sur Avignon.
— Si Lars ne vous a pas dit où se trouvait la lithographie, intervint Stéphanie, pourquoi aller au palais des Papes ? Vous ne savez pas où chercher.
— Parce que votre fils me l’a appris la veille de sa mort. Nous avions prévu de nous rendre aux archives à son retour des Pyrénées. Mais, madame, comme vous le savez…
— Il n’est jamais revenu, lui non plus. »
Stéphanie essaya de contrôler ses émotions. Elle était forte, mais pas tant que ça. « Pourquoi ne pas y être allé seul ?
— Je me suis dit que rester en vie était plus important. Et je me suis réfugié à l’asile.
— Mark a été victime d’une avalanche, il n’a pas été assassiné.
— Pas si sûr. À vrai dire, nous n’avons aucune certitude, fit Claridon en jetant un regard circulaire sur la place. Dépêchons-nous. Ils sont particulièrement à cheval en ce qui concerne la dernière visite. La plupart des guides sont bénévoles. Ils verrouillent les portes à dix-neuf heures pile. Le système de sécurité du palais n’est pas très perfectionné. Aucun objet de grande valeur n’y est plus exposé aujourd’hui et, en outre, les murs du palais eux-mêmes constituent le
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