L'Héritage des Templiers

déplia complètement la toile. Le coffre renfermait un véritable trésor en pierres précieuses.
    Cent ans plus tôt, les pillards républicains avaient commis une erreur en ignorant la petite église délabrée de Rennes-le-Château. La personne – peut-être étaient-elles plusieurs ? – qui avait choisi cette cachette s’était montrée fort avisée .
     
    « La crypte existait, précisa Claridon. D’après ce que je viens de lire dans le carnet que vous avez là, Lars avait mis la main sur des registres paroissiaux couvrant les années 1694 à 1726 qui y font allusion ; malheureusement, ils ne disent rien du moyen d’y accéder. Dans son journal, Saunière évoque sa découverte d’une porte. Puis, plus loin, il écrit : “L’année 1891 conduit vers l’éternité le fruit dont on parle ci-dessous.” Lars a toujours estimé ce détail important. »
    Malone se gara sur le bas-côté et se tourna vers Claridon. « Cet or et ces diamants étaient donc la source de la fortune de Saunière ? Il s’en est servi pour financer la restauration de l’église, n’est-ce pas ?
    — Au début, répondit Claridon avec un rire. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, monsieur. »
     
    Saunière se releva.
    Il n’avait jamais vu autant de richesses assemblées en un seul lieu. Quelle chance il avait. Cependant, il lui fallait les mettre en lieu sûr sans éveiller les soupçons. Pour ce faire, il aurait besoin de temps. Et personne ne devait découvrir l’existence de la crypte.
    Il ramassa la lampe et décida de commencer tout de suite. Il pourrait prendre l’or et les diamants et les cacher dans le presbytère. Il déciderait plus tard d’un moyen de les convertir en espèces. Il retourna vers l’escalier en jetant un coup d’œil alentour.
    L’une des tombes attira son attention.
    La niche contenait le corps d’une femme. Sa robe ne recouvrait plus que des ossements. Il approcha la lampe et à sa lumière lut :
     
    MARIE D’HAUTPOUL DE BLANCHEFORT
     
    Il avait entendu parler de la comtesse, ultime représentante de la dynastie. À sa mort en 1781, le contrôle du village et des terres avoisinantes avait échappé à sa famille. Quelques années plus tard, à la Révolution, les aristocrates s’étaient vu confisquer leurs biens.
    Cependant, un détail posait problème.
    Il remonta l’escalier à toute allure, sortit de l’église, verrouilla la porte derrière lui et, sous la pluie battante, se précipita au cimetière où il avança à travers les tombes dont les stèles semblaient flotter dans l’obscurité bruissante.
    Il s’arrêta près de celle qu’il cherchait et se pencha.
    À la lumière de la lampe, il lut l’épitaphe .
     
    « Marie d’Hautpoul de Blanchefort possédait une autre sépulture au cimetière, s’exclama Claridon.
    — Deux tombes pour la même personne ?
    — Apparemment. Mais le corps se trouvait dans la crypte. »
    Malone se souvint de ce que Stéphanie lui avait raconté la veille : Saunière et sa maîtresse avaient profané les tombes et rendu illisible l’épitaphe sur la stèle de la comtesse. « Saunière a ouvert la tombe située dans le cimetière.
    — C’est la théorie de Lars.
    — Et elle était vide ?
    — Encore une fois, nous ne le saurons jamais ; c’est ce que Lars croyait, cependant. Et l’histoire semble lui donner raison. Une personne de la stature de la comtesse n’aurait jamais été inhumée au cimetière mais dans la crypte, et c’est bien là que le corps se trouvait. La tombe avait une tout autre fonction.
    — L’épitaphe était un message codé, intervint Stéphanie, nous le savons. C’est pour cela que le livre d’Eugène Stüblein est si précieux.
    — Mais à moins de connaître l’existence de la crypte, la tombe n’a strictement aucun intérêt. C’est un monument parmi tant d’autres. L’abbé Bigou était malin. Il a caché son message au vu et au su de tout le monde.
    — Et Saunière l’a découvert… conclut Malone, l’air interrogatif.
    — Lars pensait que oui. »
    Malone reprit la route. Ils parcoururent les derniers kilomètres avant de bifurquer et de traverser les eaux tumultueuses du Rhône. Devant eux s’élevait la forteresse d’Avignon, dominée par la silhouette du palais des Papes. Malone s’engagea dans la vieille ville, passa devant la place où, un peu plus tôt, se tenait la foire aux livres. Il se dirigea vers le palais et se gara dans le même parking