L'histoire secrète des dalaï-lamas
par cette mise en garde : « Il faut avoir confiance en nos camarades du Comité du travail qui cherchent tout simplement à bien remplir leurs missions au Tibet, et non à y détruire la race et la religion [433] . »
Pillage
Outre le transfert des populations, la politique chinoise au Tibet a mis en oeuvre une exploitation systématique des ressources naturelles, sans égard pour leur renouvellement, une exploitation poussée jusqu’à l’épuisement des sols. Le Tibet présente un ensemble biogéographique spécifique, avec sept zones de végétation différentes qui vont des forêts tropicales de montagne à des plateaux d’altitude désertiques et glacés. Sa pluviométrie annuelle moyenne variait de moins de cent millimètres au nord à plus d’un mètre au sud-est. Les forêts tibétaines – au même titre que celles de Mongolie et de Mandchourie – étaient même parmi les plus importantes de cette partie de l’Asie. Les effets d’une exploitation sauvage se font rapidement sentir. En 1949, les vieilles forêts couvraient 221 800 km2 du territoire tibétain ; en 1985, 134 000 km2. La déforestation massive est à l’origine de la dénudation des collines de l’Ü-Tsang. En 1985, le volume total des abattages atteignait 2 242 millions de mètres cubes, soit 40 % du stock forestier de 1949, soit 54 milliards de dollars. Pour abattre les forêts de la région du Kongpo, les Chinois ont même utilisé plus de vingt mille militaires et plusieurs milliers de prisonniers tibétains.
Tibet, une décharge nucléaire
Il faut encore dénoncer les activités nucléaires de la Chine au Tibet. Le tout premier centre atomique, dont l’emplacement fut soigneusement choisi par le commandant en chef de la région militaire de la Région autonome du Tibet (RAT), a été installé en 1958 près du lac Kokonor : c’est la Neuvième Académie de Hai Bei , qui dépend directement du 9e Bureau, lequel est chargé de l’ensemble du programme nucléaire chinois ; son premier directeur s’appelle Li Jiu.
En 1962, la Neuvième Académie compte parmi les centres de recherches et d’armement nucléaire les plus importants de Chine, un lieu construit par les prisonniers tibétains, chinois, mongols et ouïgours du laogaï de Xining. Le site recueille les déchets nucléaires de la région, dans une zone interdite.
Le premier missile nucléaire, lui, est installé au Tibet en 1971, l’année où les États-Unis reconnaissaient officiellement la République populaire de Chine. Trois ans plus tard, auront lieu dans la région du Lop Nor, dans l’Est tibétain, une série d’explosions nucléaires. À quelque distance, toujours dans l’Amdo, près du site de Nyakchuka, dans l’Ü-Tsang, Pékin proposera, dans les années 1980, à ses clients asiatiques et occidentaux des décharges nucléaires à bon prix : les déchets dans la plupart de ces sites seront déposés à même le sol et laissés totalement à l’abandon. Dans ces régions, on enregistrera ensuite une multiplication des cancers et des taux de mortalité hors du commun.
En 2009, on a totalement oublié ces décharges nucléaires. Or, c’est au Tibet que les plus grands fleuves du continent asiatique prennent leurs sources : le Machu, le fleuve Jaune ; le Tsangpo, le Brahmapoutre ; le Drichu, le Yang-Tsé-Kiang ou fleuve Bleu ; et le Senge Khabab, l’Indus. Les rares informations qui parviennent de ces régions sont alarmantes. Le principal réservoir d’eau de l’Asie, vital pour 47 % de la population de la planète, a des « dessous » douteux. Le plateau tibétain offre à la Chine un emplacement stratégique de premier choix, mais à quel prix !
Les gardes rouges tibétains
Personne n’a jamais contesté les informations des Soixante-dix mille Caractères de Choekyi Gyaltsen, exceptée la République populaire de Chine. Et, comme le panchen-lama, le dalaï-lama n’a, lui non plus, rien ignoré de ce qui se passait dans son pays. La colonisation chinoise commencée dès 1951, les transferts de population, le pillage des temples, la destruction des monastères bouddhistes et bönpos, les séances publiques de thamzings, rien ne lui a échappé. Tenzin Gyatso connaissait aussi l’existence d’une résistance armée au Tibet, ses chefs appartenant à des clans influents et différentes réunions secrètes s’étant tenues avec eux au Potala.
La collaboration des Tibétains avec l’occupant chinois est un
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