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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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« Sur les deux mille cinq cents monastères qui existaient autrefois, dans ce qu’on appelle maintenant la Région autonome du Tibet, il n’en reste que soixante-dix, et 93 % des moines ont été contraints de quitter leurs monastères. » C’était quatre ans avant la Révolution culturelle, qu’on rend généralement seule responsable de la fermeture et de la destruction des monastères tibétains ! En vérité, les Gardes rouges se sont contentés de parachever l’ouvrage. Le panchen-lama conclut sur ces mots : « La religion bouddhiste, qui fleurit dans tout le Tibet, celle qui mène à l’illumination, semble sur le point d’être anéantie sous nos yeux. Il n’est pas question que 90 % des Tibétains et moi-même le tolérions... » Depuis, plus de huit mille monastères ont disparu pour l’ensemble du Tibet.
     
    Les ravages chinois
     
    Dans ce document, commencé à Tashilhunpo, continué à Lhassa et achevé dans son appartement pékinois, le panchen-lama évoque les méfaits de la réforme agraire et de l’instauration des communes populaires. Celles-ci vont être mises en place entre 1958 et 1960 dans différentes parties du Tibet : des centres expérimentaux sont ouverts à Lhassa, Shigatsé et dans le Lhoka. Au sein de ces entités, les Chinois vont former des dirigeants qui seront ensuite envoyés dans d’autres régions afin d’y ouvrir de nouvelles communes. Des villages entiers ont disparu, des contrées entières se sont vidées de leurs habitants. Sans parler des groupes ethniques qui, eux aussi, ont été annihilés. La réforme agraire a mis à bas l’interdépendance traditionnelle entre les fournisseurs de viande et de produits laitiers et les agriculteurs, fournisseurs de légumes et de céréales. En plus des transferts de population et de la mise en culture des pâturages d’altitude, Pékin impose des cultures inappropriées. Résultat, le panchen-lama rappelle que la famine était inconnue avant l’invasion. Les textes anciens évoquaient certes des disettes, mais celles-ci s’atténuaient au fur et à mesure que les populations concernées se déplaçaient vers de meilleures terres. En 1962, les communistes imposent un rationnement sévère aux paysans tibétains : trente gyamas [*] – près de quinze kilos – de nourriture par personne et par mois ; or ni les personnes âgées ni les personnes dans l’incapacité de travailler ne sont prises en compte. À ce rationnement s’ajoute une augmentation graduelle des heures de travail. Quant aux nomades, qui constituent à l’époque plus de 20 % de la population, ils voient leurs troupeaux confisqués pour être intégrés aux communes populaires. Cette tentative de sédentarisation de la population nomade tibétaine l’est une des autres causes de la famine dénoncée par le même panchen-lama.
    L’industrialisation stalino-maoïste, l’exploitation minière du Tibet ont entraîné à leur tour l’émergence de maladies professionnelles, du type de troubles cardio-vasculaires ou respiratoires, fruits d’une pollution inconnue jusque-là. De l’aveu même des autorités chinoises, la population du Tibet a diminué d’environ 7,5 % entre 1951 et 1959. L’espérance de vie ne dépasse pas quarante ans dans la Région autonome du Tibet. On parle d’un taux de mortalité infantile de cent cinquante pour mille contre trente-deux pour mille en Chine et sept pour mille dans les pays développés.
    Les problèmes de santé dénoncés par le panchen-lama correspondent donc à une réalité bien sombre. La plupart des médecins envoyés par la Chine au Tibet sont en outre des carabins incapables d’obtenir leurs diplômes. Et ce sont eux qui doivent former les nouveaux médecins tibétains ! Dans le même temps, la médecine traditionnelle tibétaine se voit reléguée au rang de « superstition féodale ». À l’hôpital, on pratique la ségrégation au profit des Chinois. Pour toute intervention sérieuse, il faut gagner l’hôpital de Chengdu, dans le Sichuan. Autre exemple : avant 1959, la consommation de tabac était prohibée à cause de la légende selon laquelle le sang d’une démone, morte au cours d’un combat contre les dieux, animait encore la vie de la plante ; fumer revenait à absorber une énergie malfaisante. Le tabac faisait donc l’objet d’un trafic très limité. Or, la suppression brutale des structures traditionnelles en a libéré la consommation. Les soldats de l’Armée

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