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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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n’est-il pas vrai, qu’il est terrible de s’adonner aux stupéfiants ?
    —  Le docteur Dering. – Oui.
    —  Lord Gardiner. – Quand ils sont arrêtés, les trafiquants de stupéfiants disent généralement : « Si je n’en avais pas vendu aux drogués, un autre leur en aurait vendu. » Mais vous pensez que cela excuse valablement vos actes, n’est-ce pas, et que si vous ne l’aviez pas fait quelqu’un d’autre l’aurait probablement fait ?
    —  Le docteur Dering. – Des personnes non qualifiées l’auraient fait, et le patient aurait beaucoup plus souffert que si cela avait été fait correctement.
    —  Lord Gardiner. – À moins, naturellement, qu’il se fût agi de médecins. Je vous indique que quelques-uns à Auschwitz, que je me propose de citer, ont refusé d’exécuter les ordres des Allemands.
    —  Le docteur Dering. – Je ne me souviens d’aucun d’eux.
    Dering reconnut que le cas « n° 2 » figurant sur la liste, le 12 avril 1943, correspondant à la stérilisation d’un tsigane ; apparemment, l’opération avait été faite par Entress, le médecin S.S. que le docteur Dering avait assisté.
    —  Lord Gardiner. – C’était un homme qui n’avait pas été irradié, un homme doté de ses facultés sexuelles ?
    —  Le docteur Dering. – Non. Il était atteint d’une maladie héréditaire, que je ne puis préciser à présent.
    —  Lord Gardiner. – Cela a-t-il été fait avec ou sans son consentement ?
    —  Le docteur Dering. – Ce fut fait sur ordre d’un tribunal.
    —  Lord Gardiner. – Avec ou sans son consentement ?
    —  Le docteur Dering. – On ne lui a pas demandé son consentement.
    —  Lord Gardiner. – Y avait-il à cela une raison médicale ?
    —  Le docteur Dering. – Le diagnostic et le jugement étaient fondés sur la débilité mentale.
    —  Lord Gardiner. – Où voyez-vous dans le registre une indication de son état mental ? Rien n’y figure qui ait trait à un ordre du tribunal ?
    —  Le docteur Dering. – Rien de tel. Non.
    —  Lord Gardiner. – Dans le cas « n° 1 » vous mettez dans la colonne « Remarques » que ce fut fait en présence et sur ordre du docteur Rohde, mais il n’y a rien de tel en ce qui concerne le « n° 2 » ?
    —  Le docteur Dering. – Non, mais il a organisé cela.
    —  Lord Gardiner. – Pourquoi avez-vous prêté votre assistance à cette opération ?
    —  Le docteur Dering. – En tant que déporté appartenant au service chirurgical, j’avais pour devoir de préparer la veille toute opération pratiquée dans la salle, et de participer à l’opération effectuée par un médecin S.S.
    —  Lord Gardiner. – Si le docteur Entress vous avait dit : « Je vais stériliser cet homme. Il n’y a aucun ordre du tribunal, mais je vais le faire et vous allez m’assister », qu’auriez-vous fait ?
    —  Le docteur Dering. – Je l’aurais assisté, qu’il y ait eu ou non ordre du tribunal.
    —  Lord Gardiner. – Était-ce parce que vous tentiez de négocier votre situation avec les Allemands ?
    —  Le docteur Dering. – Lord Gardiner, j’étais déporté, et j’avais à exécuter ce qu’on me disait de faire ; en tant que médecin, j’avais à faire de mon mieux pour sauver le plus grand nombre possible de personnes. Dans le premier cas, j’ai aidé le patient en veillant à ce que l’opération soit effectuée d’une manière correcte. J’ai apporté mon aide, non seulement comme un devoir humain, mais j’ai fait tout ce que je pouvais pour ces victimes.
    —  Le juge. – Docteur Dering, vous n’avez pas répondu à la question de lord Gardiner. Peut-être parce qu’il l’a posée en employant une tournure particulière. Avez-vous bien compris ce qu’il a voulu dire par « négocier votre situation » ?
    — Lord Gardiner récapitula. Le docteur Dering avait reconnu qu’il avait commencé comme ouvrier et avait été battu avec les autres, qu’il était ensuite devenu auxiliaire médical, puis déporté-chirurgien chargé de tout l’hôpital, puis chirurgien-chef de l’hôpital.
    —  Lord Gardiner. – Les Allemands devaient avoir une grande confiance en vous avant de vous offrir cette situation, n’est-ce pas ?
    —  Le docteur Dering. – Je n’ai pas discuté la question avec les Allemands ; j’ai tout simplement été nommé et j’ai dû accepter ce poste contre ma volonté et mon vœu.
    —  Lord Gardiner. –

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