Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
transformèrent dans quelques cas en folie. Les délirants étaient attachés à leurs lits. Quelques-uns des malades montraient des signes d’apathie et d’inconscience. Dans plusieurs cas, la faiblesse du cœur fut observée. Subjectivement, les malades souffraient d’une faim torturante, et par-dessus tout, d’une soif terrible, que l’absorption d’eau de mer rendit plus douloureuse encore. La soif était telle que quelques malades n’hésitèrent pas à boire l’eau sale utilisée pour laver le plancher. Je vis un de ces pauvres diables tomber à genoux, et demander en vain de l’eau. Le docteur Beiglbock était sans pitié. Un jeune garçon qui avait réussi à se procurer un peu d’eau à boire fut attaché à son lit en guise de punition, par Beiglbock ou par un autre, malheureusement, je ne sais pas. De toute façon, Beiglbock était le chef responsable.
    — La peur constante de la mort s’ajoutait à ces tourments corporels, car ils savaient que dans d’autres expériences, au vrai service de recherches, la curiosité sadique des S.S. avait provoqué un sacrifice constant de vies humaines. C’est pour cette raison qu’ils craignaient tous le même sort. Lorsque les malades gisaient un par un, sur le point de mourir, le sérum était injecté et ils récupéraient. Mais je ne sais pas s’ils redevenaient complètement bien après toutes ces souffrances corporelles et ces tortures mentales, car je ne vis plus ces gens. Il est exact que j’ignore si, au cours de ces événements, des détériorations durables ou des morts survinrent, mais je considère cela comme tout à fait possible.
     
    Témoignage August Vieweg (177) .
    — En 1944, un service fut créé au Block 3, où se trouvaient auparavant des paludéens, et préparé pour les expériences de l’eau de mer. Quarante à soixante tsiganes furent enfermés, et la porte verrouillée ; j’ai vu moi-même qu’un certain désordre s’y produisit ; une mutinerie éclata presque, une fois, les sujets frappèrent leur infirmier, qui fut remplacé.
    À plusieurs reprises, des gens furent emportés de ce service sur des brancards ; ils semblaient être très agités. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé ; à deux ou trois occasions, je crois pouvoir me rappeler avec certitude qu’un brancard porté par des infirmiers, et recouvert d’une couverture, fut amené à la morgue. L’expérience, autant que je me rappelle, dura approximativement huit semaines, et tout le service fut débarrassé à nouveau.
     
    Témoignage Joseph Worlizeck (178) .
    —  Un jour, étant dans la chambre, j’ai vu un malade par terre entre deux lits, qui avait une crampe, et qui regagna son lit au bout d’une demi-heure. Sur l’ordre de Pillwein, je devais donner de l’eau de mer aux tsiganes. Par négligence, je répandis de l’eau par terre. J’allai chercher un chiffon pour l’essuyer, et quand j’eus fini, j’oubliai le chiffon : les tsiganes le prirent et en sucèrent l’eau. Beiglbock s’aperçut que les malades avaient bu de l’eau, et les tsiganes, menacés, dirent ce qui s’était passé. Beiglbock me le demanda, je le lui dis, et il me menaça alors, si cela se reproduisait, de m’utiliser dans les expériences.
    H. – Aviez-vous très peur de cette menace ?
    W. – Certainement.
    H. – Beiglbock jurait-il en parlant aux sujets ?
    W. – Fréquemment, oui.
    H. – Était-il extrêmement sévère avec eux ?
    W. – Pas toujours, seulement quelquefois.
    H. – Ces sujets étaient-ils volontaires ?
    W. – Je ne le pense pas, je connais la langue slave et j’ai pu parler avec les tsiganes tchèques, qui venaient d’Auschwitz ; on leur avait demandé d’être volontaires pour une bonne affectation à l’extérieur. C’est seulement en arrivant à Dachau qu’ils découvrirent ce dont il s’agissait : c’était des Tchèques, des Polonais, des Hongrois, des Autrichiens et des Allemands ; je pouvais parler aux Polonais et aux Tchèques. Je n’ai pas vu mourir de sujet, mais après l’expérience, j’ai rencontré un tsigane, qui me dit qu’un de ses camarades en était mort.
    H. – Des sujets d’expériences ont-ils été sévèrement malades à votre connaissance ?
    W. – J’ai eu l’impression que plusieurs de ces sujets étaient malades, et ne vivaient pas longtemps. Trois mois après les expériences, j’étais dans un autre Block, et je rencontrai dans ce Block un des malades, il me dit qu’un de ses

Weitere Kostenlose Bücher