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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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soit. »
    Himmler lança immédiatement la machine administrative de la S.S. et au mois de juillet, la décision définitive était prise :
    — Le Reichsführer S.S. a décidé que, selon la suggestion du Gruppenführer S.S. Nebe, des tsiganes seront utilisés pour les expériences.
    — Je (175) m’appelle Joseph Laubinger. Je suis né le 15 juin 1921 à Mitthaupten ; j’ai été arrêté en mars 1943 par la Gestapo parce que je suis tsigane ; j’ai été en prison à Heilbronn, à Stuttgart puis à Auschwitz ; je n’ai jamais été jugé. J’ai été transféré ensuite à Buchenwald et envoyé à Dachau. Je pensais qu’il s’agissait de maisons endommagées à remettre en ordre. À Dachau nous avons subi un examen physique et un examen radiologique. Le docteur Beiglbock nous déclara que nous devions participer aux expériences de l’eau de mer. Nous répondîmes que nous n’étions pas venus à Dachau pour participer à une expérience ; il répliqua que l’expérience n’était pas dangereuse, et que personne ne mourrait. Mais nous étions cependant très inquiets, car nous savions que nous ne pouvions faire confiance à personne dans un camp de concentration.
    — Je demandai au professeur Beiglbock de ne pas me comprendre dans cette expérience, car j’avais subi deux opérations à l’estomac. À mon avis, le professeur ne demandait l’approbation de personne. Pendant sept à huit jours, je reçus des rations militaires, ensuite de l’eau de mer. Nous devînmes très faibles, nous pouvions à peine rester debout. Nous avons bu cette eau pendant onze à douze jours : on me fit une ponction du foie, ainsi qu’une ponction lombaire. Je ne fus pas examiné lorsque les expériences furent terminées. Nous avons reçu seulement pendant un jour de la nourriture spéciale. Le professeur Beiglbock nous avait promis des rations supplémentaires et un travail facile, mais nous ne le revîmes pas, lorsque les expériences furent terminées. Le régime ordinaire du camp était constitué par des navets, avec un pain pour huit ; le dimanche, nous avions un peu de beurre ou de confiture, avec des nouilles et quelques petits morceaux de viande avec des légumes frais.
    — À la fin des expériences, j’ai demandé à travailler à nouveau, car j’avais peur de recevoir une injection à l’hôpital pendant ma convalescence, mais je me sentis malade en travaillant et si le Kapo n’avait pas été bon pour moi, je ne serais probablement pas ici aujourd’hui.
    H. – [… passage manquant dans le texte (N.d.E.N.) …] vous libérer après les expériences ?
    L. – Oui, un jour nous dûmes aller dans la cour, et Beiglbock demanda à chacun d’entre nous quels parents il avait dans l’armée : il écrivit les noms, mais rien ne se passa.
    H. – Un des détenus n’essaya-t-il pas de s’opposer aux expériences ?
    L. – Oui, il nous dit que si nous buvions l’eau de mer, nous mourrions certainement, et que nous devrions nous entendre tous, et refuser de boire l’eau ; Beiglbock en entendit parler, et lui dit que c’était du sabotage, et qu’il savait très bien ce qui arrivait aux saboteurs, qu’il serait pendu s’il n’arrêtait pas cette sorte de propagande. Il fut soumis par la suite aux expériences, et comme il vomissait après avoir bu l’eau deux ou trois fois, Beiglbock vint avec un tube de caoutchouc, et lui fit absorber ainsi de force une plus grande quantité d’eau de mer qu’à nous.
    — Un autre qui avait bu de l’eau pure, fut découvert par Beiglbock, qui l’attacha à son lit, et lui ferma la bouche avec du sparadrap. J’ai vu cet homme avec sa bouche ainsi fermée, car il se trouvait deux lits après le mien. Beiglbock n’était pas brutal envers nous, mais il nous punissait en nous donnant davantage d’eau de mer à boire, ou en nous privant de certains avantages, des cigarettes par exemple…
    *
*   *
    Le 1 er  juillet, Karl Holleinreiner, qui avait « agressé » le professeur Beiglbock dans le box des accusés trois jours auparavant, est entendu par le tribunal.
    — Après notre arrivée à Dachau, nous fûmes examinés, et le médecin nous dit : « On va vous donner de la bonne nourriture, ensuite vous ne mangerez pas, et vous boirez de l’eau de mer. » Un prisonnier, Rudi Taubmann, refusa : il avait été déjà dans une expérience avec de l’eau froide, et il ne voulait plus d’une autre expérience. Le médecin de l’armée

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