L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
me dirent que cela durerait très peu de temps. Je m’assis dans l’eau, et gardai ma connaissance pendant une heure et demie approximativement. Pendant ce temps, la température s’abaissa lentement au début, plus rapidement ensuite : d’abord 37° 6, puis 33°, puis 30°, mais je devins à peu près inconscient ; à ce moment, toutes les quinze minutes, on me prenait du sang à l’oreille. Au bout d’une heure et demie, on me donna une cigarette, et bien entendu, je n’avais pas envie de fumer. Cependant, un de ces hommes me donna une cigarette, et l’infirmier qui se tenait auprès du bassin continua de la mettre dans ma bouche et de la retirer ; j’en fumai la moitié, puis on me donna un peu d’alcool, puis une tasse de rhum tiède. Mes pieds devinrent durs comme du fer, ainsi que mes mains, et ma respiration très courte ; je me remis à trembler, et une sueur froide perla à mon front. Je me sentis sur le point de mourir, et je leur demandai encore de me sortir de là.
— Le docteur Brachtel me donna alors quelques gouttes d’un liquide inconnu, douceâtre, puis je perdis connaissance. Lorsque je revins à moi, il était environ 8 heures du soir, et j’étais étendu sur un brancard, recouvert de couvertures avec des lampes chauffantes. Il y avait seulement dans la pièce le docteur Brachtel, et deux prisonniers. Je déclarai que j’étais très fatigué, et que j’avais faim, et le docteur Brachtel donna l’ordre de me donner une meilleure nourriture, et de me mettre au lit. Un prisonnier m’aida, et je fus ramené à la salle du paludisme. Un médecin polonais prisonnier dont je ne connais que le prénom, Adam, me dit que tout ce qui m’était arrivé était un secret militaire, dont je ne devais parler à personne. Il ajouta que si j’en parlais, j’étais assez intelligent pour imaginer ce qui m’arriverait. Comme j’en avais parlé à mes camarades, et qu’un des infirmiers l’avait découvert, il me demanda si j’étais fatigué de vivre.
Témoignage Henreik Bernard Knol (183) .
— C’était en février 1943 : le soir à 9 heures, je reçus l’ordre de me déshabiller. Une ceinture de sauvetage me fut donnée, ainsi que différents instruments que je ne connaissais pas. Himmler assistait personnellement à ces préparatifs, accompagné de son chien. Brusquement, je reçus un coup de pied, et je tombai dans l’eau glacée. Pendant que je m’y trouvais, Himmler me demanda si j’étais rouge ou vert. Je lui dis que j’étais rouge, et il me répondit : « Si vous aviez été vert, vous auriez eu une chance de liberté. »
— Je ne sais pas combien de temps je restai dans l’eau glacée, ni ce qui m’arriva, car je perdis connaissance ; lorsque je revins à moi, j’étais étendu dans un lit entre deux femmes complètement nues, qui essayèrent de provoquer un acte sexuel, mais sans succès.
— Quand j’eus complètement retrouvé mes sens, on me porta à l’hôpital, où je restai pendant trois jours bien traité, puis je repris mon travail. Peu de temps après, je présentai une inflammation des orteils, et fus envoyé à nouveau à l’hôpital. Lorsque je fus guéri, à peu près pendant l’été de 1943, on m’appela à nouveau, et on m’habilla d’une tenue complète d’aviateur ; on me donna encore une ceinture de sauvetage, et on m’appliqua les mêmes instruments médicaux que lors de mon premier bain. On me jeta à nouveau dans un bain rempli de glace : je perdis rapidement connaissance et, quand je revins à moi, je me trouvai dans un bain d’eau chaude. Ma poitrine était très gonflée, on me plaça tout de suite dans une sorte de caisse horizontale, où il faisait terriblement chaud. Je suai abondamment. Je ne sais pas exactement combien de temps je restai dans cette caisse. On me mit ensuite au lit pour trois jours, et je repris mon travail.
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Expériences sur le paludisme.
— Douze cents déportés, au moins, du camp de Dachau, subiront les expériences sur le paludisme du professeur Klaus Schilling qui devaient entraîner la mort « directement de trente personnes » et « indirectement » de trois ou quatre cents. Les premiers sujets d’expérience furent tous des tsiganes allemands – au moins cent – qui seront remplacés par la suite surtout par des prêtres et religieux polonais dont certains avaient déjà subi les expérimentations de Rascher.
— Je (184) m’appelle Klaus Schilling, je
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