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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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brancards. Au passage, les camarades que nous relevons nous demandent : « Est-ce du café ou de la soupe ce matin ? » Ainsi chaque équipe au retour, quête les informations alimentaires de l’équipe qui arrive : « Quart ou huitième de boule de pain ? Margarine, fromage ? Salami ? Marmelade ? »
    — Nous nous divisons en équipes pour les différentes galeries : A, B, C, D, E, F. Les contremaîtres des firmes allemandes chargées des travaux sont là. Chaque Kapo prend son compte d’hommes en accord avec le Meister civil.
    — La « A » est la plus ancienne galerie déjà bétonnée sur 100 mètres de long. Là, il ne fait pas chaud, mais au fond, où nous allons avec Carette, il fait bon.
    — La « B » a des Kapos français ; avec eux on peut s’arranger. C’est la plus longue galerie. Elle atteint presque l’autre côté de la colline.
    — La « C » est la galerie la plus chaude.
    — La « D » a un Kapo grec et beaucoup de ses compatriotes préfèrent aller avec lui.
    — La « E » est surveillée par un assez chic Kapo italien mais elle est humide ; avec la « F » c’est la plus mauvaise galerie.
    — À la « F », l’eau suinte partout et les pompes n’arrivent pas à assécher les grandes flaques d’eau. Beaucoup de nos camarades ont attrapé là les derniers coups nécessaires pour abattre leur fragile carcasse. Les Kapos y sont de cyniques assassins.
    — Carette et moi, nous nous dirigeons vers les « spécialistes ». C’est un des meilleurs Kommandos qui n’a pu nous embaucher qu’après des mois de travaux divers : poseurs de rails qui se disputent, accusent « l’autre » de ne pas porter, boiseur et porteur de tronc d’arbre, pousseur de wagonnets, à la chaîne, sous les coups, en équipe avec des gars épuisés et amorphes, brouetteur dans les galeries basses, cela vous brise les reins, mineur travaillant au marteau pneumatique. Nous connaissons tout ça. Nous avons tout fait, sauf le Kapo. Beaucoup de nos camarades qui se trouvaient avec nous au début des travaux sont morts d’épuisement. Les « anciens », dont nous sommes, ont pris les meilleures places disponibles avec le développement des travaux.
    — Je vais chercher ma lampe à carbure au magasin pendant que Carette se débrouille à la forge pour trouver des colliers indispensables au raccordement des tuyaux d’air comprimé.
    — Équipés, nous nous dirigeons vers le fond de la « A ». Les galeries latérales bétonnées et claires sont équipées industriellement avec de grosses machines qui tournent des roulements à bille. L’entrée nous est interdite. Nous allons plus loin, au fond. Là où l’on attaque le sable au marteau piqueur, où l’on élargit des galeries creusées primitivement, où l’on monte les carcasses de fer qui enchâssent les panneaux de bois destinés à maintenir le béton et une voûte invulnérable aux bombardements.
    — Je suis électricien, chargé du prolongement des lignes au fur et à mesure des avances, chargé également des réparations de toutes sortes : court-circuit dans les armatures de béton et surveillance des tapis roulants qui portent le sable au déversoir à l’extérieur. Que la lumière s’éteigne, que le tapis s’arrête, c’est le branle-bas, il faut trouver la casse et réparer en vitesse. Si la réparation tarde, le Meister civil n’hésite pas à donner une volée de coups de canne ferrée et le surveillant S.S. ira de ses vingt-cinq coups sur les fesses, si à ce moment-là, occupé au fond d’une galerie, je ne m’aperçois pas rapidement de la panne.
    — Carette est « Schlosser ». Il est chargé du bon fonctionnement et des réparations de la tuyauterie qui distribue l’air comprimé aux marteaux-piqueurs. Étudiant en droit, il a su s’adapter parfaitement et il se débrouille suffisamment bien pour ne pas avoir trop d’ennuis.
    — Nous montons sur une plate-forme de sable où l’on peut surveiller les arrivants et répondre si l’on appelle : « Electrika » ou « Schlosser ».
    — Je profite d’un moment de liberté pour essayer de crever un phlegmon qui m’embête au pied droit et mettre sur mes plaies un peu de ce papier propre qui enveloppe les ampoules électriques. Avec un clou j’essaie en vain de crever cette boule noire. Mais c’est seulement deux jours après que le soulagement arrivera, quand un camarade me marchera dessus au retour du

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