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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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14 heures.
    — Au rassemblement, il manque deux camarades : Houli est déchaîné. Il frappe les uns et les autres sans regarder les nationalités, lui qui, généralement, ménage les Français. Les Kapos sont lancés à la recherche dans les galeries. Ils reviennent une demi-heure après. Ce sont deux malheureux juifs hongrois qui se sont endormis dans une galerie désaffectée. Houli se précipite sur eux et leur casse successivement deux bâtons sur la tête ; ils retombent tous deux. L’Oberkapo leur lance de grands coups de pieds dans le ventre et en pleine figure. Le sang gicle. Ils ne poussent plus de cris. Il faudra les porter jusqu’au camp. En arrivant, il n’y aura plus qu’à les transporter au Revier, à la salle basse, avec les cadavres. Le Posten et les Feldwebel ont assisté au drame. Un Feldwebel leur a donné également quelques coups avec rage. Impuissants, nous ne pouvons marquer notre désapprobation qu’en tournant un peu la tête de l’autre côté. Les Posten, dans l’ensemble, sont assez dégoûtés. Tout à l’heure, dans le train, l’un d’entre eux donnera la moitié d’une boule de pain au plus jeune d’entre nous, un juif hongrois.
    — La relève est arrivée. C’est l’équipe d’après-midi. Elle nous confirme la nouvelle : oui, ce soir ce sera bien la soupe sucrée.
    — Maintenant Houli est calmé : il marche la casquette relevée. Il est un peu fatigué. Il a envie de se changer les idées, aussi demande-t-il qu’on lui chante quelque chose. Nous n’aimons pas beaucoup chanter sur commande et les premières chansons que les Kapos entonnent ne sont guère appuyées. La troisième est la marche des bataillons d’Afrique, nous nous y mettons tous, pour nous changer les idées, nous aussi.
    — À l’arrivée au camp, c’est la fouille. Heureusement que je n’ai pas de morceau de caoutchouc pour mon ami l’Espagnol, sans ça j’aurai pu avoir chaud. Je glisse la lame de scie qui me sert de couteau dans une fente aménagée dans le bas de ma veste et je passe sans encombre après avoir jeté des clous, de la ficelle, des chiffons qui me servent de mouchoirs. Tout ça, c’est interdit.
    — Carette me fait remarquer qu’il y a trois de nos camarades au « piquet » face aux barbelés électrifiés. Qu’ont-ils fait ? Nous essayerons de le savoir ce soir.

LE CRIME DE GROSS-ROSEN
    — Le 5 (197)  février 1945, lors d’un rassemblement vers cinq heures du matin, un ordre :
    — « Les quarante plus vieux cons du Block, sortez des rangs ! »
    — Naturellement silence, immobilité. Le Stubendienst Ortner intervient :
    — « Quels sont ceux qui ont plus de soixante ans ?… Plus de cinquante-cinq ans ?… Plus de cinquante ans ? »
    — Il « pique » ainsi trente-deux déportés, les rassemble et les emmène dans la cour d’entrée. C’est fini. Aussitôt encadré par les S.S., le groupe sort du camp.
    — Quatre chariots attendent, sans chevaux, bien entendu, et l’on fait alors comprendre aux trente-deux élus que ce sont eux qui vont être les chevaux. Attelés à huit par chariot, ils prennent le chemin de la gare de Gross-Rosen, où ils trouvent une rame de quatre wagons à bestiaux : les chariots arrêtés près de la voie ferrée, on essaie d’ouvrir les portes des wagons. Grosse difficulté : elles semblent coincées de l’intérieur ; enfin, elles cèdent, s’ouvrent brusquement et des grappes de cadavres qui les bloquaient, dégringolent sur la voie. À l’intérieur, on aperçoit, s’agitant sur d’autres cadavres, quelques hommes, beaucoup de femmes et des enfants, certains très jeunes, des bébés. Une odeur épouvantable se dégage de cette masse grouillante : odeur de sueur, d’excréments, de cadavres, de pourriture de toutes sortes. Il s’agit d’un convoi de tsiganes, la plupart de race très pure ; d’ailleurs, malgré leur état pitoyable, certaines femmes sont encore d’une remarquable beauté.
    — Heraus !
    — Tous ceux qui ont encore un souffle de vie sortent des wagons, descendent, trébuchent, se raccrochent. Alors a lieu la scène la plus horrible de la journée. Sur un ordre, les S.S. s’emparent des enfants, même les tout-petits, qu’ils arrachent des bras de leur mère, et les tuent en leur claquant la tête sur le ballast. Après quoi les petits corps sont jetés en tas sur le bord du chemin.
    — Il faut ensuite monter dans les wagons et en sortir les cadavres. Gros

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