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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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sur chaque épaule ce qui leur encadrait la tête et leur prêtait la grâce de ces princesses égyptiennes peintes sur les parois des tombeaux et les couvercles de certains sarcophages. Peut-être était-ce un art ancestral mais elles ne le savaient pas. Lorsque nous le leur disions, elles rayonnaient de joie, faible compensation pour la profanation de leur chevelure.
    — La Sauna était très bien installée et la possibilité pour le personnel soignant de prendre des douches était pratiquement illimitée, mais la promiscuité souvent inévitable. Les S.S. aussi traversaient librement et fréquemment la salle de douches pendant qu’on s’y baignait.
    — On reconnaissait l’ancienneté des femmes tsiganes au camp à la longueur de leurs cheveux (rarement visibles). Les Pflegerinen allemandes gardaient leurs cheveux. Il nous arrivait, en rendant visite à des amis dans les Blocks d’habitation, d’entendre une femme nous dire :
    — « Tournez-vous. »
    — Ce n’était pas pour changer de soutien-gorge mais pour arranger le châle sur la tête et on ne devait pas apercevoir ses cheveux coupés. Mais les cheveux repoussaient et parallèlement à la repousse des cheveux, le régime de famine S.S. déshonorait leur gorge et le geste pudique devenait alors un mouvement humiliant.
    — Dans ce petit univers qu’était le camp tsigane, la vie des « races » devenait de plus en plus intime. Les S.S. n’exerçaient aucune violence et subissaient aussi le charme de la présence féminine et de la présence des enfants. Dans l’intervalle des corvées et après le travail, les tsiganes musiciens formaient de petits orchestres et la marmaille était la première à accourir pour faire cercle autour des exécutants.
    — Les S.S. s’approchaient aussi et on oubliait pour la plupart du temps le « Achtung ». Les coups et les injures ne venaient que de quelques tyranneaux polonais et allemands (déportés). Ceux-ci tenaient à honneur de ne pas perdre l’habitude. Des amitiés se liaient et beaucoup de femmes tsiganes avaient des liaisons avec des déportés d’autres camps et même avec des S.S. La notion de « Rassenchande » (souillure de la race) n’était plus que de façade pour beaucoup de S.S.
    — Le Block situé en face du n° 32, donc numéro impair (31 ou 29), était occupé par le Kindergarten (jardin d’enfants). Celui-ci était dirigé par une jeune allemande. Je ne connais pas le passé « civil » des femmes et jeunes filles allemandes qui servaient de Pflegerin au camp tsigane, mais je peux affirmer que leur conduite était merveilleuse. Les hommes disaient que c’étaient des prostituées mais si cela était vrai, quelle influence bienfaisante avaient exercé sur elles leur travail d’infirmières et leur contact avec les enfants.
    — Dans les Blocks-infirmeries les malades, étant moins nombreux, étaient plus à l’aise dans leur lit et de temps à autre il y avait une distribution de linge. Un jour le docteur Mengele me remit une boîte contenant 25 ou 30 ampoules de « Calcium Gluconicum » (gluconate de calcium) pour faire des injections intraveineuses à mes malades et les « fortifier ». Les trois quarts me furent immédiatement volées par un potentat polonais. Le « calcium gluconicum » exerçait une fascination extraordinaire sur les Pflegers (non-médecins bien entendu). Dès qu’ils arrivaient à une « position », notamment à un emploi à l’intendance, ils faisaient faire quelques intraveineuses de calcium à leurs « amies » qui, certainement, n’en avaient nul besoin ayant abondamment à leur disposition des protéines, des glucides et des matières grasses. Le calcium était en quelque sorte une amulette médicale – et surtout ce qui conférait au-dit Pfleger un grand prestige aux yeux de sa « Dame » – une « Dame » dont le chevalier ne parvenait pas à lui procurer des intraveineuses de calcium se sentait humiliée devant les autres.
    — Il est incontestable que le docteur Mengele faisait des efforts pour rendre plus supportable la vie des tsiganes. Il faisait prélever sur les bagages des juifs gazés quelques médicaments, des vêtements, etc. mais il n’était pas le maître car tout devait être envoyé en Allemagne. Mais la science ne devait pas non plus être négligée pour autant et le Lagerarzt ne l’oubliait pas.
    — Un jour, des camarades des Blocks voisins nous appellent pour nous montrer des spécimens

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