L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
uniforme militaire et expédiés par la suite dans un camp de concentration et cela seulement parce qu’ils avaient dans leurs veines douze, ou même moins, pour cent de sang tsigane. Des gens décorés de la Croix de Fer, ou d’autres décorations pour le Mérite, ont été qualifiés tout à coup comme « asociaux » et internés derrière l’enceinte de fils barbelés du camp d’Auschwitz, contrairement aux directives secrètes.
— Les métis tsiganes qui s’étaient fait remarquer au front comme soldats de grand mérite, pouvaient être épargnés s’ils se laissaient stériliser.
— Or, personne n’avait proposé cette solution à la plupart d’entre eux. On les arrêta sans grandes discussions en leur annonçant qu’ils allaient être tous installés dans un village tsigane.
— Les lettres au sujet des tsiganes qui arrivaient du Bureau de la police criminelle du Reich ou du Centre du Reich « pour la lutte contre le danger tsigane », étaient signées par le Kriminalrat Otto et les docteurs Ritter et Bühler.
— Près de seize mille tsiganes avaient été expédiés à Auschwitz (69) . Quelques mois après, une épidémie de typhus en emportait plus d’un tiers. On voulait exterminer tous les tsiganes, mais, probablement les autorités furent effarouchées de leur propre audace, et hésitèrent avant de prendre la décision définitive.
— En juillet 1944 les dés furent jetés. Himmler donna l’ordre de gazer tous les tsiganes, exception faite de ceux qui étaient encore capables de travailler et devaient demeurer internés dans les camps de concentration. Des familles entières furent séparées. Les métis assignés au travail n’entendirent plus parler de leurs parents ou de leurs enfants, ni ne les revirent jamais. Même certains S.S. se révoltaient contre cette action tsigane. En rencontrant au camp des gens qu’ils avaient bien connus dans leur pays natal, ils avaient du mal à comprendre pourquoi les soldats loyaux et exemplaires, dont le seul crime était leur origine raciale, pouvaient être internés sans aucun espoir d’un prompt relâchement.
— Dans les quelques cas particulièrement scandaleux qui étaient en désaccord évident avec les directives, un recours en libération était adressé à l’Office central du Reich. Dans une lettre qui l’accompagnait, on attirait discrètement l’attention des autorités sur la divergence entre l’ordre et sa mise en pratique.
— Or, la police criminelle préférant ne pas reconnaître que ses décisions allaient à l’encontre des directives, déclinait en principe les requêtes, en prétendant que les références présentées par le tsigane en question n’étaient que pur mensonge, une enquête ayant démontré qu’il n’avait jamais été titulaire des décorations qu’il affirmait porter. Pour que la décision négative fût plus convaincante, on la colorait de vagues suggestions que le tsigane en question était, par exemple, un aventurier connu dans son pays, que les vols fréquents pour lesquels l’auteur avait toujours été insaisissable, cessèrent après son arrestation, etc. L’Office central du Reich n’ignorait pas le désir du tout-puissant Reichsführer que toute trace des tsiganes fût effacée de la surface de la terre. On savait parfaitement que les clauses exceptionnelles n’étaient que fioritures bureaucratiques ajoutées aux ordres d’extermination, et qu’il était bien facile de tomber en disgrâce en se montrant trop indulgent. Le Kriminalrat Otto avait même adressé à Auschwitz une lettre où il priait « de veiller à ce que de pareils recours cessent à l’avenir ».
— Cependant, dans les cas particuliers, où il s’agissait de tsiganes titulaires de hautes décorations, la libération était accordée à condition qu’ils se laissent stériliser. Or, on n’en pouvait persuader presque personne, car les méthodes de stérilisation appliquées par l’institut de l’hygiène étaient trop bien connues. Malgré toutes les précautions, les rumeurs sur les nombreux décès parmi les patients soumis aux expériences avaient transpiré au-dehors du camp.
— Il y en avait d’autres qui renonçaient volontairement à la liberté, car ils ne voulaient pas quitter leur femme et leurs enfants qui devaient rester au camp. D’autres encore se décidaient à ne pas quitter le camp, car leurs familles, qui jusqu’alors étaient encore en liberté, avaient été
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