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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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même, au camp principal. Ils faisaient l’impossible pour voir de temps à autre les membres de leur clan, ne fût-ce que de loin. Ils manquaient à l’appel fréquemment : torturés par la séparation, ils s’étaient faufilés, en ne reculant devant aucune ruse, dans le secteur réservé aux leurs.
    — Même lorsque je me rendais à Oranienburg, à l’inspection générale des camps, je me voyais souvent interpellé par des tsiganes qui m’avaient connu à Auschwitz et qui espéraient obtenir de moi des nouvelles de leurs proches. Souvent ceux-ci étaient déjà gazés ; il m’était fort pénible de donner des réponses évasives à ces gens qui m’abordaient avec tant de confiance. Ils m’ont causé à Auschwitz pas mal de souci, mais c’étaient pourtant, si j’ose dire, mes détenus préférés. Leur nature ne leur permettait pas de rester fixés pendant longtemps au même endroit. Ces « bohémiens », toujours prêts à vagabonder, avaient une prédilection marquée pour les Kommandos de transport parce qu’ils pouvaient satisfaire leur curiosité en allant à droite et à gauche et aussi parce que cela leur procurait des occasions de voler. On ne pouvait naturellement rien faire contre ces penchants innés. Leur conception de la morale était tout à fait particulière. Pour eux, il n’y avait rien de répréhensible dans le vol. Ils n’arrivaient pas à comprendre qu’on les punisse. Je ne parle ici que de la majorité des détenus, des vrais tsiganes vagabonds ainsi que des métis complètement adaptés aux mœurs tsiganes. Mon jugement ne s’étend pas aux sédentaires, aux habitants des villes, qui étaient déjà imprégnés de mœurs civilisées dans ce qu’elles ont de pire.
    — J’aurais été encore plus intéressé par leur vie et leurs coutumes si je n’avais pas éprouvé une terreur perpétuelle en pensant à l’ordre qui m’avait été donné de les liquider.
    — Jusqu’au milieu de 1944 il n’y avait, en dehors de moi, que les médecins qui connaissaient les ordres d’extermination. Ils avaient reçu du Reichsführer la consigne de supprimer discrètement les malades, et plus spécialement les enfants. Et ces gosses avaient encore une telle confiance ! Rien n’est plus difficile que d’exécuter froidement de tels ordres en faisant abstraction de tout sentiment de pitié.

Témoignage sur les tsiganes Péry Broad, ancien chef au camp tsigane d’Auschwitz.
     
    — En février 1944, le commandant du camp d’Auschwitz avait reçu un telex du Bureau V du R.S.H.A. portant l’entête de la Direction de la Police criminelle du Reich.
    — On l’avisait de l’arrivée prochaine de plusieurs milliers de tsiganes, en soulignant que « pour le moment on ne devait pas les traiter de la même manière que les juifs ». La bande multicolore des tsiganes français, hongrois, tchèques, polonais et allemands, arriva à Auschwitz la semaine suivante avec ses enfants et tous ses bagages.
    — Ils furent internés dans le camp des tsiganes – un secteur isolé du camp de Birkenau. Des ordres plus détaillés arrivèrent en mars par lettres express bordées de rouge. On y notifiait à l’administration que sur l’ordre du Reichsführer, tous les tsiganes « sans égard au degré de pureté de leur sang » devaient être expédiés dans les camps de concentration pour le travail forcé. Une exception devait être faite en faveur des tsiganes purs et métis qui avaient un domicile stable et s’étant adaptés à la société, exerçaient un travail régulier.
    — Cette clause n’existait que sur le papier et on ne l’observait nulle part. Puisqu’il était le plus facile de mettre la main justement sur cette catégorie de tsiganes, ils constituaient, par conséquent, le groupe le plus nombreux. Jeunes filles qui, jusqu’ici, avaient travaillé comme sténotypistes dans les bureaux de la Wehrmacht, ouvriers de l’O.T. (68) , étudiants au Conservatoire et autres personnes dont l’existence était établie et qui avaient travaillé honorablement toute leur vie, se sont trouvés subitement internés dans les camps de concentration, les cheveux rasés, avec un numéro tatoué sur l’avant-bras, et accoutrés d’un uniforme rayé bleu et blanc. Les choses n’en restèrent pas là, et la démence battait son plein. Des centaines de soldats qui ne soupçonnaient même pas qu’ils étaient métis tsiganes furent retirés du front, obligés de déposer leur

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