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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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d’accomplir un travail aussi gigantesque en une journée, si nous n’avions pas adopté une méthode simple : nous prenions des boîtes de Pétri divisées en douze ou seize carrés, dans chacun, nous passions toujours le même écouvillon sur toutes les cases et nous détruisions les autres. De toute façon, nous ne voulions pas trouver de porteurs de germes.
    — Un autre travail stupide que nous étions obligé de faire c’était de déterminer les causes de la mort de lapins qui périssaient dans les fermes ou chez les S.S., de faire des autopsies de poulets, de poussins, de canards, d’oies, de chevaux, de vaches, de poulains, etc., et c’est grâce à ces recherches si nous sommes resté vivant puisque, comme tous nos camarades, nous faisions cuire les cadavres de ces bêtes crevées pour nous en nourrir.
    — Nous étions indigné qu’on nous obligeât à faire ces autopsies, à faire des ensemencements et à rédiger des rapports pour déterminer les causes de la mort d’un lapin, en sachant qu’au même moment, ces assassins qui nous ordonnaient ce travail, étaient en train de faire gazer et brûler des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants innocents.
    — Un dernier exemple de la bestialité et de la perversité des médecins allemands. Le Standortarzt (médecin de la Place) S.S. Sturmbannführer, docteur Wirtz, ce renommé gynécologue, qui choisissait des femmes pour les utiliser comme cobayes, nous a adressé au laboratoire, en juillet 1944 – à cette même époque la barbarie allemande gazait chaque jour 6 000 hommes, femmes et enfants innocents – nous a adressé, disons-nous, dans une enveloppe un tout petit lapin crevé âgé d’environ cinq jours, accompagné d’une lettre nous demandant de déterminer les causes de la mort de ce pauvre animal. Nul ne pourrait imaginer notre fureur et notre indignation devant de telles horreurs. Et toujours avec un semblant de sérieux nous étions obligés de pratiquer l’autopsie de ces animaux, de faire des cultures et de rédiger un rapport pour expliquer pathologiquement le décès de ces animaux. Comment ces médecins tenteront-ils de justifier la mort de nos parents, de nos femmes, de nos enfants, de nos frères et sœurs, enfin de tant de millions d’êtres humains massacrés par eux ? Évidemment, le caractère du peuple allemand est anormal. Ces sensibles allemands peuvent pleurer la mort d’un petit chien, mais peu leur importe celle de centaines de milliers de gens qu’ils massacrent froidement pour en exploiter les cadavres.
    — Notre chef, le docteur Weber, avait entrepris divers travaux scientifiques et pour tous ces travaux il y avait toujours des détenus qui lui servaient de cobayes. Après son grand dada qui était les globulines (sérum test pour groupes sanguins), il voulait trouver un diurétique ; ce fut un jour des cafards desséchés et broyés que les détenus devaient avaler à doses différentes. Ceux-ci étaient soumis à un régime spécial, c’est-à-dire ne devaient rien manger ni boire pendant vingt-quatre heures et les urines leur étaient prélevées par une sonde à demeure.
    — Des examens histologiques (docteur Lévy, Coblentz et professeur Klein, de Strasbourg) et bactériologiques (professeur Tomasek, de Brno) furent entrepris sur les cafards. L’examen bactériologique a montré que l’hôte habituel de l’intestin et de tout l’organisme de cet insecte est le B. Prodigiosus ; c’est probablement au pigment sécrété par cette bactérie qu’est due la couleur de l’insecte.
    — Le docteur Delmotte fit sa thèse sur les modifications du suc gastrique au cours du typhus exanthématique ; dans ce but il prélevait plusieurs fois par jour à des détenus malades leur suc digestif et les torturait pour cette opération.
    — Le docteur Munch, lui, manquait de suite dans les idées et commençait presque tous les jours un nouveau sujet. Nous tenons à signaler spécialement son travail sur le traitement du rhumatisme articulaire. Il prétendait que l’origine de ces douleurs rhumatismales provenait de granulome dentaire et qu’en faisant des injections des filtrats streptococciques (cultivés à partir de ces granulomes) à des rhumatisants, on devait assurer leur guérison. Il y avait à l’hôpital, à Auschwitz, quelques rhumatisants. C’est ainsi que le docteur Munch leur arrachait les dents l’une après l’autre pour que les streptocoques grands et petits, puissent

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