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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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trompe ?
    – Nullement, Majesté. Mais ce que je vois fort bien, ce sont de gros nuages noirs qui nous font présager un orage.
    – Vous avez raison, palsambleu ! Pressons le pas, sinon, nous risquons d’être pris dans la tempête.
    M. de Senlis jeta un regard vers les nuées qui accouraient de toutes parts, formant un épais rideau sombre, et un sourire malicieux souleva sa fine moustache.
    – Par la barbe du Père Éternel ! murmura-t-il, si nous étions de connivence avec le Ciel, celui-ci ne pourrait se montrer plus propice !
    Ils galopèrent un moment en silence. Mais toujours les arbres, les buissons… et le grand silence forestier.
    – Allons ! fit le roi avec découragement, je crois qu’il nous faudra coucher ici !
    – Attendez donc, Majesté… fit tout à coup Senlis, feignant de se reconnaître soudain. Il me semble que… mais oui…
    – Que voulez-vous dire, Monsieur ?
    – Si mes souvenirs sont exacts. Sire, nous nous trouvons tout près d’un pavillon de chasse, où du moins, nous pourrons nous reposer un peu et laisser passer l’orage…
    – Ce serait parfait ! s’écria Louis. Où est donc ce bienheureux pavillon ?
    La nuit était venue, complètement, et noire comme de l’encre.
    – Il me semble que nous devons suivre ce chemin, Sire, et aussitôt passé le tournant, nous l’apercevrons, si toutefois le diable ne nous jette pas de la poix dans les yeux.
    – Allons !
    Ils se remirent en route. Dès le tournant franchi, une masse sombre se profila. Une lueur brillait à travers les vitres d’une fenêtre.
    – Tiens ! s’écria Sentis, feignant l’étonnement. Je crois que quelqu’un s’est trouvé dans notre cas !
    – Espérons que le premier occupant voudra bien nous donner l’hospitalité.
    Senlis sauta à bas de son cheval et heurta l’huis du pommeau de son épée.
    – Qui est là ? dit une voix de femme.
    – Le Roi !
    La porte s’ouvrit aussitôt, et la figure spirituelle de Marie de Rohan parut.
    – Quoi, Madame la duchesse, c’est vous qui aviez choisi ce refuge ? s’écria Senlis.
    – Je ne suis pas seule, monsieur le comte ! Sa Majesté est avec moi…
    Anne d’Autriche parut à son tour.
    – Madame, dit Senlis en s’inclinant profondément, Sa Majesté s’est égarée dans le bois avec moi, et fuyant l’orage, nous sommes venus jusqu’ici…
    – Soyez les bienvenus ! dit gracieusement la reine. Nous allions précisément souper. Marie et moi… Voulez-vous partager notre modeste repas ?
    Le dîner était délicat, la chère abondante et choisie, les vins généreux. Louis XIII, affamé par la longue course fournie, but et mangea avec l’entrain d’un vieux routier. Senlis et M me  de Chevreuse furent étincelants d’esprit. Anne d’Autriche leur donna la réplique. Ce fut un souper fin comme le roi n’en avait pas encore connu. Lui-même se sentait tout autre, dans cette atmosphère légère et pétillante comme le vin qu’on lui servait généreusement. Un grand feu de bois flambait dans la cheminée. Dehors, de larges gouttes de pluie claquaient sur le toit moussu…
    Cependant, l’heure s’avançait. Au loin, les grondements de l’orage s’éloignaient. Senlis se leva.
    – Sire, dit-il en s’inclinant, permettez-moi maintenant de prendre congé.
    – Hé ! quoi ! Senlis, vous ne restez pas ? Vous allez vous perdre, mon pauvre ami !
    Un imperceptible sourire erra sur ses lèvres.
    – Ma bonne étoile me guidera. Sire ! Mais je dois avertir au château que vous avez trouvé refuge ici, avec Sa Majesté, sinon, on s’inquiétera…
    Marie de Rohan s’inclina à son tour.
    – Que Vos Majestés me donnent le même congé… Je regagne aussi Saint-Germain…
    – Madame, dit le roi, je ne peux autoriser ce départ, la nuit, par ce temps exécrable… Attendez le jour ici…
    Une lueur espiègle fit briller les yeux de la belle duchesse.
    – Que Votre Majesté me pardonne ! Mais comme il n’y a céans qu’une seule couche…
    Une rougeur soudaine parut sur les joues de Louis XIII tandis qu’un vif embarras se peignait sur son visage. Mais Marie ne lui laissa pas le temps de réfléchir.
    – Je suis infiniment reconnaissante à Votre Majesté de sa sollicitude… Mais sous la protection de M. de Senlis, je ne risquerai rien…
    – Allez donc, et que Dieu vous garde ! soupira le roi, peut-être moins fâché qu’il voulait le laisser paraître de ce tête-à-tête forcé.
    La

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