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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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officiers auprès de Castel-Rajac, avec ordre de le ramener près de lui, ainsi que son fils.
    Afin de donner toute sécurité à Gaëtan, l’émissaire du cardinal n’était autre que le marquis de Navailles. Il était porteur d’un sauf-conduit qui donnait toutes garanties à Castel-Rajac et à l’enfant.
    Tout d’abord, le Gascon hésita. Il se dit :
    – Si c’était un piège ?
    Avec sa franchise habituelle, il ne se gêna nullement pour faire part de ses soupçons à M. de Navailles.
    – Monsieur, lui dit-il, j’ai charge d’âme. Je respecte Son Éminence. Mais je ne puis oublier que j’ai été appelé à jouer vis-à-vis d’Elle un rôle qu’elle ne m’a peut-être pas encore pardonné…
    – Chevalier, répondit le marquis de Navailles avec non moins de franchise, si cette invitation était un guet-apens, jamais Son Éminence n’aurait osé m’envoyer comme émissaire !
    Cette fière réponse décida Castel-Rajac.
    – Si vous le désirez, ajouta Navailles, je puis vous donner ma parole d’honneur que les intentions du cardinal sont pleines de bienveillance, et que vous n’avez à redouter aucune traîtrise.
    – Monsieur le marquis, votre parole d’honneur est plus que suffisante ! Votre première réponse me satisfaisait déjà, et je suis prêt à partir avec mon fils quand il vous plaira !
    Dès le lendemain, ils se mirent en route. Le petit Henry était alors un délicieux bambin de quatre ans, déjà solide et éveillé.
    Richelieu les reçut dans une grande salle du château où était né Henri IV.
    Déjà marqué par la mort, le visage amaigri, les mains osseuses et quasi squelettiques, l’œil toujours aussi lumineux, il semblait, au seuil du tombeau, plus grand encore qu’au sommet de sa vie.
    Malgré son audace naturelle Gaëtan-Nompar-Francequin de Castel-Rajac se sentit tout à coup dominé par la majesté de celui qui, depuis tant d’années, était le véritable roi de France.
    Au regard bienveillant que « l’homme rouge » lui adressa, et à l’appel affectueux de la main qu’il fit au petit Henry qui le contemplait d’un air un peu effarouché, mais respectueux, comme si, d’instinct, il devinait qu’il se trouvait en face d’une des plus grandes forces humaines qui eussent jamais existé, l’ami de la duchesse de Chevreuse comprit que M. de Navailles lui avait dit la vérité, et qu’il avait bien fait de ne point se dérober à l’appel du cardinal-ministre.
    Celui-ci, d’une voix grave, lui dit :
    – Monsieur le chevalier, si je vous ai mandé près de moi, ce n’est point dans un sentiment de curiosité, et encore moins de rancune ; c’est parce que je voulais, avant de mourir, avoir de votre bouche toute la vérité.
    Et, attirant l’enfant près de lui, il les regarda successivement avec beaucoup d’attention, puis il reprit :
    – Je voudrais vous parler seul un instant.
    Gaëtan prit le petit par la main et, l’emmenant au bout d’une vaste salle, près d’une grande fenêtre qui donnait sur la cour d’honneur, il lui dit :
    – Regarde tous ces cavaliers… regarde-les bien, afin d’être un jour comme eux !
    L’enfant s’absorba dans la contemplation des officiers et des gardes qui cavalcadaient sur le pavé. Le Gascon revint alors vers Richelieu, qui se disait :
    – Il n’est pas encore tranquille, puisqu’il n’a pas voulu emmener le petit hors de sa présence. Cela prouve qu’il est aussi prudent que brave et cela n’est point pour me déplaire.
    Castel-Rajac, qui s’était approché de Richelieu, attendait, dans une attitude pleine de déférence, que celui-ci daignât lui adresser la parole. Après l’avoir considéré pendant un instant l’homme rouge reprit :
    – Savez-vous, monsieur le chevalier, que vous avez été mêlé à une aventure qui aurait pu vous coûter la tête ?
    – Je le sais, Éminence !
    – Sans doute, vous êtes-vous étonné qu’après la tuerie du château de Montgiron, je n’eusse point songé à châtier ceux qui avaient massacré mes gardes ?
    Avec sa netteté habituelle, Gaëtan répondait :
    – J’ai supposé que Votre Éminence avait perdu ma trace, ainsi que celle de mes amis !
    – Il n’en était rien, monsieur ! À peine un mois après votre rébellion, je connaissais le lieu de votre retraite, et si je vous ai épargné, c’est que j’ai appris que vous aviez agi en très bonne foi, et que si vous aviez pourfendu plusieurs de mes meilleurs

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