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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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phrase de l’instant précédent était un effet du hasard. Mais Richelieu, sachant à qui il avait affaire, n’en était pas absolument certain.
    Le prélat se recueillit quelques instants, cherchant une solution. Enfin, il prononça d’un air grave, méditatif :
    – Eh bien ! gardez-le ! Mieux vaut qu’il soit entre vos mains que dans celles de bien d’autres ! Faites-en, ainsi que vous le proposez, un beau gentilhomme, dévoué à son roi et à son pays. C’est tout ce qui pouvait arriver de plus heureux à cet enfant. Mais je voudrais lui parler, à lui…
    Castel-Rajac, enchanté de la tournure qu’avait prise l’entrevue, appelait déjà :
    – Henry ! Henry, viens saluer Son Éminence…
    L’enfant s’empressa d’accourir, et s’inclina gracieusement devant Richelieu, qui, tout en le contemplant avec une expression de douceur et de bonté que nul, peut-être encore ne lui avait connue, fit, en désignant le jeune chevalier qui s’efforçait de comprimer son émotion :
    – Mon enfant, regarde bien ton père. C’est un vaillant gentilhomme qui ne peut que te donner de bons exemples. Aime-le sans cesse. Imite-le toujours. Et plus tard, quand tu seras grand, tu te souviendras que peu de temps avant qu’il ne s’en fût rendre ses comptes à Dieu, le cardinal de Richelieu ne t’a pas donné sa bénédiction, parce qu’on ne bénit pas un ange, mais a imprimé sur ton front un baiser affectueux.
    Le cardinal approcha ses lèvres du front que lui tendait le fils de Mazarin et d’Anne d’Autriche. Puis, le contemplant encore, il murmura :
    – Comme il ressemble à son frère !
    Et tout à coup, il fit :
    – Chevalier, vous pouvez vous retirer avec votre fils. Veillez sur lui, car il se peut qu’un jour, de graves dangers le menacent, et ce ne sera pas trop de votre épée pour les écarter de son chemin…
    Castel-Rajac s’inclina profondément devant le premier ministre et sortit.
    En emmenant l’enfant, les paroles prononcées au cours de cet entretien lui revinrent à la mémoire. Il songea :
    – Pour que le cardinal m’ait parlé de la sorte, et témoigné en présence de cet enfant un trouble aussi profond, il faut que mon fils soit celui d’un bien grand personnage et d’une bien grande dame !
    Comme il se faisait tard, le chevalier, ne voulant pas voyager de nuit, à cause du jeune Henry, auquel il voulait éviter les fatigues d’un déplacement nocturne, se décida à souper et à coucher dans la ville de Pau.
    Ses moyens, plutôt restreints, ne lui permettaient de se rendre que dans une très modeste auberge.
    C’était une hostellerie où se rencontrait un monde plutôt mélangé. Ce qui ne l’empêcha nullement de manger avec un superbe appétit, ainsi d’ailleurs que le petit Henry, qui, pendant tout le repas, se montra d’une grande gaieté.
    Ce ne fut qu’à la fin du souper que ses yeux commencèrent à papilloter. Et Gaëtan, qui veillait sur lui avec autant de vigilance qu’une mère, l’emmena se coucher dans la chambre qu’il avait retenue au second étage de la maison.
    Quand le petit fut dévêtu et endormi, comme il était trop tôt pour qu’il en fasse autant, Castel-Rajac descendit dans le jardin et s’en fut s’asseoir sur un banc, dans un bosquet, où il se mit à rêver à la jolie Marie de Rohan, devenue l’idole exclusive de sa vie.
    Mais bientôt, son attention fut attirée par un murmure de voix assez rapproché.
    – Mordiou ! pensa-t-il. Quels sont ceux qui prennent les arbres comme confidents ? C’est quelquefois une méthode dangereuse…
    Il distingua plusieurs voix d’hommes. Il prêta l’oreille. Soudain, l’un d’eux prononça un nom qui le fit tressaillir.
    – Sangdiou ! Serait-ce la Providence qui m’a guidé jusqu’ici ? fit-il entre ses dents.
    Le chevalier n’avait plus envie de rire. Sans doute les paroles qu’il entendait étaient-elles de la plus haute gravité, car son visage revêtit une expression d’inquiétude assez vive.
    Maintenant, il s’était levé, et, à pas de loup, prenant bien garde de ne point faire craquer sous ses semelles quelque brindille, il s’était approché autant qu’il l’avait pu du groupe dont il n’était séparé que par un simple buisson.
    Retenant sa respiration, il écouta quelques instants de la sorte. Enfin, il se redressa lentement. Les personnages dont il venait de surprendre les propos s’éloignaient maintenant dans la direction de la

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