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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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soldats c’était uniquement pour tenir le serment d’honneur que vous aviez fait à la duchesse de Chevreuse, dedéfendre jusqu’à la mort l’enfant qu’elle vous avait confié.
    Tout en s’inclinant légèrement, Gaëtan répondait :
    – Je constate que Votre Éminence est admirablement renseignée !
    – Maintenant, monsieur, j’ai une question très grave à vous poser. Elle est même la vraie raison pour laquelle je vous ai fait venir ici.
    Tout en fixant dans les yeux le Gascon, qui soutint son regard avec la tranquille énergie d’une âme sincère, il dit :
    – Connaissez-vous le père et la mère de cet enfant ?
    Spontanément, l’amant de la belle Marie répliquait :
    – Le père… je m’en doute un peu…
    – Il est inutile de me dire que c’est vous, coupait Richelieu, car je ne vous croirais pas, bien que vous l’eussiez déclaré sur le registre de baptême de l’église de Saint-Marcelin. D’ailleurs, cela n’a que peu d’importance… Mais la mère… Connaissez-vous la mère, ou plutôt, le nom de la mère ?
    – Non, Éminence…
    – La duchesse de Chevreuse n’a jamais laissé échapper devant vous aucune parole qui fût de nature à éveiller vos soupçons ?
    – Jamais, Éminence !
    – Et vous, n’avez-vous même point cherché à pénétrer ce secret qui doit être d’importance, puisqu’on a fait autour de lui un si grand mystère ?
    – Non, Éminence…
    – Vous me le jurez ?
    – Je vous le jure…
    Le cardinal garda un moment le silence. Puis il reprit :
    – Êtes-vous ambitieux, chevalier ?
    Castel-Rajac sourit.
    – Oh ! pas du tout ! J’aime mon pays, son soleil, ses paysages ; cette vie simple me suffit, et je ne demande ni la richesse, ni la gloire.
    – Cependant, vous me paraissez doué de qualités telles qu’il est dommage de penser qu’elles demeureront stériles… Vous n’êtes guère fortuné, mais vous êtes de bonne souche. J’ai là, dans cette cassette, un brevet de colonel. Que diriez-vous si je le signais ?
    Le chevalier s’inclina.
    – Éminence, je serais pénétré envers vous de la plus profonde reconnaissance…
    Et, avec finesse, il ajouta :
    – Il va donc y avoir la guerre ?
    Richelieu répliqua :
    – Pourquoi me dites-vous cela ?
    – Mais, Éminence, parce que s’il n’y a point de guerre, il n’y a pas lieu de me nommer colonel !
    – Et s’il y a la guerre ?
    – Eh ! mordiou, je me battrai en soldat !
    Le grand cardinal dissimula un rapide sourire. Cette verve gasconne l’amusait. Il étendit la main pour saisir la cassette et mettre sa promesse à exécution. Mais le chevalier l’arrêta respectueusement.
    – Pardonnez-moi, Éminence… Mais il existe un motif qui m’interdit l’honneur et la joie d’accepter l’immense faveur que vous daignez me proposer…
    Le cardinal prit un air interrogatif.
    Alors, Castel-Rajac, désignant le petit Henry qui continuait à regarder dans la cour les évolutions des cavaliers, fit, avec une profonde tendresse :
    – Qui s’occuperait du petit ? Le confier à mes parents ? Car je suis célibataire et j’entends le rester. Ma pauvre maman est bien âgée et… je ne devrais point dire cela devant un prince de l’Église, elle est un peu trop dévote.
    De nouveau, un sourire furtif courut sur les lèvres du grand cardinal.
    Encouragé par cet accueil, Gaëtan continua :
    – Le confier à des étrangers ? Je ne serais pas tranquille… Je préfère être à la fois son père nourricier et son éducateur, et quand je le vois déjà, si ardent et si beau, et puis quand je découvre dans sa petite âme, qui s’épanouit peu à peu, de belles promesses, j’ai l’impression, Éminence, que je suis en quelque sorte le gouverneur d’un prince charmant qu’une bonne fée aurait déposé devant ma porte !
    À ces mots, qu’il prit pour une transparente allusion, Richelieu eut un imperceptible tressaillement, et son regard aigu fouilla celui du Gascon.
    Mais celui-ci resta impassible. Il acheva, avec tendresse :
    – Et puis, je l’aime tant !
    – Autant que s’il était vraiment votre fils ?
    – Il l’est, Éminence !
    Le cardinal-ministre comprit qu’avec ce fin matois, il n’aurait jamais le dernier mot. Castel-Rajac savait-il ou ne savait-il pas la vérité ? À vrai dire, le gentilhomme, s’il se doutait que son pupille était d’illustre naissance, ne soupçonnait point encore son origine royale, et sa

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