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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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cours, sa bonne mine et ses talents ont attiré les regards bienveillants de l’olympe souverain.
    – Mais…
    – Point de mais. Alors quoi ? Le pourquoi de ces sentiments mêlés ? Allons, rentrez en vous-même et considérez votre position. Il faut accepter ce que l’on est. Vous voyez le roi comme d’autres l’horloge du Palais, vous parlez aux ministres auxquels à l’occasion vous désobéissez…
    – Soit, mais…
    – … Sous deux rois, les secrets de l’État ont été pour vous des livres ouverts. Vous avez des aïeux à l’antiquité vérifiée, un château, le droit de justice sur vos gens, une sœur à l’abbaye royale de Fontevraud, vous poursuivez sur terre les ennemis du souverain et vous les combattez sur mer et vous voilà chevalier de Saint-Louis, bref vous êtes un seigneur…
    Nicolas fit un geste de dénégation.
    – Ma foi, oui ! Que vous le vouliez ou non. Et même, il ne vous manque que d’avoir des dettes pour être un grand seigneur. Maître Vachon, votre tailleur et le mien, se plaint d’ailleurs que vous payiez ses mémoires rubis sur l’ongle, ce qu’il trouve furieusement bourgeois. Un homme , répète-t-il à satiété, qui a parlé de moi au roi !
    Cela tira un sourire à Nicolas.
    – Et maintenant, ne pensez-vous pas que vingt ans de services éminents justifient la faveur dispensée à votre famille ? Ce n’est point par brigue, cordieu, que cela s’est obtenu ! Vous n’étiez pas né pour être courtisan et le chanoine Le Floch n’était point archevêque. Vous n’avez jamais rampé, comme tant d’autres, pour remplir votre destin. Aussi prenez ce qui vous est donné d’une âme égale, la même que vous opposeriez à des revers de la fortune. Comme ses pères et comme vous, Louis servira le roi. Il promet beaucoup. Préféreriez-vous pour lui le sort commun d’avoir à se jeter dans d’autres voies pour lesquelles il n’aurait ni vocation ni dispositions ? Le verriez-vous avec plaisir tonsuré avec un gras bénéfice ? Peuh !
    – Vous avez raison, je ne suis qu’un sot.
    – Sans aller jusqu’à ces extrémités oratoires, je pense que ce qui vous étreint est d’une autre nature. Votre affaissement inquiet suggère des soucis dont le principal, que je devine, est d’un domaine si intime que je me garderais bien d’y pénétrer. Il ne faut point tenter d’ôter les épines de l’âme… Suivez mon conseil, prenez ces choses comme elles vous sont données. Comme le répète notre ami La Borde, le souverain bonheur est de posséder ce qu’on aime et d’aimer ce qu’on possède. Un jour, la vérité surgira sans que vous l’ayez voulu ni recherchée. Il n’est point de secret que le temps ne révèle . Alors, vous vous direz : le vieux Noblecourt avait raison. En attendant, monsieur le commissaire, replongez-vous dans une enquête qui me semble de plus en plus confuse et difficile à éclairer.
    – Comme toujours, vous avez raison, mais j’avais besoin de vous ouvrir mon cœur.
    – Enfin… de l’entr’ouvrir.
    Naganda apparut qui fit diversion.
    – Ah ! Voilà l’homme du Nouveau Monde . Paris a-t-il tenu ses promesses ?
    – Monsieur, mille fois ! J’y ai admiré des splendeurs à nulles autres pareilles. Mais quelle presse effroyable ! J’ai vingt fois failli me faire écraser par d’insolents équipages précédés de molosses qui ne respectent rien ni personne. J’ai même dû me réfugier sous la flèche d’un carrosse et, dans cette situation, je fus très heureux de n’avoir que le corps macéré. Pour le coup, ma vigilance d’esprit m’a sauvé la vie.
    – Dieu soit loué ! dit le procureur qui se souvenait parfois être marguillier de sa paroisse. Je vous suppose un corps souple de coureur des bois, apte à échapper aux dangers de la ville. Et quelles furent vos autres occupations ?
    – J’ai visité le Louvre, émerveillé de la beauté de ses appartements. Arrivant à l’improviste dans l’un de ses salons, j’ai eu la chance d’assister à une séance de l’Académie des sciences. L’un des savants, après m’avoir envisagé, m’a interrogé sur mon peuple. La conversation fut bientôt générale et M. de Buffon, j’ai pensé que c’était lui, a souhaité des précisions sur les habitudes des ours de nos régions.
    – Les ours ! M. de Buffon ? Peste, comme vous y allez ! La Gazette de France et le Mercure vont s’empresser de parler de vous. Vous voici

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