Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
contraint. Je vous prie d’excuser l’inspecteur. Il croit encore en certaines pratiques qui ont leur justification dans des affaires aussi délicates. Elles ont fait leurs preuves. À tout hasard, faites passer à Monsieur de
Paris. Qu’il soit à notre disposition ce soir au Châtelet, dans la salle ad hoc .
    – Inutile d’aller le quérir, il doit y être encore après le rapide interrogatoire d’un des amis de monsieur.
    Une sueur d’angoisse envahit soudain le visage du notaire dont la céruse et le carmin dégoulinaient.
    – Maître, c’est la fièvre, sans doute ? Une saignée ou l’usage de quelques instruments rougis à blanc dans un brasero vont s’avérer nécessaires. Pour la dernière fois, acceptez-vous de parler ?
    Le silence seul répondit à la véhémence de Nicolas.
    – Soit. Je vais vous conter une histoire, et des meilleures. Je suis, dit-on, doué autant qu’apprécié dans cet exercice. Deux amis ont été enlevés. Un mystérieux message m’est parvenu : ils seraient libérés contre remise d’un certain papier. Ce papier, non seulement menace des hommes en place, mais peut compromettre gravement les intérêts du roi dans la présente guerre. Vous savez bien sûr de quoi je veux parler.
    L’homme ne cilla pas, buté dans son silence.
    – On ne traite pas l’État ainsi, monsieur ! Vos sicaires ont été interceptés et les otages libérés rue de Sèvres, au Combat du Taureau… Terrain qui, au passage, semble vous appartenir ? Non ?
    Un tremblement agitait l’une des jambes du notaire. Il baissait la tête sans répondre
    – … L’un a été tué, l’autre, blessé, a été conduit à la basse-geôle ; enfin dans une salle proche où M. Sanson procède aux cérémonies de la question. Vous verrez, vous l’apprécierez. C’est un honnête homme, un maître dans son art, un artiste dans son genre. Il était disponible, voilà qui tombait à pic !
Au troisième degré, l’homme a parlé. Ah ! Les brodequins…
    – Il ne pouvait pas me connaître ! s’esclaffa Gondrillard.
    – Quel étrange aveu ! Et ambigu ! Mordez-vous la langue, c’est un mot de trop. Que signifie-t-il à ceux qui vous écoutent ? Que vous n’avez pas traité d’homme à homme avec ce bandit-là ? Que vos instructions lui ont été transmises par un tiers ? Par cet Anglais, peut-être ? Reste à nous expliquer comment il possédait l’adresse et la clé de votre petit caveau et à qui était destinée la cellule à deux paillasses que nous y avons admirée. Si vous êtes innocent comme vous osez le prétendre, quelle suite calamiteuse de coïncidences ! Vit-on jamais agneau innocent plus chargé de péchés ! Vous demeurez coi. Et cette cheminée pivotante, elle sert à vos plaisirs ou bien à vos amis ? Ou aux deux !
    – Monsieur, elle me vient de famille, jeta Gondrillard.
    – Qu’est-ce à dire ?
    – De l’aïeul de ma femme, conseiller au parlement, de qui nous tenons cette demeure. Durant les troubles civils de la Fronde et après l’arrestation de son confrère M. Broussel, il prit la précaution de se ménager une issue dans le cas où l’on serait en passe de l’embastiller.
    – C’est de famille ! Et le pain frais, et l’eau, ils datent du seigneur Giulio et de la reine Anne ?
    Le silence retomba. Nicolas sentit qu’il fallait en venir aux grands moyens.
    – Libre à vous, monsieur, de vous enfermer dans le déni ou le mensonge. Ces tours de souplesse ne vous sauveront pas. S’il s’avère impossible de vous déterrer quelques propos, le destin va suivre son
cours inexorable. Pour commencer la Bastille, car en toute occurrence vous n’y échapperez pas. Après tout c’est une tradition de famille ! Compte tenu des charges, présomptions et accusations qui pèsent sur vous, à savoir du moins au plus grave, faux, détournement de fonds confiés à votre office, complicité de meurtre sur un agent royal assassiné aux Porcherons en l’hôtel de Chamberlin, et tentative de meurtre sur un commissaire de police au Châtelet. À cela s’ajouteront enlèvement, violences et chantage. Enfin ce crime capital : espionnage et conspiration au profit d’une cour étrangère et haute trahison. Je vous laisse imaginer votre sort. Ouf, j’allais en perdre le souffle !
    – Représentez-vous, monsieur, ajouta Bourdeau, suave, ce qui vous attend. Sur l’heure vous disparaissez. Jeté dans un cul de basse-fosse, au milieu de la vermine, vous

Weitere Kostenlose Bücher