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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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nous ce que vous avez si bien commencé et accompagnez nos amis.
    Alors qu’ils franchissaient la porte, Le Noir appela Nicolas près de lui.
    – Nicolas, dit-il à mi-voix, je ne doute pas de la discrétion de votre ami. Il vous sera de grande utilité pour confirmer les causes de la mort de M. de Chamberlin. Toutefois, je dois vous préciser en confidence que cette affaire, si l’intention criminelle prend corps, n’est pas banale…
    Laquelle des enquêtes traitées par lui depuis vingt ans l’était ? songea Nicolas. Ce n’était pas pour rien qu’il était commissaire aux affaires extraordinaires.
    – … L’homme a occupé naguère des fonctions très particulières à la Trésorerie générale de la Marine. Elles l’ont conduit à connaître des questions plus que secrètes, à voir passer dans ses mains des pièces qui seraient de nature à compromettre bien des gens, et des plus huppés. De fait, il est probable que sa mort rassurerait ceux dont un mot de lui ou la publication d’un papier pourrait ruiner la réputation sinon l’honneur. Ainsi Maurepas m’avait ordonné naguère d’intercepter les papiers d’un courtisan qui venait de mourir. Cet homme avait tenté de s’insinuer auprès de la personne du roi et ensuite de prendre crédit sur son esprit, d’où une correspondance suivie. Ses cartons furent saisis et présentés à Sa Majesté qui enleva lui-même les scellés avant de détruire les lettres en question. Veillez donc avec la plus grande circonspection à tout ce que vous pourrez découvrir qui s’avérerait sortir de l’ordinaire. Me suis-je bien fait entendre ?
    – Certes, monseigneur.
    – M. de Chamberlin appartient à cette catégorie d’hommes que leurs responsabilités… Mais je n’en
ai que trop dit et je retarde une mission des plus urgentes.

    Nicolas, pensif, rejoignit Gévigland, méditant les réflexions que lui inspiraient les recommandations du lieutenant général de police. Bourdeau les accueillit dans la voiture. Pour susceptible qu’il fût quant aux amitiés de Nicolas, le docteur de Gévigland parut lui plaire. Il est vrai que l’inspecteur, révérencieux de tous les talents et déférent envers les hommes de science, leur réservait toujours son abord le plus obligeant. Même en Sanson, le bourreau, il avait toujours privilégié l’honnête homme, à la culture et aux connaissances étendues. Nicolas le mit succinctement au fait du cas qui les réunissait.
    Le fiacre de service – on avait rendu son carrosse à M. Le Noir – cahotait, suivi de près par la voiture du docteur. Ils quittèrent la rue Neuve-des-Capucines, traversèrent le boulevard de la Madeleine et s’engagèrent dans la rue de la Chaussée-d’Antin.
    – Combien cette banlieue a changé ! murmura Nicolas. Je l’ai connue quasi campagnarde avec des bois, des jardins maraîchers et des marais. J’y ai joyeusement chassé le canard et la sarcelle avec le feu roi !
    – Hors les murs, ou plutôt au-delà des barrières, c’est partout ainsi, dit Gévigland. Depuis la paix de 1763, l’essor des constructions n’a pas cessé. De nouveaux quartiers surgissent comme champignons à l’automne, à l’ouest et au nord-ouest de notre capitale.
    – Il y a du grain à moudre et certains y font leur farine, ricana Bourdeau. Aux Champs-Élysées, le surintendant des finances du comte d’Artois, Radix
de Sainte-Foix, a spéculé en prête-nom avec des sous-mains. Il a acquis pour le prince, et pour lui-même, cela s’entend, d’immenses terrains. Habilement lotis, ils ont été ensuite revendus à hauts prix ; le total de l’opération n’étant pas la somme des parties…
    Nicolas qui ne goûtait guère le tour que prenait la conversation ne relança pas, mais Gévigland sembla approuver les propos de Bourdeau.
    – L’inspecteur parle vrai. Il y a plus d’un an que cette spéculation a débuté. Elle s’étend aussi du côté de Clichy où le prince s’est adjoint son frère Provence, des banquiers et des fermiers généraux. Je crois bien que M. de Ravillois fait partie du lot. Les sites libérés par la vente des biens monastiques, notamment ceux des Mathurins, entrent dans des combinaisons identiques. De tout cela la transformation des lieux que vous avez si justement observée, mon cher Nicolas. Les profits ont été considérables. Reste que M. de Ravillois mène grand train.
    – Mais que ses revenus, comme ceux de ses semblables, ont sans doute

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