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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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temps de nos rois Valois s’effondrer de la sorte ?
    – Les horlogères de la mort ?
    Interloqué, Le Noir suspendit un moment son travail.
    – Que dites-vous là, Nicolas ?
    – Des insectes, monseigneur, qui rongent le bois, le dévorent et l’affaiblissent. Elles tirent leur surnom des bruits réguliers qu’elles produisent.
    – C’est à considérer, dit Gévigland, sceptique, mais ce qui ajoute surtout à mon désarroi, c’est l’attitude du vieux valet de chambre du défunt. Il m’a confié redouter qu’on ait voulu attenter à la vie de son maître. Sur quoi se fondait cette assertion ? Je l’ignore. Dans l’expectative, j’ai refusé mon aval, le neveu s’est résigné. J’ai fermé la porte de la chambre et empoché la clef en dépit des cris de la famille, enfin de la famille… et me suis fait conduire à l’hôtel de police.
    Plongé dans une profonde méditation, Nicolas ne paraissait plus rien entendre.
    – Je pensais, poursuivit Gévigland, que monseigneur saurait prendre en compte mes inquiétudes et ordonner en conséquence les mesures appropriées.
    – Et vous en avez agi avec raison, monsieur ! lança Le Noir, émergeant soudain de ses papiers. Rien ne nous est indifférent de tout cela et, pour tout vous dire, la nature même…
    – Ainsi, dit Nicolas qui poursuivait une idée, activité qu’il savait dangereuse d’interrompre, une femme, sans doute âgée, est intervenue pour critiquer votre décision. Je puis sans doute en déduire qu’il s’agit de la mère de M. de Ravillois. Ai-je tort ?
    – Mais… enfin ! balbutia Gévigland stupéfait. Comment est-ce possible ? Vous avez un don de double vue ! C’est vrai, la mère de M. de Ravillois, Mme Bougard…
    – Bougard ?
    – Oui, Bougard, Ravillois est le nom de famille de sa bru. Le mariage a permis au mari d’en user. Elle m’a donc très méchamment accablé, tenant des propos insultants sur le désordre que j’apportais dans une famille honorable qu’il convenait de laisser à son deuil.
    – Laissez-moi, mon ami, vous éclairer la voie, car rien n’est plus simple. Il suffit d’écouter avec la plus extrême attention le menu de vos propos. Il y a des mots et des inflexions qui ne trompent pas. À deux reprises, vous avez laissé échapper des réticences. La première suggérait que toute la famille n’éprouvait pas la même appréciation de la mort subite de M. de Chamberlin, la seconde, qu’une personne s’était élevée contre vos propositions raisonnables.
    – Je vous suis, mais de là à désigner…
    – Prêtez-moi attention. Vous avez affirmé être le médecin de M. de Ravillois et de sa famille. J’ai sup
posé que des enfants encore jeunes vivent à demeure. Ils ne sont pas d’âge à manifester leur opinion dans une affaire aussi grave. Qui restait-il ? Le domestique 7 se tient coi. L’épouse, nièce du défunt, aussi ; elle suit l’opinion de son mari. Pouvait-elle s’y opposer ? Ce n’est pas impossible, mais peu probable. M. de Ravillois vient de faire édifier cet hôtel, son père doit être mort. Donc sa mère me paraît la seule personne susceptible – et capable – de parler avec autorité.
    – C’est en effet d’elle qu’il s’agit. Je suis…
    – Il est ainsi, dit Le Noir avec un air d’orgueil contenu. Il nous surprend toujours, notre Nicolas !
    – Ce n’est rien d’autre qu’application d’une logique raisonnée à partir de l’observation des faits. Le reste vient de suite sans effort. Ainsi, mon ami… ?
    – C’est vrai, la mère de M. de Ravillois m’a tympanisé de belle façon et…
    – Le temps presse, s’écria soudain le lieutenant général de police. Pour des raisons que je ne puis vous dévoiler maintenant, vous prendrez, Nicolas, toutes dispositions pour déterminer les conditions de la mort de M. de Chamberlin. Lequel n’était rien moins…
    Il lui tendit l’ Almanach royal ouvert.
    – … qu’un contrôleur général de la Marine et des colonies avec tout ce que cela sous-entend… J’ajoute que vous pratiquerez une perquisition minutieuse des papiers qu’il avait pu conserver et que, dans le cas où vous en découvririez – et vous en trouverez – qui tiendraient aux intérêts de l’État, vous les saisirez au nom du roi aux fins de me les remettre. L’inspecteur Bourdeau, que j’ai fait appeler, vous attend dans une voiture. Quant à vous, monsieur de
Gévigland, poursuivez avec

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