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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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à ce sujet ont attiré notre attention. Il avisera et nous soumettra…
    – Le peuple…
    – … est apaisé, sinon vous ne seriez pas là, rétorqua Le Noir avec une inhabituelle autorité. Il ne me plaît pas d’en entendre plus sur le sujet, ainsi donc, prêtez-moi l’oreille et chassez pour le moment cette affaire de votre esprit au profit d’une autre dont les
éléments me paraissent davantage correspondre à vos talents. Une délicate question se pose à nous.
    Que s’était-il donc passé en son absence pour émouvoir à ce point le lieutenant général de police ?
    – Au reste, ce monsieur que vous connaissez – il fit un geste de la main vers un fauteuil dont le dossier dissimulait l’occupant – va vous dresser le récit de ce qui me préoccupe autant.
    Nicolas reconnut avec surprise le visage bienveillant du visiteur.
    – Monsieur de Gévigland ! Si je pouvais m’attendre…
    – Eh, oui ! Monsieur, nous nous retrouvons, mais ce n’est pas la première fois depuis notre rencontre à Bicêtre !
    – Au fait, au fait ! s’écria M. Le Noir que la fatigue rendait rogue et impatient. Foin de politesses ! Expliquez à notre ami ce qui justifie votre venue.
    – Monseigneur, j’ai scrupule à distraire les autorités pour une impression peut-être fausse, établie sur ma seule expérience de médecin et l’acuité d’un regard auquel rien n’échappe, dit-on, capacité que je partage avec mon ami Nicolas. Or donc, ce matin, un peu après l’aube…
    – C’est-à-dire ?
    – Le soleil se lève à quatre heures 6 . Il était donc sur les cinq heures. Un jeune valet venu à cheval m’a demandé de me rendre sur-le-champ rue des Mathurins dans le nouveau faubourg qui s’étend du boulevard aux Porcherons. Un décès accidentel venait de s’y produire.
    – Une question, je vous prie. C’est bien éloigné de votre cabinet et domicile ?
    – Certes ! Mais il s’agit d’une famille dont je suis le médecin habituel. M. Jacques Bougard de Ravillois,
fermier général, vient de faire édifier un hôtel où il demeure avec sa famille. Bref, après avoir éveillé mon cocher pour qu’il attelle et m’être apprêté, j’ai quitté le faubourg Saint-Honoré vers cinq heures trente.
    – Et vous êtes arrivé à ?
    – Les rues étaient désertes. Je crois vers six heures dix. Rue des Mathurins, j’ai trouvé une famille éplorée de l’événement de la nuit, enfin presque… M. de Ravillois m’a conduit au premier à l’appartement qu’occupe l’oncle de sa femme, M. de Chamberlin. Un vieux valet suspicieux m’y fit entrer et quelle ne fut pas ma surprise devant la scène qui s’offrait à mes yeux.
    À ce moment Le Noir se mit à grogner indistinctement, sans doute excédé de devoir entendre à nouveau un récit qui venait de lui être dévidé.
    – Et de ce théâtre, reprit Nicolas, pouvez-vous me décrire les éléments marquants et les détails, même s’ils vous paraissent de prime indifférents ?
    – Un grand désordre et beaucoup de poussière répandue. En fait le ciel du lit s’était effondré, les quatre colonnes torses qui le soutenaient rompues. Le corps gisait sous les débris de bois, de courtine et de tapisseries. Après avoir soulevé une partie de cet amas, j’ai découvert M. de Chamberlin. Il avait saigné d’une plaie superficielle à la tête. Pour le reste, il m’est apparu qu’il devait avoir succombé à un étouffement et à un arrêt du cœur.
    – Comment ceux qui ont découvert le corps ont-ils constaté qu’il était mort, étant recouvert de débris ?
    – Son valet ? La main pendait à laquelle le pouls a été pris.
    – Bien, j’écoute votre récit, mon ami.
    – J’étais en droit de supposer légitimement un accident. Bois vermoulu qui se rompt et ciel qui
s’effondre, entraînant toute sa garniture. Un vieil homme à bout de forces y a trouvé la mort.
    – Il était votre patient ?
    – Je le soignais depuis l’emménagement de la famille rue des Mathurins. Je l’avais averti qu’il ne disposait que de peu à vivre et qu’il eût à prendre ses dispositions s’il en avait à parfaire. Le cœur était faible, le souffle court et la goutte menaçait de remonter à tout moment.
    – Reste ?
    – À vous dire vrai, la scène m’est apparue… Comment le dire ?
    – Suspecte ?
    – Non point ! Et pourtant… un peu surprenante. A-t-on jamais vu un lit taillé en plein chêne du

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