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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Quelques signatures en reçu.
    – Rien de moins, en effet. Et l’origine de ces fonds ?
    Il y eut un temps de silence.
    – Des subsides anglais.
    – Et cette affaire a débuté à quelle époque ?
    – Peu de temps après la mort de mon père.
    – Vous n’avez pas perdu de temps ! Votre père est mort en ?
    – En septembre 1776.
    – Et en échange de ces subsides, rien ne fut exigé de ceux qui vous les cédaient ?
    – Rien avant la mort de M. de Chamberlin, mon client. Alors tout s’est précipité. Des émissaires nouveaux se sont présentés, m’enjoignant avec des menaces de tout faire pour récupérer le seul exemplaire utilisable du traité en question.
    – Utilisable ? Il y a là un mystère que je n’entends pas. Il n’y a qu’un seul exemplaire du traité signé. Les Anglais n’auraient-ils pas disposé d’une preuve de l’engagement de traitants français dans cette affaire financière ?
    – Je vous reprends. Lorsque l’accord s’est conclu jadis, le seul papier qui fut signé par une autorité du royaume était détenu par M. de Chamberlin. Les financiers anglais ne disposaient que d’un document seulement paraphé par mon père, M. de Chamberlin et M. de Sainte-James. Celui que conservait le
contrôleur général de la Marine garantissait les financiers du côté français.
    – Ainsi Londres exigeait l’unique papier utile ? Et vous, sujet du roi, vous avez obéi à ces instances-là ?
    – Croyez qu’elles étaient menaçantes. J’étais leur prisonnier et il était nécessaire que je leur démontrasse mon empressement pour pouvoir endormir leur méfiance.
    – Et dénoncer la chose aux gens du roi ? L’idée ne vous a pas effleuré, honnête homme que vous prétendez être ?
    – Rien, monsieur, ne vous permet d’affirmer que je me lâchai à trahir mon pays et favoriser l’Angleterre, ne connaissant d’autre roi à obéir que le nôtre, ni d’autre parti à servir que la France.
    Bourdeau applaudit lentement.
    – Ne rêvons pas ! Que vous fut-il demandé ?
    – De récupérer le document qui permettait de lancer la manœuvre afin de compromettre un ministre important. Je m’en suis prudemment et sans succès ouvert à Tiburce Mauras, le fidèle valet de M. de Chamberlin. J’imaginai que, son maître mort, une honnête rétribution écarterait tout scrupule de sa part.
    – Vous avez un usage exclusif et particulier du mot honnête. Ensuite ?
    – Le reste ne fut pas de mon fait.
    – Comment vous croire ? Qui est venu de nuit, ou plutôt qui a envoyé aux Porcherons fouiller la maison Ravillois, assassinant au passage un homme du roi ? Qui a fait agresser un commissaire de police dans une ruelle ? Qui a tenté de l’enlever ? Qui possède le Combat du Taureau ? Qui avait préparé une cellule pour recevoir des otages dans sa demeure de la place Dauphine, avec son entrée discrète et sou
terraine, quai des Morfondus ? Enfin, avec qui étiez-vous en conférence lorsque j’ai surgi dans votre bureau ? Nul doute, soyez-en assuré, que celui-là aussi, comme l’autre, parlera !
    – Ce ne sont là que des facilités et moyens que je fus contraint de mettre à disposition de ceux qui avaient la main sur moi.
    – Dans cette perspective, la mort de M. de Chamberlin est survenue fort à propos. Aurait-on accéléré la chose ?
    – La maladie qui devait emporter le contrôleur général était connue. Il suffisait d’attendre. Ceux qui m’activaient ne souhaitaient nullement attirer l’attention de ce côté-là. En revanche, ils estimaient que, dans le désordre qui suivrait sa mort, tout serait facilité pour récupérer le traité.
    – Comme tout cela est simple et plaisant à entendre. Comment vous en vouloir ? Cela se résume ainsi. Un pauvre notaire inexpérimenté joue avec les deniers de ses mandants. Il se ruine. Le limier anglais, attiré par cette odeur faisandée, s’approche et propose des services aussitôt acceptés. On offre ainsi à l’ennemi les moyens et occasions de récupérer un papier qui menace au plus haut les intérêts du royaume. Ne croyez pas, monsieur, vous en tirer à bon compte. Point d’indulgence pour les ennemis de la patrie et les traîtres. Et concevez bien que vous serez jugé secrètement. Allez, qu’on l’emmène, ôtez-le de ma vue.
    Nicolas sortit de son habit une de ces lettres de cachet déjà signées auxquelles il suffisait d’ajouter la date et un nom.
    – À la

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