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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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répondu M. de Ravillois devant cette sévère mise en garde ?
    – Qu’il aviserait et rendrait compte de sa réflexion à Monsieur. Je l’ai croisé quittant cette pièce blême et les mâchoires serrées. Il détalait comme un égaré !
    – À quand, dit Bourdeau, remonte cette prise de bec ?
    – Une dizaine de jours.
    On frappait à la porte. À pas menus, Tiburce alla s’enquérir, qui revint vers Nicolas.
    – C’est maître Gondrillard, le notaire de Monsieur. Souvenez-vous qu’il était convoqué.
    Nicolas consulta sa montre. Dieu que le temps passait vite, il était déjà quatre heures.
    – Je vais le recevoir. A-t-il rencontré M. Bougard ?
    – Je le crois, monsieur le commissaire, il est au fait de la mort de monsieur.

    Le personnage qui entra dans la chambre surprit Nicolas. Son image ne correspondait pas à l’idée qu’il se faisait d’un notaire, espèce qu’il avait jadis beaucoup côtoyée. En habit gorge-de-pigeon, le col entouré d’une éblouissante cravate de dentelle, la chevelure frisée et poudrée à frimas, maître Gondrillard portait la coquetterie jusqu’à user avec un rien d’excès de la céruse et du carmin. Une certaine raideur trahissait une nature de vieux galantin. Sous la poudre, les fards, le satin, la dentelle et la soie, une cinquantaine bien sonnée perçait. Nicolas essayait d’imaginer les relations du vieillard et du tabellion. Il faudrait trouver une explication à cet appariement entre des individus si éloignés en apparence. Était-il établi sur des connivences, sur des bases communes ? Que fondait cette alliance ? Le vice ou la vertu ? Le notaire piétinait sur place, s’éventant de son tricorne et jetant des regards effarés sur le cadavre de M. de Chamberlin. Nicolas laissa se prolonger le silence qui autorisait un premier examen de l’homme à qui le défunt avait confié ses intérêts. Toujours cette première impression…
    – Mon Dieu ! Monsieur… Monsieur ?
    – Le lieutenant général de police a cru bon, au su des fonctions particulières de l’office de feu M. de Chamberlin, de m’envoyer relever les archives qu’il détenait et qui intéressent les intérêts de Sa Majesté. Puis-je apprendre à mon tour ce qui vous conduit ici, monsieur ? Monsieur ?
    – Gondrillard, notaire de M. de Chamberlin. Mon client m’avait prié de venir le rencontrer cet après-midi.
    – Et le pourquoi de cette invitation ?
    L’intéressé jeta un regard de bas en haut sur les assistants d’un air tel que Nicolas en frémit d’irritation.
    – Alors ?
    – Permettez, permettez ! Quel ton, monsieur ! De quel droit vous avisez-vous d’interroger ainsi les gens ? Les usages de ma charge, le respect des familles et la discrétion qu’il impose… Bref, je n’ai rien à vous dire et vais de ce pas me retirer, puisque mon client n’est malheureusement plus en état de m’entendre.
    – Ce serait par trop déraisonnable de votre part. Je serais vous, j’y renoncerais. Votre client est mort…
    – Certes, je le sais et le vois, d’un malheureux accident.
    – C’est en effet ce qui ressort. Je suis commissaire de police au Châtelet, magistrat, et voici mon adjoint et le médecin qui a constaté le décès. Je répète ma question.
    Maître Gondrillard fit demi-tour et se porta d’un pas décidé vers la porte. Bourdeau, plus rapide, bondit devant lui, l’air résolu et les bras croisés.
    – À votre place, dit Nicolas ironique, je ne me risquerais pas à irriter l’inspecteur. J’ai tout pouvoir pour vous contraindre, sachez-le. Toutefois, je vous crois raisonnable et j’attends patiemment votre réponse.
    – Monsieur, je me plaindrai. Mes relations sont puissantes.
    – Chanson connue et sans effet, mais libre à vous. Je me nomme Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, commissaire aux affaires extraordinaires. Alors, j’attends et pour commencer remettez-moi le
portefeuille que vous tenez sous votre bras. Sur-le-champ !
    Le ton était tel qu’après une velléité de résistance le notaire obtempéra.
    – Alors, monsieur, l’objet de cette convocation ?
    – Évoquer la situation des placements de mon client.
    Nicolas ouvrit le portefeuille. Il sut aussitôt qu’il contenait le premier testament de M. de Chamberlin, daté de septembre 1776.
    – Vous n’avez pas fait entrer votre clerc ?
    Gondrillard ne dissimula pas sa surprise.
    – Comment savez-vous qu’il est là ? Il attend

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