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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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rares.
    – Fait-il lui-même collection ? Un cabinet de curiosités ?
    – Non, monsieur, dit Melot, il s’agit d’objets provenant de la succession des parents de Mme de Ravillois.
    – Madame, qui pouvait selon vous en vouloir à votre oncle ?
    Elle soupira en remuant la tête comme si elle entendait écarter de fâcheuses visions.
    – Monsieur, j’aurai garde d’accuser quiconque. Mon oncle était parfois d’un caractère difficile… Il lui échappait des mots cruels dont il ne faisait pas mystère. Par ses fonctions de contrôleur général au cours desquelles il a eu à traiter d’affaires… délicates, bien des réputations ont été ruinées et il a dû s’attirer des haines. On vous dira aussi que des questions d’intérêt l’ont opposé à mon époux et surtout à ma belle-mère, dont l’acrimonie est sans pareille…
Mais de tout cela rien qui ne sorte de l’ordinaire d’une famille.
    Certes, pensa Nicolas, mais la chose était dite. Elle se moucha et lui jeta un regard à nouveau perdu dans le vide.
    – Madame, je me retire sans prolonger un entretien qui accroît votre peine. Nous nous reverrons à loisir. Ah !…
    Il s’approcha de l’enfant, sortit de sa poche la bille d’agate, et la lui tendit.
    – Cet objet, Charles je crois, vous appartient. Vous l’aviez sans doute perdu dans la chambre de votre grand-oncle.
    L’enfant dissimula sa tête dans les étoffes de sa mère sans répondre. Nicolas déposa l’objet sur le guéridon.
    Ils sortirent. En bas de l’escalier, M. de Ravillois les attendait.
    – Ainsi, vous en avez achevé !
    Feignait-il de croire que la thèse de l’accident prévalait ?
    – J’ose avancer que l’écho vous a sans doute averti que vous pouviez disposer du corps du défunt. Cependant, des scellés ont été apposés sur ses meubles. Sachez que l’enquête va se poursuivre afin de déterminer comment et par qui votre oncle par alliance a été assassiné. Jusqu’à sa conclusion, et par égard pour votre famille et sa réputation, nous entourerons nos nécessaires recherches de la plus totale discrétion. En contrepartie, vous voudrez vous livrer sans opposition aux investigations qui vont se poursuivre ici et ailleurs.
    M. de Ravillois opposa un front serein à ces propos. Il les salua sans les commenter. Son léger sourire déplut fort à Nicolas. Dans la rue des
Mathurins, il consulta sa montre ; il était déjà six heures. La faim soudain le tenailla. Il regarda Bourdeau qui, devant sa mine, éclata de rire.
    – Oh ! La belle figure de loup affamé. Si j’en crois mon propre cas, il convient d’envisager au plus vite. J’ai bien une idée… Si nous allions chez Ramponeau ?
    – Ramponeau ? À la Courtille ?
    – Non, aux Porcherons.
    – C’est vrai qu’il est maître de deux établissements. L’idée est bonne. J’espère seulement qu’il n’y aura pas trop de presse. Tu sais que le lundi tout un peuple prolonge le dimanche, et du plus agité.
    – Il n’en est pas de plus querelleur que dans ces faubourgs.
    – Tiens donc, te voici critiquant le peuple !
    – On ne doit lui disputer ses droits, mais il doit respecter ses devoirs. Sinon il faut les lui imposer.
    – Que voilà une bien romaine sentence ! Quelle différence avec le pouvoir monarchique ?
    – Que dans mon esprit, c’est le peuple qui est souverain et impose la force de la loi. La violer, c’est se dresser contre la volonté souveraine.

    Ils empruntèrent la rue de la Chaussée d’Antin, pénétrant plus avant dans le faubourg, puis, à main droite, la rue Saint-Lazare. Au moment où ils parvenaient près de Notre-Dame de Lorette pour remonter la rue des Martyrs, leur voiture ralentit et se vit soudain environnée d’une foule grondante et gesticulante. Elle s’arrêta au milieu d’une troupe de mendiants, chiffonniers, revendeurs, qui parlaient et criaient. Nicolas baissa la glace pour voir ce qui se passait. Il nota la présence d’ouvriers et de beaucoup d’hommes et de femmes pris de boisson. Il repéra aussi sous le porche d’une maison une mouche qu’il
connaissait et qui surveillait la scène. Un homme en tablier de savetier qui braillait s’approcha.
    – Mon ami, dit Nicolas, Quelle est l’origine de ce tumulte ? La voie est-elle bloquée ?
    – Est-ce que j’ai une tête à être ton ami, mon bourgeois ? Tu vas passer ton chemin et vite, sinon…
    Une vieille femme toute de noir vêtue s’approcha et à

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