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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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étrangers. Excusez-le !
    Ils pénétrèrent dans une grande pièce qui donnait par deux croisées sur la rue Montmartre. Les meubles, d’un autre siècle, n’auraient pas dépareillé
la chambre de M. de Chamberlin. Il les fit asseoir sur deux fauteuils de cuir de Cordoue qui perdaient leur crin. Des piles de papiers et de livres encombraient l’espace. Le vieil homme les désigna.
    – À dire vrai, je poursuis mon travail, tout honoraire que je suis, comme M. de Chamberlin d’ailleurs. Bon ! Quelle nouvelle !
    Il s’éclaircit la voix.
    – La vieillesse est d’autant plus lourde qu’elle nous prive peu à peu de tous nos amis. Avec qui désormais évoquerai-je les souvenirs d’antan ? Il ne me reste plus qu’à m’enfoncer dans le silence. Et quand je dis amis…
    Un moment les policiers respectèrent sa réflexion.
    – Mais, messieurs, comment se fait-il que ce soit vous qui m’apportiez cette funeste annonce ? Y a-t-il un lien entre vos fonctions et la mort de M. de Chamberlin ?
    – Je vois, monsieur, que votre esprit est demeuré fort vif ! J’ai le regret de vous dire qu’il y a apparence et soupçon que ce décès soit le triste résultat de manœuvres meurtrières dont nous sommes chargés de démêler les trames.
    – Je n’en crois pas mes oreilles. Comme cela s’est-il fait ?
    – Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?
    – Quel jour sommes-nous ?
    – Mercredi, septième de juin, dit Bourdeau.
    Patay compta sur ses doigts et réfléchit.
    – Cela est net. Il y a tout juste une semaine.
    Le chat apparut et se frotta à Nicolas, en poussant des petits cris amoureux.
    – Cardinal ! Vous oubliez vos vœux. Monsieur, je suppose que vous possédez une chatte ? Notre prélat vous traite avec tant d’affection.
    – C’est la vérité. Et cette dernière rencontre ?
    – Il était semblable à lui-même. Un peu fatigué, certes, mais toujours dominant le sujet de cet esprit caustique dont il détenait l’original. Il critiquait le siècle sur tout et rien. En vérité, il fallait avoir commerce avec lui depuis longtemps pour déceler le fond de bonté qu’il pouvait réserver à certains… dont j’avais, je crois, l’honneur d’être… C’est pourquoi j’ose user du mot ami que je n’aurais pas osé hasarder en sa présence.
    – Et selon vous, à qui réservait-il ses affections, pour dissimulées qu’elles fussent ?
    Il les interrogea du regard.
    – Vous connaissez sans doute sa famille ? Un ensemble bien désordonné ! Il aimait sa nièce, tout en déplorant sans relâche son peu de caractère… Il aurait souhaité qu’elle montrât plus de fermeté à l’égard d’un mari volage et dispendieux. Surtout, il adorait Charles, son petit-neveu. L’enfant est la tête de turc de sa grand-mère qui le houspille sans cesse, de son aîné qui le bouscule et de son père qui ne lui marque qu’indifférence et éloignement. Et il y avait Tiburce aussi…
    – Des raisons pour justifier cette curieuse conduite à l’égard du cadet ?
    – Il est un peu contrefait et chétif, une gêne à la hanche. Pourtant je le juge délicat et intelligent. M. de Chamberlin en jugeait ainsi, ne cessant de s’étonner de sa maturité et de sa curiosité. Cet enfant passait une partie de son temps dans la chambre de son grand-oncle. Reste… Non, rien. Une impression…
    – Êtes-vous informé du contenu du testament de votre ami ?
    – Oh ! Ami ? Vous savez ce qu’il faut en penser. Bien qu’à peine plus jeune que lui, il m’avait fait l’honneur et la confiance de me désigner comme son exécuteur testamentaire. Pour le détail de la chose, je l’ignorais et ne m’en souciais guère.
    – En espériez-vous quelque chose ?
    – Point du tout ! Je n’ai pas de famille et peu de besoins. C’est sans doute pourquoi il m’avait choisi.
    – A-t-il depuis évoqué avec vous ce testament ?
    – Rien pendant des années. Toutefois il est exact que, la semaine passée, il a évoqué sa volonté d’en modifier la teneur. Pour la première fois, j’ai appris que sa nièce devait hériter de sa fortune, mais…
    – Mais ?
    – … que, las de la faiblesse de celle-ci, il penchait pour tout laisser à son petit-neveu.
    – Cela changeait-il quelque chose ?
    – Mais tout ! Dans le premier cas, M. de Ravillois se saisirait aussi de la gestion de l’héritage de sa femme comme il l’avait fait pour celui des beaux-parents. Dans

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