Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
devait toujours aller par trois. Est-ce pour cela qu’il m’a offert ce porte-pinceaux ?
    – Un homme de strictes habitudes. Vous semble-t-il possible que M. de Chamberlin eût pu tolérer que les livres de sa bibliothèque demeurassent en désordre ?
    – Impossible, monsieur le commissaire, impossible ! Il n’y supportait aucun dérangement. Parfois il se plaignait que son petit-neveu n’ait pas toujours à ce sujet les égards indispensables pour ses vieux compagnons.

    Lorsqu’ils se retrouvèrent rue Montmartre, ils demeurèrent un moment sans parler à digérer tout ce qu’ils venaient d’entendre.
    – Ma foi, dit Bourdeau. Cela se résume en une phrase. Un vieil homme atrabilaire, détenteur de secrets, haï par une partie de sa famille et qui aimait la symétrie.
    – Voilà qui est bien dit ! Il y a aussi un désordre de livres inexpliqué et il nous manque deux vases.
    – Voilà qui est parler vrai. Il nous faudra les retrouver. Nous n’avons pas remarqué cela hier. Que sont-ils devenus ?
    – Sans doute enlevés comme les papiers qui se trouvaient sur la cheminée. Pourtant point de traces sur le bureau. Les avait-on effacées ?
    – Tu as examiné le théâtre comme moi. Nous avions noté l’absence de poussière. Attention ! Prends garde !
    Une voiture les frôla au grand galop. Au passage, le cocher lança une injure en faisant claquer son fouet.
    – Encore un de ces écraseurs à armoiries timbrées ! s’exclama Bourdeau, pâle de fureur.
    – Allons Pierre, comme si tu n’y étais pas accoutumé ! Nos rues sont périlleuses et les équipages des plus arrogants. Soudain j’y songe… Mais oui ! Si nous n’avons pas trouvé de traces des deux vases sur la cheminée c’est sans doute qu’ils servaient à maintenir les deux documents volés. Des presse-papiers en quelque sorte ! Ainsi seules les empreintes de ces derniers demeuraient visibles. C’est l’évidence.
    – Tu as raison. Mais qui les a dérobés ? S’agit-il de la même personne que pour les papiers ?
    Ils avançaient avec prudence, réfugiés le long des maisons de la rue Montmartre. Nicolas consulta sa montre.
    – Il faudra y réfléchir. Trouvons vite une voiture. Nous allons faire visite à M. de Besenval. Peut-être en apprendrons-nous davantage de ce témoin. Il était présent au souper de la rue des Mathurins.
    D’un cri Bourdeau arrêta un berlingot 21 en maraude. Ils s’y installèrent.
    – Rue de Grenelle, à l’ancien hôtel Chanac de Pompadour 22 , et au plus vite.
    – On s’y efforcera, monsieur, si l’embarras n’est point trop grand pour traverser la rivière.
    – J’admire ta science, dit Bourdeau. Tu as toutes les adresses en tête ?
    – Peuh ! C’est notoire ! Besenval est célèbre pour avoir acquis cet hôtel où il a bâti et rebâti pour pou
voir installer sa collection de tableaux. M. de La Borde m’en a souvent parlé. Notre Patay s’est retenu sur Tiburce, au point de s’en mordre les lèvres. Étrange !

    La traversée du Pont-au-Change fut laborieuse, mais une fois sur la rive opposée le parcours fut plus aisé. À l’hôtel de Besenval, un laquais en livrée et perruque poudrée les accueillit avec une politesse glacée. On les fit attendre un long moment. Ils furent enfin conduits dans un salon de compagnie où un homme de haute taille, portant beau, accoudé à une cheminée de marbre brèche, les regarda entrer sans un mouvement. La pièce meublée de bergères et de fauteuils surprenait par ses murailles revêtues du sol au plafond de dizaines de tableaux richement encadrés que Nicolas, amateur à sa façon, jugea appartenir aux écoles flamande, italienne et française. L’hôte s’inclina avec courtoisie.
    – Monsieur le marquis, je suis heureux de vous revoir. Je croise souvent chez la reine le petit Ranreuil , le second. Je vous en fais mon compliment. Comme vous-même d’ailleurs, il me fait souvenir de votre père. Belle lignée !
    Nicolas s’inclina et présenta Bourdeau. Le baron s’installa dans une bergère, lissa son justaucorps grenat et sa culotte de satin gris, et les invita à s’asseoir.
    – M. de La Borde, notre ami commun, m’a souvent conté vos mérites et vos glorieuses aventures… sur terre et sur mer. L’art nous a rapprochés. Il nourrit pour vous une véritable dévotion qui vous honore tous les deux. Quel est l’objet de votre visite ? Connaissant vos talents, je présume qu’elle a un lien

Weitere Kostenlose Bücher