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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Permettez d’abord que je rende compte au lieutenant général de police sous l’autorité duquel je sers. Lorsque vous exerciez ces fonctions, vous n’auriez pas toléré d’autres façons d’agir.
    Sartine, pourpre mais coi, s’accouda à la tablette de la cheminée.
    – Jeté dans une affaire dont nous connaissons tous le détail et le délicat, je constate qu’à l’hôtel de Ravillois chacun s’attache à mentir, même le domestique. Tous ont quelque motif de souhaiter la disparition de M. de Chamberlin. Il appert également que le dernier testament, disparu, fonde le soupçon qu’il a été soustrait. Enfin, on peut supposer que des documents liés aux fonctions d’État du vieux Chamberlin pourraient avoir été dissimulés par lui-même, ou déjà volés. Dans ces conditions une perquisition s’imposait au plus vite en profitant de l’absence de la famille, en Champagne pour les obsèques.
    Sartine finit par éclater.
    – Et vous, hurla-t-il tendant un doigt vengeur vers Le Noir, ne pouviez-vous empêcher cette folie ? Il faudrait de temps à autre que les écailles vous tombent des yeux !
    – Le lieutenant général de police n’en avait point été informé au préalable. Ceux qui m’ont précédemment employé m’ont toujours incité, dans les affaires extraordinaires que je traite, à ne les point compromettre en les rendant détenteurs de ces projets-là !
    – Vous avez vraiment réponse à tout ! Reconnaissez que vous avez perdu le sens commun en agissant ainsi. Fracturer un domicile privé. Un contrôleur général de la Marine ! Un fermier général. Le Noir, il faut reprendre la main et ne point vous laisser mener à la lisière par ce…
    – Commissaire au Châtelet, monseigneur, à qui naguère vous ordonnâtes bien plus. Vous trouvez bon de juger ma conduite condamnable, mais le secret de mener sa barque à bon port au milieu de tous les orages et bourrasques que vous déclen
chez ? Sachez qu’en toute occasion, je ne consulte que le bon sens, la probité et les intérêts du roi. La mort sans doute machinée de M. de Chamberlin dont il demeure séant de taire, pour le moment, la perspective n’autorisait pas une perquisition en forme.
    – Le pire, Le Noir, le pire c’est qu’avec lui il y a toujours un sanglant carnage à la clé. Un homme a été tué. Le soupçon peut se porter sur vos policiers. Mesurez-en les conséquences !
    – Je crains, monseigneur, que vous soyez mal informé. La nouvelle trop pressée de vous joindre est erronée. Il y a deux morts.
    – Deux morts !
    – Certes. Un homme tué d’un coup d’épée et Tiburce, le vieux valet de M. de Chamberlin.
    – Assassiné ? demanda Sartine que la nouvelle parut surprendre.
    – Les apparences incitent à le supposer. L’ouverture nous en dira davantage. Que ne venez-vous y assister ?
    – Fi de vos macabres distractions ! Et l’autre, quel est-il ?
    Nicolas estima le moment venu de porter une botte à l’italienne, son intuition lui disant que, pour une fois, il jouait avec Sartine en disposant d’un coup d’avance. Le ministre semblait avoir été mis au fait de bien incomplète manière. Il fallait se ruer dans cette faille-là.
    – Rue des Mathurins, nous avons croisé votre homme. C’était pour moi une vieille connaissance souvent rencontrée à Versailles. Me voyant, il m’a confié l’objet de sa mission, persuadé que notre présence venait la renforcer.
    – L’imbécile ! éructa Sartine de nouveau en mouvement.
    – Je suis heureux, monseigneur, que vous reconnaissiez vos gens et ce pourquoi vous les mandatez. J’ignore qui vous a rapporté les faits survenus aux Porcherons, mais ce fut inexactement. Trop vite, trop mal fait ! Au fait, compliments pour le faux. Il était d’une qualité !
    – Je distingue dans vos propos d’étranges sous-entendus. Que signifie ce galimatias ?
    – Que vous avez envoyé un homme du secret rue des Mathurins. Sachez que le rapport qu’on vous a rendu est infidèle tout autant que le conte que je viens de vous faire. Reste, comme le remarquerait un ami commun, que le faux conduit souvent au vrai.
    – Que me chantez-vous là ?
    – Votre homme, qu’au passage nous n’avons rencontré qu’occis, a été tué par un inconnu qui auparavant avait mis à sac l’appartement de M. de Chamberlin, y recherchant quelque chose qu’il a découvert, ou non. J’insiste, ou non . Je serais aise – et vous aussi,

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