L'Ile du jour d'avant
roues en pérennes cycles accommodées voir, que les Calendriers de Jules et de Grégoire représentent, et quand tombent les dimanches, et l’Epacta, et le Cercle Solaire, et les Fêtes Mobiles et Pascales, et nouvelles lunes, pleines lunes, quadrature du Soleil et de la Lune. Dans le secundus Cubilatère, id est das Cosmigraphicum Spéculum, in primo loco il faut un Horoscope avec lequel donnée l’heure de Malte courante, quelle heure est dans le reste de notre globe trouver on peut. Et tu trouves une Roue avec deux Planisphères, dont un montre et enseigne de tout le Premier Mobile la scientie, le second de la Huitième Sphaere et de les Etoiles Fixes la doctrine, et le mouvement. Et le flux et le reflux, en somme la décroissance et l’accroissement des mers, par le mouvement de la Lune dans tout l’Univers agitées… »
Ce côté était le plus passionnant. À travers lui, on pouvait connaître cet Horologium Catholicum dont on a déjà parlé, avec l’heure des missions jésuitiques sur chaque méridien ; en outre, il paraissait pouvoir remplir les fonctions d’un bon astrolabe, dans la mesure où il révélait aussi la quantité des jours et des nuits, l’altitude du soleil avec la proportion des Ombres Droites, et les ascensions droites et renversées, la quantité des crépuscules, la culmination des étoiles fixes, chaque année, chaque mois et chaque jour. Et c’était en essayant et en essayant encore sur ce côté que le père Caspar avait acquis la certitude d’être enfin sur le méridien antipode.
Il y avait ensuite un troisième côté qui contenait dans sept roues l’ensemble de toute l’Astrologie, toutes les futures éclipses du soleil et de la lune, toutes les figures astrologiques pour les temps de l’agriculture, de la médecine, de l’art nautique, avec les douze signes des demeures célestes et la physionomie des choses naturelles qui dépendent de chacun des signes, et la Maison correspondante.
Je n’ai pas le cœur de résumer tout le résumé de Roberto, et je cite le quatrième côté, qui aurait dû dire toutes les merveilles de la médecine botanique, spagirique, chimique et hermétique, avec les médicaments simples et les composites, tirés de substances minérales ou animales et les « Alexipharmaca attractiva, lenitiva, purgativa, mollificativa, digestiva, corrosiva, conglutinativa, aperitiva, calefactiva, infrigidativa, mundificativa, attenuativa, incisiva, soporativa, diuretica, narcocica, caustica et confortativa ».
Je n’arrive pas à expliquer, et j’invente un peu, ce qui se passait sur le cinquième côté, pour ainsi dire le toit du cube, parallèle à la ligne de l’horizon, qui se disposait, semble-t-il, comme une voûte céleste. Mais on mentionne aussi une pyramide, qui ne pouvait pas avoir la base égale au cube, sinon elle aurait couvert le cinquième côté, et qui sans doute plus vraisemblablement recouvrait le cube entier telle une tente, mais alors elle aurait dû être d’un matériau transparent. Il est certain que ses quatre faces auraient dû représenter les quatre régions du monde, et pour chacune d’elles les alphabets et les langues des différents peuples, y compris les éléments de la primitive Langue Adamique, les hiéroglyphes des Egyptiens et les caractères des Chinois et des Mexicains, et le père Caspar la décrit comme une « Sphynx Mystagoga, un Œdipus Aegyptiacus, une Monas Ieroglyphica, une Clavis Convenientia Lingarum, un Theatrum Cosmographicum Historicum, une Sylva Sylvarum de tout alphabet naturel et artificiel, une Architectura Curiosa Nova, une Lampade Combinatoria, une Mensa Isiaca, un Metametricon, une Synopsis Anthropoglottogonica, une Basilica Cryptographica, un Amphiteatrum Sapientiae, une Cryptomenesis Patefacta, un Catoptron Polygraphicum, un Gazophylacium Verborum, un Mysterium Artis Steganographicae, une Arca Arithmologica, un Archetypon Polyglotta, une Eisagoge Horapollinea, un Congestorium Artifkiosae Memoriae, un Pantometron de Furtivis Literarum Notis, un Mercurius Redivivus, un Etymologicon Lustgârtlein !
Que tout ce savoir fût destiné à demeurer leur apanage privé, condamnés qu’ils étaient à ne plus jamais retrouver le chemin du retour, cela ne tracassait pas le jésuite, grâce à sa foi en la Providence ou à son amour de la connaissance fin en soi-même, je ne sais. Mais ce qui me frappe c’est qu’à ce moment-là même Roberto n’ait pas conçu une seule pensée
Weitere Kostenlose Bücher