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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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cette raison la décide, que Sissi, justement parce qu’elle est jeune, sera beaucoup plus facile à former, à manier, à diriger qu’Hélène. Or, quand il s’agit de commander à son fils ou à sa bru, l’archiduchesse rendrait des points à n’importe qui 1 .
    La demande officielle a donc lieu. Elle est naturellement agréée par Ludovica, trop heureuse de marier à l’empereur l’une de ses filles, même si ce n’est pas celle à laquelle elle a pensé tout d’abord. Le 19 août, elle télégraphie au duc Max en Bavière : «  Kaiser verlangt Sissis Hand und deine Einwilligung...  » (« L’empereur demande la main de Sissi et ton consentement »). La main de Sissi ? C’est une erreur, pense le duc ; il s’agit d’Hélène... Il fait donc répéter la dépêche : c’est bien la main d’Élisabeth que sollicite François-Joseph ! Celle-ci est bouleversée, Hélène profondément troublée, Charles-Louis cache son chagrin, l’archiduchesse Sophie enrage, Ludovica soupire, François-Joseph est fou de joie : il lui semble n’avoir jamais aimé, il va de ravissement en extase. Sissi, mille fois plus jolie encore qu’il ne le supposait, monte divinement à cheval ! Le 24 août, la Wiener Zeitung publie la nouvelle : « Sa Majesté impériale et royale... l’empereur François-Joseph I er s’est fiancé... à Ischl... avec la princesse Élisabeth, Amélie, Eugénie, duchesse en Bavière... »
    Le futur couple impérial fait fureur dans tout l’empire. À présent, surgissent comme par enchantement des portraits de la fiancée impériale. Tout le monde sait que le souverain l’a choisie lui-même. Le public est très curieux de voir quel air a la jeune fille qui s’est attachée si vite, si délibérément et si complètement le premier personnage de l’empire, François-Joseph I er , empereur d’Autriche, roi apostolique de Hongrie, roi de Bohême, de Dalmatie, de Croatie, d’Esclavonie, de Galicie, de Lodomérie et d’Illyrie, roi de Jérusalem, archiduc d’Autriche, grand-duc de Toscane, de Cracovie, duc de Lorraine, de Salzbourg, de Styrie, de Carinthie, de Carniole et de Bucovine, grand-prince de Transylvanie ; duc de Haute-Silésie, de Modène, de Parme, de Plaisance et de Guastella, d’Auschwitz et Zator, de Teschen, Frioul, Raguse et Zara, margrave de Moravie, de la Haute et Basse-Lusace, de l’Istrie, comte et prince de Habsbourg et Tyrol, de Kybourg, Goritz et Gradisca, prince de Trente et Brixen, comte de Hohenems, Feldkirch, Bregenz, Sonnenberg, grand voïvode de Serbie, Majesté impériale et royale !
    La fiancée demeure un mois auprès du jeune empereur. Les témoins de l’époque attestent que cette brève période est le vrai printemps de sa vie, un espace de bonheur sans mélange, où, libéré du poids de toute dignité, il ne respire que l’amour. Sissi croit vivre un rêve. Les brèves entrevues qu’elle a eues autrefois avec son cousin ne lui en ont pas dit plus long que ses portraits : il était pour elle le jeune lieutenant qui deviendrait un jour empereur. Maintenant, elle a devant elle quelqu’un capable de rire, de s’amuser, d’être un homme, et même un gamin. Impérial lorsqu’il s’adresse aux autres, il use avec elle du ton le plus simple. Il a du charme : la vivacité de ses mouvements et ses grands yeux bleus lui donnent un air plus jeune qu’il n’est. Les fiancés vivent les derniers jours du mois d’août dans un bonheur sans nuage. Sissi commence à s’habituer à sa nouvelle situation et, s’il lui arrive souvent d’être prise d’un peu de crainte et de tristesse, surtout aux heures de solitude, elle se réjouit du bonheur de son fiancé, qu’elle séduit chaque jour davantage. La moindre de ses paroles lui semble spirituelle, juste, avisée, exquise. À toute heure, lui découvrant un nouveau charme, il se montre fou de joie.
    Un tel bonheur éclate sur son visage. Un jour où il se rend à la messe avec Élisabeth, il annonce au prêtre : « Voici ma fiancée, bénissez-nous ! » Au cours d’une promenade, il enlève sa grande cape pour l’envelopper : « Dieu ! que tu es belle ainsi ! » s’exclame-t-il. En août 1853, les témoins oculaires voient dans les fiançailles impériales – comme l’écrira le comte Hübner – « une idylle toute simple, pleine de charme et de noblesse ».
    Seul bémol à cette atmosphère de liesse : la mère de la fiancée. La duchesse Ludovica se fait un tel

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