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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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Elle reçoit ce qu’elle pense être un coup.
    Comme si la foudre l’avait frappée, elle s’affaisse sans bruit. « Il ne faut pas faire de rassemblement », dit-elle. D’un suprême effort, elle se remet debout. Sa petite tête se redresse noblement... Elle marche droit jusqu’au quai, franchit la passerelle... monte à bord. Déjà, le bateau est en route, vers quel rivage ? La comtesse, devant la pâleur de l’impératrice, pousse un cri d’effroi : « Majesté ! » Élisabeth tombe dans les bras de sa compagne. « Sa Majesté est blessée ! » s’écrie la comtesse. Précipitamment, le capitaine Roux ramène le bateau vers Genève. Mme Dardel, une passagère, imbibe d’eau de Cologne un morceau de sucre et l’introduit entre les lèvres d’Élisabeth. Un frais zéphyr s’élève du lac. Les paupières d’Élisabeth palpitent puis s’entrouvrent. « Merci », murmure-t-elle. La comtesse Sztaray, agenouillée, la soutient contre elle. Elle scrute ses traits avec une extrême attention et prie pour lui obtenir la miséricorde divine. Les yeux d’Élisabeth cherchent le ciel, restent fixés sur les montagnes et, de là, glissent lentement vers Irma pour se graver à jamais dans sa mémoire. « Que m’est-il donc arrivé ? » Ce sont ses dernières paroles ; après quoi elle tombe en arrière, sans connaissance. Irma ôte de son cou la médaille de la Congrégation de Marie, la dépose sur son coeur et prie la Sainte Vierge de préparer son âme pour le grand voyage.
    L’impératrice est à l’agonie. « C’est la fin », soupire Irma. Une fois le bateau amarré, Sissi est déposée sur un brancard de fortune que six hommes soulèvent. « Avant que nous nous mettions en route, je la couvris de son grand manteau noir. L’agonie était douce, sans le moindre signe de lutte, mais, à un moment, l’impératrice manifesta une certaine agitation en tournant la tête de côté. Un monsieur avait ouvert son ombrelle blanche et lui protégeait le visage. Une foule intriguée s’était amassée en voyant le bateau revenir car elle pressentait un malheur. Ce triste retour sur des lieux que l’impératrice avait quittés à peine une heure plus tôt, avec un bel entrain, était déchirant », écrit sa dame d’honneur.
    À l’hôtel, un prêtre parvient à lui administrer l’extrême-onction, et à 14 h 40 le médecin à son chevet décrète qu’elle est morte. On ouvre l’artère du bras gauche ; il n’en sort pas une goutte de sang. Les praticiens quittent alors la chambre. Bientôt se présentent le médecin des morts et quelques fonctionnaires de l’État. « Vous savez, dit-on à la comtesse Sztaray, que toutes vos déclarations sont faites sous la foi du serment. » La loi exige une autopsie. Des dépêches sont envoyées à Vienne. Un appel téléphonique parvient à Territet : le général Berzeviczy, qui était descendu de Caux pour attendre au bateau l’impératrice, apprend brusquement l’affreuse nouvelle. C’est ainsi que Sissi paie de sa vie la folie anarchiste et meurtrière de son époque, prémonitoire de la Grande Guerre.
    La nouvelle de son assassinat fait passer un frisson d’indignation à travers le monde. Sur toutes les lèvres, dans tous les coeurs vibre la poignante exclamation de François-Joseph au comte de Liechtenstein : « C’est impossible ; comment un homme a-t-il pu porter la main sur elle, qui, pendant toute sa vie, n’a jamais fait souffrir personne et n’a fait que du bien ? » Le vieil empereur murmure : « Rien ne me sera donc épargné sur cette terre. » Les témoignages de sympathie affluent de tous les points du globe ; les fleurs qu’Élisabeth a tant aimées, des roses et des oeillets, ses fleurs de prédilection, recouvrent le lit sur lequel elle repose. De France, d’Angleterre, d’Irlande, d’Allemagne, de Belgique, de Roumanie, de Grèce, arrivent des couronnes.
    Bientôt, une commission officielle se présente à l’hôtel car une enquête minutieuse est ordonnée. Puis, l’évêque de Fribourg, accompagné d’ecclésiastiques et de religieuses, vient se recueillir auprès de l’impératrice. Le soir, on place le corps dans un cercueil provisoire. Jusqu’à minuit, la dévouée comtesse Sztaray veille. L’après-midi du lendemain – le dimanche 11 septembre –, on procède à l’autopsie. Pour s’assurer de l’endroit précis de la blessure, les médecins brisent la cage thoracique. Le coup

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