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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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attitré, puis, hélé par un groupe de clients, il le quitta à regret. Sa mère, au contraire, s’attarda. Elle poussa un soupir.
    — Tu te fais de plus en plus rare, mon grand.
    — J’ai du travail, maman.
    — Tu penses revenir un jour chez nous ? C’est toi qui reprendras la boutique quand nous serons vieux.
    — Alors, ce n’est pas pour demain. Vous n’avez jamais été plus jeunes tous les deux.
    — La vieillesse vient plus vite que tu ne crois.
    Elle soupira de plus belle.
    — Je ne comprends pas comment tu peux rester chez ces gens-là.
    « Ces gens-là » : M me  Gemellus n’avait jamais appelé autrement l’empereur Néron et son entourage. Non qu’elle éprouvât la moindre hostilité à leur égard, mais, pour elle, chacun devait rester à sa place, les gens du peuple avec les gens du peuple, les marchands avec les marchands, les courtisans avec les courtisans. Elle n’avait toujours pas admis l’événement fortuit qui avait conduit son fils à la cour. Lucius lui sourit.
    — J’y reste parce que je m’y plais. Quand ce ne sera plus le cas, je partirai.
    — Au moins, fais attention. Ne t’approche pas des personnages importants. Ils sont dangereux, même s’ils ont l’air bien intentionné. Promets-le-moi !
    Lucius se garda bien de lui dire qu’il venait d’être brusquement précipité dans l’intimité de l’empereur.
    — N’aie crainte, maman. Maintenant, je dois te quitter. J’ai du travail.
    — Tu vas encore interroger des gens pour ton Tigellin ?
    — Oui, c’est cela.
    — Quand reviendras-tu ?
    — Bientôt, je te le promets.
    Lucius l’embrassa sur les deux joues, envoya de loin un grand salut de la main à son père, qui était en train de s’esclaffer avec un groupe de clients, et s’en alla d’une démarche rapide. Il ne s’agissait pas d’être en retard à la synagogue…
    Il prit la direction du Tibre, cette fois sans s’attarder à contempler le décor environnant. Il approchait du fleuve, lorsqu’il eut un geste qu’il ne faisait jamais : il se retourna. Était-ce parce que le préfet du prétoire lui avait conseillé de se méfier ? Était-ce simplement l’instinct ? Il n’aurait su le dire. Toujours est-il qu’il vit, à une vingtaine de pas derrière lui, un groupe de quatre individus au physique impressionnant. Il les avait remarqués tandis qu’il parlait avec sa mère. Ils discutaient un peu plus loin, devant une boutique de vêtements. Il pouvait s’agir d’une coïncidence. Pour en avoir le cœur net, il se remit en marche pendant quelque temps, puis s’arrêta devant l’étal d’un cordonnier, feignant d’être intéressé par les chaussures. Il se retourna discrètement : les quatre hommes s’étaient arrêtés aussi devant un autre commerçant. Il n’y avait pas de doute, il était suivi.
    Il reprit sa route, sans se presser, pour ne pas donner l’éveil, mais dans son esprit, les pensées se bousculaient. Qu’est-ce que cela signifiait ? Les chrétiens ou bien leurs adversaires étaient-ils déjà au courant de ses intentions ? Cela semblait invraisemblable. Mais alors qui ? Car il ne s’agissait pas de simples malfaiteurs. Ces gens le suivaient, soit pour savoir où il allait, soit pour se débarrasser de lui quand il se trouverait dans un endroit isolé. Et, à la réflexion, vu leur nombre et leur physique, c’était cette dernière hypothèse la plus probable. De toute manière, dans un cas comme dans l’autre, il devait les semer.
    La chose ne posait pas de problème dans cet environnement particulier qu’était Rome. En effet, en dehors des rues principales, qui n’étaient pourtant pas bien larges, il n’y avait pour ainsi dire pas de voie. De part et d’autre, c’était un entassement invraisemblable de constructions, depuis des grands immeubles jusqu’à des cabanes en bois, en passant par des hangars, d’anciens bâtiments publics transformés en campements de fortune, des autels délabrés dédiés à des dieux oubliés. Seuls les habitants du quartier y venaient, les autres s’y seraient immanquablement perdus. Lucius Gemellus n’avait donc qu’à obliquer à droite ou à gauche pour se mettre hors de portée de ses poursuivants. Il risquait lui-même de s’égarer, mais au moins il serait débarrassé d’eux. Il décida pourtant de n’en rien faire, car agir ainsi

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