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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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aurait été leur révéler qu’il les avait repérés. Il préféra attendre une circonstance favorable, qui lui permettrait de s’éclipser sans se faire remarquer et continua son chemin.
    Une musique très rythmée s’élevait un peu plus loin, ce qui le fit sourire… Il avait reconnu les musiciens ambulants de Cybèle. Une fois par mois environ, le clergé de la déesse parcourait les rues pour quêter, ce qui créait toujours une vive animation et des attroupements. Il allait essayer d’en profiter.
    Peu après, il était sur place. Les prêtres eunuques de Cybèle, qui s’étaient émasculés le jour du Sang, la principale fête de leur religion, dansaient en se tailladant les bras avec des épées à lame recourbée. Ils étaient habillés d’une longue robe safran. Leurs cheveux, teints en blond pâle, étaient retenus par une résille. Ils étaient fardés, avaient du rouge aux lèvres et les yeux faits. Autour d’eux, des jeunes filles vêtues de robes presque transparentes, au visage enduit de plâtre, jouaient du sistre, du tambourin et de la flûte, tandis que des vieillards tenant une branche de laurier et une corbeille passaient pour recueillir les oboles.
    Lucius ne put s’empêcher de remarquer l’attitude du public. Les gens entouraient avec sympathie les prêtres et leurs assistants, frappaient la mesure avec les mains, leur criaient des encouragements, et la plupart donnaient généreusement dans les corbeilles, alors que trois jours plus tôt, les mêmes vociféraient contre les nouvelles religions et détruisaient la tribune impériale en criant : « À mort Cybèle ! » Mais ce n’était pas pour le surprendre, les foules sont versatiles, il le savait depuis longtemps.
    Il était en train de se demander à quel moment il allait s’éclipser, lorsqu’un nouvel incident survint de la manière la plus opportune pour lui. Dans sa danse frénétique, l’un des prêtres heurta le brasero d’un marchand de saucisses et le fit si malencontreusement que des braises tombèrent sur les bottes de paille d’un vendeur de fourrage. Le résultat fut immédiat : une gerbe de flammes s’éleva, provoquant une panique générale. Tout le monde s’égailla dans tous les sens et la cohue était telle que Lucius se trouva hors de vue de ses poursuivants. Il en profita pour courir droit devant lui. Lorsqu’il se retourna, ils avaient disparu. Il reprit une démarche normale et, peu après, franchissait le pont Sublicius, qui donnait accès au quartier de Transtevere.
    Si les services du préfet du prétoire ne l’avaient renseigné avec précision, il aurait eu bien du mal à découvrir la synagogue. Rien, en effet, ne la distinguait du reste. Il s’agissait d’une modeste construction de briques abritée sous un figuier géant, au fond d’une cour délimitée par plusieurs immeubles de cinq étages. Lucius Gemellus se fit la réflexion que les juifs ne mettaient guère de soin pour construire leurs lieux de culte, mais c’était peut-être une question de prudence.
    Comme il approchait, il se rendit compte qu’il n’était pas le seul à marcher dans cette direction. Les membres de la communauté juive se dirigeaient vers le bâtiment. C’étaient de pauvres gens, sans doute des employés des nombreuses tanneries alentour ou des portefaix déchargeant les marchandises sur les bords du Tibre. Ils étaient accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants. Ils se connaissaient tous et se saluaient joyeusement. Mais Lucius remarqua aussi des personnes qui semblaient moins à leur aise ; elles se contentaient d’un signe de tête à l’adresse des autres et entraient rapidement dans la synagogue. Il comprit qu’il s’agissait des craignant-Dieu. Eux n’habitaient pas ici et, comme lui, avaient dû parcourir un long chemin pour venir. Il se mêla à l’un de leurs groupes, dans l’espoir de pénétrer discrètement dans le bâtiment, mais il n’en fut rien. Un homme assez âgé, aux longs cheveux gris qui dépassaient du châle couvrant sa tête, l’arrêta. Il était barbu, chose si rare dans l’Empire romain. Lucius comprit qu’il s’agissait du responsable de la synagogue, que les juifs appelaient rabbin.
    — Qui es-tu ? Je ne t’ai jamais vu.
    — C’est effectivement la première fois que je viens. Je cherche la vraie religion.
    — Tu n’as rien mangé d’interdit ?
    — Je

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