Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
Vom Netzwerk:
et les femmes, les esclaves et les hommes libres, et tous seront sauvés s’ils croient en lui.
    — Ce Christ dont tu parles, tu l’as rencontré ?
    — Oui, je l’ai rencontré.
    — Peux-tu nous dire qui tu es ?
    Tous s’étaient groupés autour de lui et, à l’ombre du figuier géant, l’homme entreprit de leur répondre. Sa voix était toujours aussi prenante. Il y avait un contraste impressionnant entre son physique chétif et la force spirituelle qui se dégageait de lui.
    — Je m’appelle Paul de Tarse. Je suis le fils d’un fabricant de tentes. Je me destinais à être docteur de la Loi et je suis allé étudier à Jérusalem. C’est là que j’ai vu les premiers chrétiens et je les ai combattus avec les autres juifs. Mais un jour que je me rendais à Damas, le Seigneur m’est apparu dans une grande lueur et il m’a dit : « Paul, pourquoi me persécutes-tu ? » Depuis, je prêche dans le monde entier la parole du Christ.
    — C’est pour cela que tu es venu à Rome ?
    — Non, j’y ai été conduit comme prisonnier. J’ai été arrêté à Jérusalem après une altercation avec les prêtres du Temple. Mais j’ai fait appel au tribunal de l’empereur, en tant que citoyen romain. Je viens de comparaître devant lui et il m’a acquitté. Alors, j’ai décidé de continuer ma prédication dans la capitale de l’Empire.
    Lucius Gemellus se félicita de l’inspiration qui lui avait fait choisir cette synagogue. Ainsi, il avait devant lui l’homme dont Tigellin lui avait parlé, sans doute un des responsables de la nouvelle religion… Paul continuait de répondre aux questions et d’exposer sa doctrine. Ses interlocuteurs, à présent, s’étonnaient et même s’indignaient que le Christ ait pu être crucifié.
    — Il n’est pas possible que ton dieu ait connu la mort des esclaves criminels !
    — Il a choisi cette manière de se sacrifier pour l’humanité. Et nous devons l’imiter.
    La réponse, visiblement, ne satisfaisait qu’à moitié ses auditeurs. La croix était un supplice infamant et ils n’arrivaient pas à associer cette image avec celle d’un dieu. L’un d’eux s’exprima sur un ton quelque peu ironique :
    — L’imiter, en quoi faisant ? En nous faisant crucifier nous aussi ?
    — En aimant, nous aussi, tous les hommes.
    — Vraiment tous ?
    — Tous. Même nos ennemis…
    Cette fois, ce fut, chez les craignant-Dieu, l’étonnement le plus complet. Il faut dire que de tels propos étaient déconcertants, voire incompréhensibles. Pour tout le monde, le bien, la morale, consistait à s’améliorer soi-même. Il fallait cultiver les vertus, maîtriser ses désirs, avoir une vie équilibrée, bref, donner la meilleure image de soi possible. Mais aller vers autrui n’avait strictement aucun sens. Lucius n’était pas moins surpris que les autres. Il se souvenait du temps, pas si lointain, où il était un de ces petits écoliers apprenant à lire et à écrire dans les rues de Rome. Il était le plus dégourdi, le plus éveillé et, pour cette raison, son maître l’avait pris en affection. C’était un philosophe et il lui avait enseigné quelques préceptes de sa doctrine. Or ceux-ci tournaient tous autour du perfectionnement de soi. Il se souvenait de la formule qu’il employait et qui l’avait marqué à jamais : « Sculpte ta propre statue. »
    Il trouvait, jusqu’à présent, qu’il n’y avait rien de plus beau comme idéal et il avait essayé, avec les moyens qui étaient les siens, de le mettre en pratique. Or voilà que ce Paul en proposait un autre : aimer les hommes. Pour l’instant, il ne comprenait pas exactement ce que cela signifiait, il comprenait seulement que quelque chose de nouveau et d’important venait de faire irruption dans sa vie… Comme il y avait un instant de silence dans la conversation, il décida d’intervenir à son tour :
    — Certains disent que vous faites des sacrifices humains et que vous mangez vos victimes.
    Paul eut un sourire.
    — Je sais que cela se dit, effectivement. On ne peut pas empêcher les gens de parler, n’est-ce pas ? Cela vient de ce que nous faisons des repas fraternels, au cours desquels nous mangeons symboliquement le corps du Christ, sous la forme du pain et du vin.
    Lucius ne fut pas étonné de la réponse. Des gens qui avaient une pareille élévation d’esprit ne

Weitere Kostenlose Bücher