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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Nahmias
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exclamations. Le plus étonnant était que beaucoup s’arrêtaient pour la lui acheter. Délia avait, tout comme ses parents, le génie du commerce. Elle vendait moins ses galettes que les quelques instants de détente qu’elle procurait à ces hommes affairés.
    Lucius n’était pas près d’elle. Il avait pensé qu’une femme seule aurait plus de succès qu’un couple auprès de cette clientèle exclusivement masculine et, surtout, il voulait prendre du recul pour la protéger efficacement. S’il avait été à ses côtés, au milieu de cette bousculade, il n’aurait pas pu voir d’où serait parti un éventuel danger. C’était pourquoi il avait pris place sur le socle d’une statue d’Auguste, d’où on avait une excellente vue sur les environs. Il faisait nuit, mais tous les charretiers avaient une torche et on y voyait à peu près distinctement. En tout cas, le temps passa sans que se produise le moindre incident.
    Au bout de plusieurs heures, il vit brusquement venir Délia. Elle s’arrêta en bas de la statue en lui montrant son panier.
    — J’ai fini ! Il en reste juste pour nous…
    Lucius la rejoignit prestement. Il avança la main pour prendre une galette, mais elle arrêta son geste.
    — S’il te plaît, je préférerais aller ailleurs.
    — Chez toi ?
    — Non, j’aurais trop peur, après ce qui s’est passé.
    — Où cela, alors ?
    — Il y a un endroit où je vais parfois quand j’ai envie d’être seule. C’est un peu mon refuge. C’est après le Champ de Mars, dans le cimetière.
    — Le cimetière !
    — Cela te déplaît ? Tu ne veux pas ?
    — Non. Je te suis.
    Il y avait toutes sortes de cimetières aux alentours de Rome, depuis des fosses communes jusqu’à ceux de l’aristocratie. Celui situé près du Champ de Mars appartenait à la seconde catégorie. Lorsqu’ils y parvinrent, c’était le petit matin. Bien entendu, les lieux, déjà peu fréquentés dans la journée, étaient déserts à cette heure. Délia le fit remarquer à Lucius :
    — Tu vois, il n’y a personne. Ici, au moins, je suis sûre de ne pas être suivie.
    Elle se dirigeait avec beaucoup d’aisance au milieu des tombes et finit par s’arrêter devant un somptueux monument funéraire en forme de temple. Une porte en bois et en bronze en défendait l’entrée, mais elle n’était pas fermée à clé et elle la poussa.
    Lucius était très intrigué. Sans oser le dire à sa compagne, il se demandait si elle n’avait pas des goûts morbides. C’est dire sa surprise lorsqu’il pénétra dans la pièce. Ce n’était pas un tombeau, mais une salle à manger ! La faible lumière matinale, qui pénétrait par la porte ouverte et une ouverture située en haut, était suffisante pour découvrir l’intérieur. Au centre, se trouvait une table de marbre encadrée par deux lits de même matière. Mais ce n’était pas tout. Le mur était décoré d’une fresque représentant également un repas. Un homme et une femme dans la force de l’âge, visiblement l’époux et l’épouse, étaient allongés devant une table chargée de victuailles et regardaient les arrivants d’un air bienveillant. À leurs pieds, un chien levait la tête pour quémander quelque nourriture… Lucius savait que, dans certains tombeaux des plus riches familles, étaient aménagées des pièces de ce genre, qui servaient à des banquets rituels aux dates anniversaires des disparitions, mais c’était la première fois qu’il en voyait une.
    Délia s’allongea sur l’un des lits de marbre, mit le panier au milieu de la table et s’empara d’une galette. Lucius s’installa sur l’autre lit et fit de même. Nullement impressionnée par le lieu où elle se trouvait, elle prit la parole d’un ton enjoué :
    — Je viens ici depuis des années. Je n’ai jamais rencontré personne et j’ai toujours trouvé la porte ouverte. Je crois que la famille le fait exprès pour offrir un refuge aux pauvres gens.
    Lucius lui désigna le couple sur le mur.
    — Tu sais qui c’est ?
    — Non. Mais je pense que ce sont leurs enfants qui ont fait faire cette peinture. Si c’est le cas, c’est qu’ils sont morts ensemble ou très peu de temps l’un après l’autre. Je me suis toujours demandé de quoi. D’un accident ? D’une maladie qu’ils auraient attrapée en même temps ? Mais j’ai fini par me dire que

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